Summer Camp ’23
Sélection d’albums estivaux, édition 2023
, le 28 juillet 2023
Comme (presque) chaque année, quand on veut bien sortir de notre torpeur, c’est le SummerCamp ! Une collection d’albums parfaits pour faire dorer son cuir de croco sous un cagnard accablant.
Arsonists - As the world burns (1999)
– Manu Makak / Black Mirror
N’exagérons rien : paru il y a une éternité, au crépuscule du vingtième siècle, cet album est bien loin d’être de ceux vers lesquels on revient à chaque nouvelle saison de sueur, d’insectes à dard volants et de consommations déraisonnables de psychotropes en tous genres. Il sonnait démodé dès sa sortie, quand nos hormones affolées l’avaient déjà mis à gauche pour plus tard – il s’apprécie mieux sous une capuche qu’en claquettes chaussettes. Et pourtant, alors même que des dizaines de courants ont depuis irrigué le rap et joyeusement perverti son esthétique originelle, il porte en lui quelque chose qui résiste à l’usure, qui dépasse la nostalgie, du moins sur quelques titres suspendus hors du temps. Entendu à la radio il y a peu : « Chaque génération se pense suffisamment importante pour se croire la dernière. ». Jolie résonance avec l’esthétique d’apocalypse qui voudrait régner dans ce disque, hélas trop disparate et inégal pour se montrer à la hauteur de son titre et de sa pochette. Mais oui, le monde brûle et nous avec, les ghettos s’embrasent à raison, la luxure pue de plus en plus le désespoir, on goûte de moins en moins les bluettes de l’orchestre du Titanic. Alors si ce projet spartiate, un peu raide, un rien poussiéreux, survit encore, c’est parce qu’il a su s’affirmer, creuser le sillon ascétique d’un boom-bap indé si sûr de sa puissance qu’il ne se fardait pas pour séduire. Et puis surtout il y a, au delà du génial « Rhyme Time Travel » qui fait briller de mille feux Q-Unique, immense rappeur aussi robotique qu’imputrescible, le merveilleux « Blaze » sélectionné pour le mix et qui en justifie à lui seul la citation. Un des sommets du rap, sans débat, ou du moins une de ses prods les plus marquantes (et signée par le même Q-Unique – la flamme qui irradie à elle seule tout le skeud), aussi indatable qu’increvable, une de celles dont on ne se lassera jamais, un joyau qui tient de l’alchimie, tant on n’en percera jamais le mystère alors que tout est là. La bande son du futur du passé, comme pour nous dire que la fin du monde n’est pas l’événement brutal vendu cycliquement par les oracles mais une catastrophe en cours, grise et incandescente, braise qui couve sous les cendres.
– Track : Blaze
Bone Thugs-n-Harmony - E. 1999 Eternal (1995)
– Arnaud vvolf / Bad Cop Bad Cop
Sorti en 1995 chez Ruthless Records, un an après l’exceptionnel Creepin On Ah Come Up et quelques mois seulement après la mort de leur mentor Eazy-E, le deuxième album des Bone Thugs est surement leur plus abouti. Véritable classique du Midwest Rap, E. 1999 Eternal est un parfait florilège de ce que le groupe sait faire de mieux, la quintessence de leur style "chopper" si singulier, caractérisé par des fast flows ultra moelleux à la frontière du rap et du chant. Sur des productions G-Funk & Horrorcore du californien DJ U-Neek, Layzie Bone, Krayzie Bone, Bizzy Bone, Wish Bone & Flesh-N-Bone racontent les ghettos Est de Cleveland : la terre des "sans-cœur". C’est suave et c’est poisseux, c’est beau et c’est glauque à la fois, ça ne ressemble à personne et ça ne vieillira jamais. Top 10 all time rap dans mon livre.
Even though you’re gone, you’ve still got love. Just rest your soul and we’ll see you at the crossroads.
Liqueur au sol de circonstance.
RIP Wallace Laird III.
RIP Eric Lynn Wright.
Long live BTNH.
– Track : No Shorts, No Losses
Cardo - Game Related (2020)
– Mugen
Cardo est un producteur qui a commencé à se faire connaître en 2010 grâce à ses productions sur Kush & Orange Juice de Wiz Khalifa. Même si son nom n’est pas très connu dans nos contrées, Cardo a un sacré palmarès à son actif : il a produit Goosebumps de Travis Scott, God’s Plan de Drake et quelques morceaux pour Kendrick Lamar. Autrement dit, personne ne s’inquiète pour sa retraite. Bien heureusement, à l’inverse de DJ Khaled, Cardo est un vrai producteur et sa discographie est remplie de petits joyaux plus underground. Sur Game Related, il a réuni les bons éléments pour accoucher d’un projet parfait pour l’été, avec en premier lieu des productions ultra-efficaces, redonnant avec brio un habillage moderne aux sonorités G-Funk des années 90. Pour sublimer ses productions, il est allé chercher des rappeurs appréciés des connaisseurs :
– Larry June, crooner ultra frais originaire de la Bay Area
– Payroll Giovanni, vétéran de la scène rap de Detroit (Doughboyz Cashout)
Et HBK en sortie de banc (lui aussi issu des Doughboyz) qui vient compléter le big three.
