Summer Camp #5 : Édition 2020
Sélection d’albums pour période estivale
, le 10 juillet 2020
C’est désormais une tradition estivale chez SwampDiggers : cette année encore, nos crocodiliens ont fouillé la vase pour vous rapporter leur meilleur album à barbecue. Et puisque même dans les marécages on pratique l’art de la convivialité, des sauriens haut de gamme sont à nouveau venus des eaux voisines pour leur prêter main-forte.
ALLBLACK & Kenny Beats – 2 Minute Drills (2018)
– JUP
Difficile de résister aux offensives menées depuis plus de deux ans par Kenny Beats et sa clique de rookies et vétérans venus des quatre coins des États-Unis. Le recrutement dans cette super-ligue se fait uniquement par cooptation : en l’espèce, c’est O3 Greedo, habitué des virées à Oakland, qui aurait glissé le nom de ALLBLACK à Kenny. Comme souvent avec ce dernier, la rencontre a occasionné un EP entièrement dédié à l’univers du rappeur. 2 Minute Drills est une pure ogive estampillée Bay Area, un plan de bataille dessiné sur le paperboard d’une causerie d’avant match. Quelques secondes du "slick talk" increvable de ALLBLACK suffiront même aux plus ignorants en football américain pour assimiler la tactique inspirant son titre au projet. Reconverti dans le rap presque malgré lui, poussé par son ami 100s / Kossisko, ALLBLACK est l’héritier d’une longue tradition d’anciens pimps, sans que l’on retrouve dans sa musique le folklore habituel des Suga Free et autres Dru Down. Lui se définit comme un cérébral passant ses nuits à coucher ses angoisses sur le papier, en vidant une bouteille de Hennessy, pour ensuite les déballer comme des blagues, le sourire aux lèvres, sur des instrus clinquantes. Il promet de s’arrêter quand il aura vidé son sac. Pour le moment, on peut le retrouver cracher son feu sur toute la côte Ouest, comme récemment chez son pote Drakeo The Ruler sur Thank You for Using GTL, l’un des albums les plus représentatifs de l’état d’urgence de 2020.
– Track : Weigh Ins (feat. Rob Vicious)
Balzacc30 & RougeHotel – B2TK (2019)
– Pau
Le remède parfait pour survivre à un été caniculaire : une vague de fraîcheur suisse dans les oreilles. Cette fois-ci, elle est offerte par Balzacc30 et RougeHotel, membres émérites du collectif suisse Stranacorpus. Respectivement rappeur et faiseur de prods, ils livrent 10 titres parfaitement dosés pour une écoute planante sur la plage, la tête à l’ombre (toujours). Le premier titre, « Prisonnier du monde », donne une idée de l’univers : ça ne sera pas le projet pour siroter des cocktails à Palavas. Le jeune Suisse parle d’amour, d’envies et de tendresse « radicales », de mort, de liberté, avec une sorte de mélancolie entêtante, rendue rafraichissante notamment grâce aux sonorités confectionnées sur mesure. L’identité visuelle n’est évidemment pas un hasard ; c’est sans surprise que l’on retrouve également des thèmes oniriques, rendant le tout encore plus irrésistiblement léger. Une balade où l’équilibre entre le conscient et le quasi-fantastique est idéalement appréciable.
– Track : Balzacc30 - Prisonnier de mon Etat
Blu & Oh No – A Long Red Hot Los Angeles Summer Night (2019)
– Tis
Dès l’introduction, le contexte de cet album sorti en 2019 chez Nature Sounds est planté : l’action se situe à Los Angeles, Californie. Le berceau des gangsters, les vrais, les OGs qui évoluent entre "meurtre, vols et complots". Et c’est sur les bases de ce scénario esquissé, que Blu & Oh No vont dépeindre les pérégrinations d’une longue chaude nuit d’été, dans cette ville où il ne pleut jamais, si ce ne sont les larmes de Dieu.
Après plus d’une dizaine d’années de service et de collaborations chacun, la rencontre de Blu & Oh No donne un résultat assez fusionnel, mêlant rimes ciselées, allitérations nonchalantes aux productions versatiles, entre tension (mention spéciale au sample d’Alessandro Alessandroni), jazz et laidback. Le storytelling de Blu décrit tout au long de l’album une intrigue que ne renierait pas un mauvais film de série B : notre protagoniste principal séduit par une demoiselle se retrouve dans un guet-apens où il finit délesté de ses bijoux, de son argent et de sa dope. S’ensuit un récit entre orchestration de représailles et vengeance sanglante, à l’issue de laquelle il finit arrêté avant d’affronter la justice et d’être envoyé en prison - l’occasion de proposer un petit cypher sous le regard du gardien - pour mieux redevenir libre et retrouver sa vie quotidienne d’angelino. Entre allusions à Warren G et clin d’oeil au "Murder was the case" de Snoop, Blu se distingue par une écriture incisive et une description très imagée. Là où son rap peut parfois sembler trop chargé, la palette de samples usinés par Oh No vient équilibrer l’ensemble, à l’instar des nombreux invités participant à cet arc narratif. MED, Ca$hus King, Definite et Donel Smokes se prêtent aux rôles d’acolytes de Blu ou encore Tri State & Montage One en bandits de grand chemin.
Le résultat est cohérent, et les aventures nocturnes de cet antihéros apparaissent comme une synthèse digérée du rap de la côte Ouest entre technique propre à la scène underground et mâtinées de thématiques g-funk, le tout dans une représentation imagée d’un univers où la violence systémique de Los Angeles demeure un acteur à part entière. Sublimé par les beats qui œuvrent au côté cinématographique, un album concept dont les pistes s’enchaînent de façon appréciable, parfait pour s’égarer en ville lors des nuits d’été.