Plus proche de l’EP que du véritable album long format, ce projet représente à merveille ce qu’un néophyte s’imagine du rap de la côte Ouest. Un son résolument laidback, parfait pour les trajets en voiture avec la clim à fond. Que ce soit sur Stats ou Stacks On Deck, on remercie Larry June pour la qualité de ses refrains. L’alternance entre son style smooth et le côté plus street de Payroll et HBK (Best Behavior, Feel Good 2 Be A Gangsta) marche à la perfection. L’écoute de Game Related est hautement recommandée par temps de canicule.
– Track : Stats
D-Shot - Boss Ballin 2 - The Mobb Bosses (1998)
– Tibo BRTZ
Avec son frère E-40, sa soeur Suga T et son cousin B-Legit, D-Shot fait ses armes au sein du légendaire groupe The Click. Fidèle aux traditions d’entreprenariat de la famille, il crée son label, Shot Record, en 1993, 4 ans après la mise en orbite de Sick-Wid-It par son grand frère.
Il est le premier de la fratrie à sortir des compilations, avec la série des Boss Ballin’, dont le premier volet voit le jour en 1995.
Avec le volume 2, il réunit la crème de la Bay, mais pas seulement : on y retrouve Snoop et le Dogg Pound, sur le morceau d’ouverture avec The Click, Kurupt en solo sur le super smooth I Keep tryin’, et même Redman et Keith Murray sur Rollin’, produit par l’incontournable Studio Ton. S’il est sans-doute le membre le plus oubliable de la famille Stevens en tant que rappeur, ses compilations sont restés dans les mémoires, notamment les 2 premières. The Mob Bosses est un concentré de ce qui se fait de mieux autour de Vallejo en cette deuxième moitié des années 90, avec un bel échantillon de rappeurs du coin : Too $hort, E-40, Luniz, C-Bo, Messy Marv & San Quinn, Lil Bruce… Principalement produit par Studio Ton, l’ensemble est totalement cohérent. La présence de Deon et Levitti sur quatre refrains adoucit le ton général. Difficile de ne pas fredonner I Keep Tryin’ en s’imaginant dans une voiture lente et confortable, sur une route calme en bord de mer… Ce mélange de Mobb Music et de G Funk est la bande-son de l’été mais, pas la canicule écrasante de L.A., le thermostat est plus nuancé : on est près de Vallejo ou Oakland, les flows ont ce groove saccadé / chaloupé, si particulier, qui continue de faire de la Bay une région à part, une des rares où les sonorités sont immédiatement identifiables, encore aujourd’hui.
– Track : I Keep Tryin’
DJ Fresh - Late Night Freeway Vibez 4 (2021)
– XW
À l’heure de choisir un album pour l’été, ma main s’arrête toujours sur les prodos de la Baie. Un été en short tongs, barbecue légumes grillés, Estrella Galicia à la main et DJ Fresh ou The Mekanix a fond les ballons dans les enceintes est forcément un bel été.Alors que l’été s’annonce caniculaire, mon choix s’arrête sur DJ Fresh. Plutôt que d’avoir à choisir l’un des Tonite Show, ce que je serais bien incapable de faire, je sélectionne une série de ses expérimentations sonores.
La série des Late Night Freeway Vibez est parfaite pour les longues rides nocturnes de l’été, lorsque l’on parcourt l’atlantique du Nord au Sud pour aller chercher les ingrédients de vacances qui trancheront avec le gris du quotidien. Les albums sont courts, denses en expérimentations, mais ramènent à chaque fois aux éléments clés de la musique de la Bay : l’inspiration se trouve à la croisée des 70s et des 80s, lorsque les synthétiseurs ont envahi le monde de la musique. Ils s’écoutent roulant a fond sur l’A10, les fenêtres ouvertes, les pensées allant et venant au fil des kilomètres. Ils évoquent à la fois tout ce qui nous attend en vacances, et tout ce qu’on laisse derrière nous - ce gris dont on s’enfuie le pied bloqué sur la pédale de droite.
Ils remémorent forcément ces longues nuits des confinements, à observer l’artiste, au travers de ces lives Instagram, tester les textures, jouer avec les sons, communiquant sa sympathie débordante a une bande de quelques afficionados se comptant sur les doigts d’une main. Ils ne valent pas les Tonite Shows, mais ils sont des invitations au(x) voyage(s), préférablement en voiture, préférablement bien accompagnée par sa dulcinée. Et une jolie porte d’entrée dans le monde du producteur de la Bay, puisqu’il donne ça et là les ingrédients du succès de sa série phare.
– Track : Niagara Falls
Domino - Domino (1993)
– Tis
Sorti en 1993 chez le défunt label indépendant angelino Outburst Records et distribué par Def Jam (!), l’album éponyme de Shawn Antoine Ivy aka Domino est assurément un album de rap parfait à écouter en cette saison. Ce premier disque va assurer à Domino une visibilité importante (même si celle-ci ne se confirmera pas dans les albums suivants), portée notamment par le hit "Getto Jam" qui bénéficiera d’une grande diffusion radio. Ce morceau se démarque notamment par son flow mélodieux et le caractéristique "Here we go, here we go" accrocheur qui captivera jusqu’à Biggie. Mais au-delà de ce titre en rotation passablement recopié de cassettes en cassettes, c’est tout l’album de Diggady Domino qui mérite d’être (ré)écouté, notamment du fait de sa production musicale.
Révélé par le projet faisant suite à la trêve des gangs Bangin’ On Wax sorti un peu plus tôt, Domino rencontre à cette occasion DJ Battlecat avec qui il va collaborer sur ce premier album. DJ Batlecat produit donc ici l’ensemble des titres de Domino d’une main de maître, soutenu dans sa tâche par le guitaro-bassiste Robert "Fonksta" Bacon transportant l’auditeur dans l’univers du rap west coast (oui oui le ver le plus funky y côtoie AMG et Poppa LQ) en signant une bande-son parfaite pour les journées ensoleillées. Cette ambiance sonore se marie harmonieusement avec le flow fluide et les thématiques légères du rappeur de Long Beach. Assurément un album marquant du rap west coast, idéal pour fredonner et affronter les conséquences du réchauffement climatique.
– Track : Getto Jam
Future - Purple Reign (2016)
– DrNoze
Tout a commencé avec un petit parapluie violet ☔️ posté en 2016 par Future sur les réseaux sociaux pour annoncer son nouveau projet et qui deviendra un temps l’emoji officiel de la purple drank. Première mixtape de Nayvadius après son incroyable run de 2015, Purple Reign n’est pas le projet qui a laissé le plus de souvenirs chez les auditeurs et pourtant il revient très régulièrement chez moi pour son ambiance marécageuse particulièrement chill et les vapeurs druggy qui s’en émanent sur toute sa durée. Les fidèles compagnons d’armes de Future, Metro Boomin et DJ Esco sont ici aux manettes de l’hydroglisseur et dans l’équipage on retrouve de fins chasseurs comme Nard & B, Zaytoven et Southside. Avachi à l’arrière de l’embarcation, Future marmonne dans son coin des chansons tristes de sa voix rocailleuse. Le maître mot ici est cohérence et toute la mixtape pue la chaleur moite des soirées d’été dans le sale sud et semble s’enfoncer dans une mélasse fortement codéinée. À l’écoute de Purple Reign, on planque le magot dans le matelas ("Inside the Mattress"), on tente en vain de résister à l’appel du percocet ("Perkys Calling"), et on pleure avec l’héritier d’Hendrix quand il nous confie les rapports ambigus qu’il entretient avec sa petite amie du moment, à savoir son mélange préférée de codéine et de soda ("Purple Reign"). Même des titres comme "Run Up" ou "Salute", qui semblent vouloir s’extirper de la torpeur ambiante et se donner des airs de banger, peinent à décoller véritablement et restent englués dans la boue jusqu’aux genoux.
– Track : Purple Reign
Hollow Point - The Little and the Owl (2000)
– Krapulax
Possiblement considéré comme un classique du chicano rap West Coast, The Little and the Owl est un album qui réunit le duo Mr. Lil’ One et Knightowl (R.E.P. à cause d’un foutu covid), possiblement considérés comme deux légendes de San Diego aux voix et au styles bien distinctifs et incontournables dans cette branche-là du rap de l’époque. Fait notable : Mr. Lil’ One et Knightowl avaient rencontré Eazy-E qui envisageait de les signer sur Ruthless Records et sortir leur album dans le cadre de l’élargissement des activités gangster du label - peu avant qu’Eazy-E ne subisse les premières complications de la maladie et ne finisse par R.E.P. à cause d’un foutu sida. Parce que je me la repasse encore avec beaucoup de plaisir quand le soleil se remet à chauffer, j’ai retenu le titre Finger On the Trigger - un son genré "oldies" bien chaud et cher aux coeurs des chicano rappeurs californiens avec des flows aux accents marqués et sautillants comme des balles sous les pieds. Au-delà de ça, The Little and the Owl est un album West Coast qui nous ramène facilement dans une époque dont je semble ne pas vouloir me séparer, rythmé, mélodique, original gangsta et varié, avec notamment le titre You Better Know qui sample Queen et qui offre un excellent conseil : You better know where you wanna go in life.
– Track : Finger On the Trigger
J. Stalin - Prenuptial Agreement 2 (Deluxe) (2023)
– Slump2019
L’été synonyme de plage, soleil, relaxation, mais aussi le temps des mariages. Mais qui dit mariage dit divorce. J’invite donc dans cette sélection, notre bon boug d’Oakland, from Livewire Records, J. Stalin.
Son dernier projet en date, Prenuptial Agreement 2 (Deluxe), suite de son classique Prenuptial Agreement sorti en 2010 (si vous êtes passés à côté, go). On retrouve la même sauce, qui fait tout son charme. OK, rien de super innovant pour certains, mais comme un bon plat réconfortant tout y est. Son flow chanté, autant smooth que criminel, une voix claire finement éraillée par les backwoods et cette sub basse torride. Préparez les marinades, on s’occupe du reste.
– Track : Alot of Money (feat. 22nd Jim)
Lil Wayne & Birdman- Like Father Like Son (2006)
- KallMeTheDoctor
Il est difficile de parler de rap sans mentionner Dwayne Michael Carter Jr et son père "adoptif", l’homme-oiseau. Alors que dire lorsque les deux s’allient pour enregistrer l’un des albums les plus passés sous silence lorsque l’on mentionne ces deux maîtres de cérémonies ? Un petit bijou intemporel, sorti il n’y a pas si longtemps (2006), abordant leurs parcours respectifs, leur succès (et arrogance qui en découle), leur amour père-fils, leur maniement de l’arme à feu ainsi que leurs revenus liés à la vente de poulets. Le tout rythmé par des instrumentales majoritairement produites par T-Mix. Mention honorable à DJ Nasty et L.V.M. pour Army Gunz, qui devrait remplacer l’hymne américain dans un monde plus juste. Au moment de sélectionner une piste, on s’arracherait presque les cheveux tellement l’album est agréable à écouter de bout en bout. Une pensée au regretté James Harold Laurence de Friendzone qui, avec Dylan Reznick, a remixé Don’t Die.
– Track : Over Here Hustlin’
Luke - I Got Sumthin’ On My Mind (1992)
– Jocelyn Anglemort
Moins d’exégèse, plus de grosse baise.
Après l’avoir bien exhibé au public tout au long des saisons fraîches, il est temps de ranger son gros bagage intellectuel et d’y préférer sa Samsonite de vendeur de poudre.
Alors certes, il n’y a pas de mal à faire de la matière « rap » le terreau de riches exploitations intellectuelles, d’y confronter l’immensément petit et l’infiniment grand, d’y déceler le miroir de l’Histoire et des histoires, d’y adjoindre de complexes concepts fruits d’une vie de lectures […] mais désolé là c’est l’été, l’heure de s’irriguer le membre plutôt que les méninges.
Le moment de la mise en pratique après celui de la théorie, en somme. Même pour les plus dispensés d’EPS d’entre (n/v)ous.
Parce que, oui, quand l’oncle Luke nous hurle dessus qu’il a envie de voir de la chatte, c’est une invitation à nous y atteler également et pas forcément à déceler derrière ses vociférations la puissance évocatrice d’un récit à rebrousse-poil d’une américaine puritaine schizophrénique.
Il y a peut-être un peu de ça, mais ce n’est pas le moment de se creuser le rassoudok, pas sur des chansons intitulées « Menage A Trois », « Pussy Ass Kid and Hoe Ass Play » ou « Head, Head & More Head », pas avec un album qui s’ouvre sur du sexe explicite par téléphone.
Un entracte gros-cerveau sera toutefois accepté s’il consiste à identifier les cool samples – The Blackbyrds, Sly & the Family Stone, Five Stairsteps, Afrika Bambaataa ou 2 Live Crew, évidemment – secoués dans tous les sens par le bien nommé Mike Fresh (c’est pas un sobriquet qui pue l’été, l’ecsta et le rhum brun ça honnêtement ?)
On pourrait également prendre deux minutes pour savoir si l’ADN du rap se trouve :
a) dans la poésie contestataire « urbaine »,
b) dans l’appel à l’oisiveté ensoleillée,
c) dans de bonnes parties de jambes en l’air initiées sans honte par les filles comme par les garçons.
Mais on se garde ça au chaud pour la rentrée de septembre hein, parce que là Luke braille « Hey, we wanna partyyyyyy » dans la stéréo et tout semble indiquer qu’il s’agit d’un ordre.
– Track : I Wanna Rock
Luniz - High Timez (2015)
– Crem
Bon, ça réinvente pas la roue c’est sûr. C’est même la recette habituelle avec ces LuniTunes : de la weed bien grasse comme les basses. et dans le verre un mélange qui assommerait un buffle. La tête qui tourne sous le soleil, un sourire un peu benêt en surveillant les braises. Et quand viendra la fraîche on ira rider histoire de faciliter la digestion. La plupart des copains sont là. Ce bon vieux B-Legit, Dru Down, évidemment. J Stalin, Beeda Weeda… Il y a même ce con de B-Real ! Et comme une grande partie de la tape est produite par The Mekanix, 4rAx signe quelques refrains bien entêtants. On a mis nos white T les plus immaculés, double XL pour laisser passer l’air, avec les Chuck Taylor assorties. Pour la New Era du noir et du gris (argent et noir pour être plus précis), tête de pirate casquée devant deux sabres entrecroisés. On a déplié chaises et parasols. Les baguettes sont du matin. Pinceau, marinade. Niveau viandes on est plus que bien… On a tarté le rayon spiritueux du Carrefour façon Bud Spencer. Et on a même sorti les glacières histoire de pas se lever le cul jusqu’au frigo. On est venus faire du gras ! Avec les camemberts sous la cendre pour bien s’achever, celle-là c’est une spéciale pour les artères.
On a desserré les ceintures, c’est le calme après la tempête. Pour faire passer tout ça il nous faudrait du frais et le camion de glaces ne devrait pas tarder. Ice cream... Un grand classique dans le rap US : Raekwon, Master P… Mais ici on pense plutôt au titre de Dru Down, et donc à la première apparition sur disque de Luniz. D’ailleurs on ne peut s’empêcher de voir dans la cover de ce High Timez un clin d’œil à ces mêmes débuts. Tout est dans tout. Tout et rien ne font qu’un. Chaque particule est interconnectée. C’est le problème avec le rhum arrangé ; soit j’ai l’alcool triste, soit je métaphysique trop… Je vais sortir un peu la tête par la fenêtre. Même si on roule lent ça va me faire du bien. Demain risque d’être compliqué, mais bon… Comme le dit Yukmouth : “Demain c’est loin”. Oh je suis bourré.
– Track : High Timez (feat. Lil Blood, Bad Lucc & 4rAx)
Peezy - No Hook II (2019)
– Irandal
Détroit, été 2019 - Alors que Peezy s’apprête à quitter les siens pour purger une peine de prison, les nuits de l’est de Détroit s’animent au rythme de No Hook II pour célébrer celui qui est alors le meilleur rappeur du monde. Bien que sorti quelques mois auparavant, ce disque reste pour moi indissociable de cet été 2019, de cette période où Peezy est au sommet de son art et où Détroit rayonne comme la scène la plus intéressante des Etats-Unis. Sur ce projet de 10 titres, Peezy, d’ores et déjà conscient qu’il va devoir passer quelques temps à l’écart du rap, se livre à un véritable exercice de style - 10 morceaux sans le moindre refrain comme le titre du projet l’indique - et se pose incontestablement comme le roi de la ville à l’instar du morceau Homecoming s’ouvrant sur “When a real n* talkin’, pay attention, you might learn somethin’ (Pay attention)” et se cloturant sur “I ain’t made a hit, but in the trap, I went diamond, though (Huh ?)”. Tout au long du disque, Da Realest rappelle sa suprématie au travers d’egotrip triomphants, en ridant dans une Rolls Royce flambant neuve dans les rues d’Atlanta au petit matin, en incitant ses adversaires à se réfugier derrière des patrouilles de voisins vigilants et d’agents de sécurité de centres commerciaux tant ils sont insignifiants ou encore en célébrant la réussite de ses camarades de l’est de Détroit. Et comment mieux reconnaître le maître d’une scène qu’à travers ses liens avec ses confrères ? Dans quasi tous les morceaux du disque, Peezy mentionne son entourage tel un général convoquant ses lieutenants mais la particularité de ce disque est aussi la présence de Payroll Giovanni. Quelques mois après l’avoir invité pour un premier morceau commun (avec en prime la présence de Tee Grizzley), P récidive et convie le leader de Doughboyz Cashout pour un échange de très haute volée dans le morceau Loyal to The Game. Ce morceau finit d’enterrer la hache de guerre entre Team Eastside et leurs rivaux de l’est après plusieurs années de beef et témoigne également de cette volonté commune de dépasser ses clivages géographiques pour faire rayonner Détroit dans sa globalité. Cette volonté se retrouve dès le premier morceau où, après avoir rendu hommage à Team Eastside Soda et à Doughboyz Roc tous deux assassinés au cours des années précédentes, Peezy appelle explicitement les deux camps à déposer les armes et à s’unir pour s’enrichir et ainsi sortir toute la ville de son marasme post-industriel. Outre ce premier hommage à son ami Snoop (Soda), Peezy multiplie les références à son plus fidèle compagnon d’arme au point où son morceau Letter 2 Soda aurait pu être le onzième titre de ce No Hook II, d’autant plus qu’il est lui aussi dépourvu de refrain. Enfin, il m’est impossible de conclure sans mentionner le travail d’orfèvre des producteurs - et tout particulièrement de David Wesson - qui participe pleinement à faire de ce disque la quintessence du rap de Détroit de cette période et à m’interroger sur ce qu’il serait advenu si Peezy avait pu conserver sa liberté tant son influence sur le rap de Détroit était alors gigantesque.
– Track : Crime Stoppers
Pimp C - Pimpalation (2006)
– JC de Brooklyn Fizz
C’est l’été, il est tard, je suis au volant de mon Dacia, le modèle familial, celui qui me permet de transporter à la fois mes enfants et tous les accessoires et habits qui vont avec. Je suis dans la banlieue d’une ville quelconque en France : Brico Dépôt, Conforama, Burger King, Decathlon... je pourrai être n’importe où. Et là une odeur parvient dans mon habitacle, une odeur d’asphalte chaud, mêlée à un autre odeur que je n’arrive pas à identifier, mais je suis instantanément transporté dans un de mes souvenirs.
Je me retrouve à Houston, Texas, je suis sur le siège passager du SUV qu’on a loué pour ce voyage, on est en train d’aller Downtown, en soirée. Il fait une chaleur incroyable, on est en Août, mais je n’ai pas mis la clim, j’ai le bras dehors pour profiter au maximum de l’instant. Les lumières, les odeurs, la démesure des routes. Et il y a un album qui tourne : Pimpalation de Pimp C. Le Pimp est libre, physiquement (il vient de sortir de prison), mais aussi artistiquement. Le nombre de feat est impressionnant, mais je n’entends que Sweet James Jones. Les producteurs sont nombreux eux aussi, mais l’album est cohérent : il transpire Houston, il dégouline Texas. Chaque morceau nous rappelle cette chaleur omniprésente, qui ralenti tout. A tout moment je m’attends à ce que le natif de Port Arthur nous double sur la Spaghetti Highway, au volant d’une américaine, top back, avec une casquette Longhorn. L’album a son lot de singles, Pourin’ Up et Knockin’ Doorz Down en tête. Mais pour moi, le point d’orgue est le morceau Gitcha Mind Right, que je suis encore capable d’écouter en boucle. C’est un concentré de l’album. Un sample hypnotisant, un refrain screwed, un flow ralenti et une manière si particulière de chanter. Chad est au dessus de la mêlée, il est l’âme et la figure du rap Texan. Je veux ralentir tout, rester dans ce souvenir, mais déjà la musique s’arrête.
Long Live The Pimp !
– Track : Gitcha Mind Right (feat. Cory Mo)
Scarface - Made (2007)
– Crem
L’impression que l’asphalte se ramollit sous chaque pas, et cette chape de plomb si étouffante… Aucune brise salvatrice ici. La canicule on la subira, comme chaque année. De toute façon c’est pas comme si on avait l’habitude de partir en vacances. On connaît tout ça, la moiteur, l’implacable fournaise, cette sensation de ralenti. Et l’ennui… C’est ça qui assomme le plus je crois. Ne reste que les abonnés les plus fidèles dans le quartier, ceux avec la carte de membre bien tamponnée. Pâques, Noël, Toussaint… Toujours présents. Toujours là en bas des tours. À treize ans on devrait avoir d’autres choix que de passer tout un été en bas de chez soi. Alors il y a bien le centre aéré gratuit de la mairie… T’as qu’à voir les activités… Ils nous ramassent en car en début d’aprem et ils nous ramènent vers 17h30. Pendant trois heures on est là, regroupés, dans cette zone verte. Il y a que des traîne-savates dans notre genre ici. Chaque été c’est les mêmes têtes. Les mêmes vacances, les mêmes histoires, puisqu’à quelques détails près on a tous la même vie. Connaître autre chose, rencontrer d’autres gens… Si t’espérais un quelconque dépaysement c’est râpé. Juillet/Août c’est interminable. L’apathie. Tout est lourd, lent, inexorable. Comme la voix du Geto Boy. Scarface c’est le rap dans tout ce qu’il a de plus réel. Parce-que storytelling n’a jamais été synonyme de s’inventer des vies et que la règle numéro un sera toujours de ne jamais oublier d’où l’on vient. Juste des gosses qui ont passé leurs étés à s’ennuyer entre goudron et béton. C’est pour les gens comme nous.
– Track : Git Out My Face
Spook, Sadhugold and friends - No Country II : Hell on Wheels (2023)
– Boo / Grown Ass Folks Melodies
Tandis que Marlène et ses copains profiteront de l’air conditionné du casino Partouche de Juan-les-Pins, la plupart d’entre nous vivrons une fois de plus un été poisseux. L’occasion idéale pour un album de Rap tout aussi crasse, mais néanmoins savant… portant avec lui un mistral hasardeux venant parfois balayer les rouleaux de paille comme celles traversant les villes fantômes post ruée vers l’or. C’est bel et bien notre pépite proposée ici : la B.O. fictive d’un Django Unchained qui serait réalisé par John Woo, ou d’un remake de Pour une poignée de dollars par John Singleton. Elle est présentée ainsi par l’artiste : "This is a “pulp” historical fiction accounting the perilous tales of the confounded freed slave turned listless outlaw Isom “The Spook” Dart". Le mot pulp faisant écho aux séries de publications peu coûteuses et de piètre qualité matérielle narrant des récits fictifs souvent présentés comme histoires vraies, très populaires aux Amériques durant la première moitié du siècle dernier.
Chaque projet de Spook est une expérience immersive totale, dépourvue de complaisance. Son pseudo, repris du sobriquet péjoratif utilisé jadis pour désigner une personne noire, joue également avec le sens "fantôme" du terme, donnant l’occasion d’entourer son personnage d’une fumée de mystère. Ses projets sont régulièrement menés en binôme avec Sadhugold à la prod, autre individu ésotérique, au style que l’on comparera sans sourciller à un RZA des temps modernes.
Comme d’habitude le déroulé de leur collaboration est habité par une multitude d’inserts et d’entractes, extraits de films tirés d’une veille cinématographique à mettre Mad Movies en sueur et venant, sur No Country II, nouer l’ambiance western spaghetti hostile et afro-phobique essuyée par les acteurs principaux, avec un N-word usité à outrance jusqu’à exorcisation totale dans les flammes de l’enfer (les mêmes qui nous attendent au mois d’août, sauf pour Marlène et ses copains). Les effets sonores sci-fi, signature de Sadhu, coulissent parfaitement autour du flow fluide et du pitch vocal élevé de Spook. Ce dernier nous rappant avec sa verve des plus imagées une guerre de sécession toujours en activité, aux prises avec ces "crackers", blancos fachos type rednecks décomplexés, prenant la forme de colonels Cooper du dimanche. Banjos, orgues, guimbardes, basses, boucles et beats crades… des productions mijotées aux petits oignons sur le feu de camp par une brochette d’intouchables comparables aux 7 salopards : Preservation, Nicholas Craven, Sebb Bash, Evidence, Quelle Chris, Dibia$e, Conductor Williams… venant épauler l’occulte samplologie de Sadhugold. La liste de featurings au micro est sobre, comme pour partager au mieux le stock de fayots sauce tomate Heinz durant cette virée farouche : DøøF, Brain Orchestra, MidaZ The BEAST, SIFR.
Au final 14 titres, dont 2 interludes, pour une chevauchée sauvage de 37 minutes. Un voyage sonore aussi brut qu’hypnotisant, suivant de rafraîchissantes rivières en quête d’une réserve aux tipis "safe place", dézinguant par la même occasion toute opposition se présentant à travers les collines souvent arides du Hip-Hop underground. Et parce que la poisse ne termine jamais vraiment, cet album n’est évidemment pas disponible en streaming, seulement trois pistes sur le Bandcamp vous attendent… bonne chance et surtout "bel été".
– Track : Take a Hard Ride
The Neptunes - Clones (2003)
– MoTheDude
“J’arrive pas à mettre la clim, le gars m’a expliqué, j’ai dû zapper un truc, je regardais le kilométrage... Essaye si t’y arrives… On va ouvrir les fenêtres, y a de l’air, regarde les palmitos comment ils s’font balader… Tiens il a perdu sa glace avant d’y avoir touché lui, hop, fondue plus vite que le permafrost… Elle est bien cette compile non ? Enfin c’est pas une compile, c’est un album de producteurs, ce qui est bien justement, c’est pas homogène comme un album mais ça reste cohérent, format parfait pour les vacances… Hey ! Mais nique ta mère toi ! Le clignotant c’est pour les chiens ? Putain… Conduisent comme des connards ici… Tu fous le truc en replay dans la caisse ça te fait la semaine, pis les invités… Au fait, ce soir c’est pizza, on ira Chez Mico, à moins qu’on s’envoie des sardines grillées au Vénus du Gaou, avec le coucher de soleil sur la baie… La serveuse du Vénus elle est mimi, mais en saison comme ça, c’est mort… Toi à la limite… Moi de toute façon je suis pas célib… Rien que Frontin’ ou Hot Damn, déjà ça me fait la semaine… Paraît que Pharrell avait proposé Frontin’ à Prince, et Prince a refusé... En même temps... Il s’est dit : “Il est fou lui ! Il a vu ma disco ou quoi ? Je t’en pisse vingt par jours des prods comme ça”… Regarde la meuf là, en maillot vert... Sympa... Dans nos âges… Hein ? Non ? Tu dis moins ? Ouais peut-être un peu… Tiens remets le morceau avec Super Cat. C’est cool d’avoir invité une légende du dancehall… Les mecs ont de la culture, ils savent, tu vois ce que je veux dire… Je sais pas si t’as vu les vidéos de sound à l’ancienne de Super Cat, c’est thug à mort. Super Cat, costard, bandana rouge autour de la tête, sue à grosses gouttes, comme nous en ce moment, et il tchatche chaloupé... Le riddim c’est une ligne de basse, ça tue, c’est l’origine… C’est l’essence tu vois ce que je veux dire… C’est du Future, c’est du Young Thug… Et tu sens qu’à tout moment y’a un gars dans le public qui peut tirer en l’air... C’était autre chose que... Enfin bref… C’est un jamaïcain d’origine indienne Super Cat, c’est marrant hein... Y’avait déjà eu le Selector Remix de Grindin’ avec Sean Paul et je sais plus qui, c’est dommage qu’ils aient pas creusé... Attends, faut que je paye mon créneau… Y’a pas grand monde… On va être bien dans la p’tite crique… Ah tiens dernier track, il est cool, avec Kelis et Nas. D’façon, c’est ça ou Chérie FM. C’est vrai qu’un petit Cargo de Nuit, ça marche aussi en toutes circonstances”.
– Track : Clipse - Hot Damn (feat. Ab-Liva, Pharrell & Rosco P. Coldchain)
Trae - Restless (2006)
– Kedy
La chaleur écrasante, le marcel qui colle à la peau, la flemme, les canicules actuelles nous rapprochent plus du Texas que de la Californie. Dans ces moments-là, la musique de H-town a ma préférence, et surtout celle de son maire officieux, l’autre moitié du duo ABN ; La Vérité, Trae Tha Truth. C’est en 2006, une année dominée par le sud, et ATL en particulier, que le texan nous à pondu son classique, Restless. Succession de bangers, d’hymnes screw et de chansons introspectives à l’image d’un Scarface, cet album s’écoute sans skip. Ce qui marque en premier chez Frazier Thompson c’est sa voix, grave, venue d’outre tombe, dont il se sert aussi bien pour découper les prods de son fast flow, qu’à chanter son blues comme dans Quit Calling Me et sa guitare country rap. Trae est un homme important dans sa ville, il y est même célébré lors du Trae Day, et la liste d’invités du LP nous montre à quel point il est respecté dans le game. Des new-yorkais comme Jim Jones dans Coming Around The Corner, la Three Six de Memphis sur Cadillac avec Paul Wall, et beaucoup de membres de la Screwed Up Click, son ancien crew, comme Lil’ Keke, Big Pokey, Fat Pat, Big Hawk et Z-ro. Un feat de Young Noble et un couplet de 2Pac sur The Truth sont là pour marquer sa filiation avec la légende, car oui, Trae a du Tupac en lui, dans sa musique empreinte de soul et de blues, mais aussi pour ses actions concrètes en faveur des quartiers défavorisés de Houston. Alors à chaque fois que la température dépasse les 35°, je sors Restless, et le soir venu, après quelques bouteilles et plantes médicinales, j’enchaîne avec la version Chopped & Screwed, ou plutôt S.L.A.B.-ED chez Trae, lent, lourd et qui tape, comme la canicule.
– Track : Screw Done Already Warned Me (feat. Lil’ Keke)
Young Slo-Be - Nightmare On Seventh Street (2021)
– Jocelyn Anglemort
Youg Slo-Be a été assassiné le 5 août 2022. Un nouveau nom inscrit à la longue liste des rappeurs fauchés bien trop tôt. Une autre de ces journées débutant par un laconique « R.I.P » posté en ligne par de cyniques et nécrophages médias US, suivi par les malheureusement habituels échanges avec les amis auditeurs de rap : « c’est réel pour Slo-Be ?? ». C’est réel, oui. Parce que le rap est un sport de voyous et qu’il arrive encore parfois que des voyous le pratiquent. Vous n’êtes pas sans savoir qu’aussi loin que l’Univers est l’Univers, nous devons toutes et tous une vie à Dieu. C’est la règle, y’a rien à y faire. Toutefois, considérant le long terme d’une vie dédiée à l’écoute de cette musique rappée, l’empilement des drames peut entraîner une profonde amertume.
Et si je peux me permettre une parenthèse personnelle, perdure en moi, malgré mon grand âge, la naïveté de croire que le succès finira par les mettre à l’abri du danger, ces jeunes rappeurs prodigieux. Mais ce n’est rarement le cas. Comme cela n’arriva pas pour Bris et Drakeo The Ruler, deux rappeurs auxquels Young Slo-Be fut souvent rattaché : les mêmes ambiances de cimetières remplis de cyborgs, les mêmes flows susurrés à la diction millimétrée, les mêmes textes où l’on dort avec le pétard sous l’oreiller, parce que les flics, par les « opps ».
Malheureusement, à plonger trop longtemps leur regard dans l’abîme, l’abîme a fini par les regarder aussi. Bris, Drakeo, Slo-Be, trois corbeaux à qui la possibilité de s’extraire de terre pour une bonne vengeance n’aura pas été proposée. Trois personnalités hors-norme qui nous laissent trois discographies immaculées, à disséquer encore et encore pour les ramener ponctuellement à la vie. Peut-être qu’à force de répétition nous finirons par accepter l’idée que l’avenir devra s’écrire sans eux.
– Track : Mad Man
Tracklist
- intro - If u plan to go camping this summer...
- J. Stalin feat. 22nd Jim - Alot of Money
- Kurupt, Deon - Keep Tryin
- Young Slo-Be - Mad Man
- Cardo, Larry June, Payroll Giovanni & HBK Kidd - Stats
- DJ.Fresh - Niagara Falls
- Domino - Ghetto Jam
- Luniz feat. Lil Blood, Bad Lucc & 4rAx - High Timez
- Peezy - Crime Stoppers
- Spook - Take a Hard Ride (Lawless Lot)
- Arsonists - Blaze
- Hollow Point - Finger On The Trigger
- Pimp C - Gitcha Mind Right
- Scarface - Git Out My Face
- Clipse feat. Ab-Liva Pharrell & Rosco P. Coldchain - Hot Damn
- Bone Thugs-n-Harmony - No Shorts, No Losses
- Baby a.k.a. Birdman & Lil’ Wayne - Over Here Hustlin’
- Luke - I Wanna Rock
- Trae - Screw Done Already Warned Me
- Future - Purple Reign