– Track : The Liquor Store (feat. Donel Smokes & Cashus King)
Cee Lo – Cee-Lo Green and His Perfect Imperfections (2002)
– Moise The Dude / Rappeur en peignoir
C’est probablement une cérémonie vaudou. La campagne Atlante est saturée d’humidité lourde et chaude, j’ai le white tee qui colle au bide. Le poulet était badigeonné de sauce pimentée, je vais boire l’eau boueuse de la première rivière venue. Des riffs de cuivre résonnent, basse et beat collent au semelles. Du chant, du rap, de la soul, du jazz, du blues surtout. Deepness et downtempo : magique tambouille. C’est du pur esprit Dungeon, "real dirty south", prolongement parfait des albums de Goodie Mob, complément rural des œuvres des deux plus fameux ATLiens. Ce qu’on aime ici c’est refaire le monde au crépuscule, sous influence et sous les touffes de mousse espagnole. On l’appelle aussi fille de l’air ou barbe de vieillard, famille des Broméliacées. Coup de maître, le prédicateur s’est chargé de tout : productions, voix, etc. Tout juste épaulé par quelques proches. Et les gens pensent que Cee Lo Green est le chanteur de Gnarls Barkley... Ah les cons !
– Track : Closet Freak
Crime Mob – Crime Mob (2004)
– Cuizinier / TTC
Peut-être pas l’album avec la touche la plus estivale mais c’est sorti en août 2004, et avec TTC on a décortiqué cet album dans sa totalité. On mettait ça en boucle à fond dans le van, je me souviens que Busdriver, rappeur californien qui était sur la route avec nous en tournée, hallucinait sur les paroles et le côté thug des meufs Princess et Diamond. C’était tellement violent qu’il en rigolait. Un peu a l’image d’un Kalash Criminel aujourd’hui, ce qui pour moi est une force chez les rappeurs. On connaissait un peu la scène d’Atlanta et on s’y intéressait à fond à l’époque, les Lil Jon, T.I., Ying Yang Twins... Mais ça c’était la jeunesse et le renouveau. La cover, tous en t-shirts 6xl, c’était la bonne époque. Premier morceau que je réécoute tout en écrivant et j’en ai des frissons, Knuck if you buck est un hymne ultra agressif, tout l’album c’est embrouille sur embrouille, bref la guerre en club en été.
– Track : Knuck If You Buck (feat. Lil’ Scrappy)
DJ Quik x Problem – Rosecrans (2016)
– Jul de la Virgule / Prof d’Histoire
Y a-t-il plus cliché que de choisir un disque de DJ Quik pour une playlist spéciale summer ? La question est rhétorique évidemment, David Blake nous abreuve depuis 1991 de délicieux titres confits parfaits pour les virées estivales. Son album Rosecrans en commun avec Problem de 2016 en contient plusieurs. D’abord un EP tout gris comptant déjà un brillant morceau titre avec Candace Boyd et The Game et ce A New Nite/Rosecrans faisant office de Quik’s Groove 10 avec ses bruits de consoles 8 bits agencés comme des flacons de rhums arrangés dans une épicerie fine. Un EP qui allait se transformer en LP au filtre rouge presqu’un an plus tard dans un printemps chaud. Une potion magique dématérialisée qui ne verra jamais le jour en physique. Une frustration énorme d’autant plus que ce LP allait enfiler d’autres perles à son collier. La plus belle : ce Chachi’s Ride coulant de sucre sur une ligne de basse ultra moelleuse. Une virée dominicale sur les routes sinueuses cévenoles en compagnie de ma douce. Quelques virages entre les hameaux paumés de St Jean de Pourcharesse et de St Pierre le Déchausselat. Une brise douce et des rayons de soleil pour percer le peu de nuages venant de l’Ouest. La voix envoûtante de Brittany Barber comme guide de montagne et celle caverneuse de Bryan J comme co-pilote. Un nouveau tour de magie irrésistible de DJ Quik prenait effet dans nos oreilles. Une smootherie imparable rappelant les plus belles pistes quiet storm de Sade chères aux rappeurs de la côte Pacifique. Un moment suspendu d’un disque taillé pour les climats doux et ensoleillés, qu’il soit californien ou méditerranéen.
– Track : Chachi’s Ride (feat. Brittany Barber & Bryan J)
Flesh-n-Bone – T.H.U.G.S. (Trues Humbly United Gatherin’ Souls) (1996)
– Crem
Un an après la sortie du classique E. 1999 Eternal, le premier album solo d’un membre de Bone Thugs-n-Harmony est signé Flesh-n-Bone. Aucun dépaysement. On reste dans du Bone Thugs pur jus. Armes, cimetières, rapts, extorsions... Mélodies inquiétantes, pianotées ou sifflées, et glas en début de mesures. Et toujours avec cette facilité dans les fows, imparables, prêts à être chantonnés après seulement 2/3 écoutes de l’album. C’est ce qui en fait un album parfait pour la saison. Alors peut-être pas pour les bbq entre amis, mais définitivement pour toutes activités nocturnes. Côté featurings, des autres membres du groupe (Krayzie et Layzie) sont évidemment de la partie. On pense à Eazy-E sur Coming 2 Serve You en duo avec B.G. Knocc Out, autre poulain de l’écurie Ruthless Records (avec son grand frère Dresta). Mention spéciale pour le track avec Big Pun et Fat Joe d’une rare sombritude. Alors pour changer du sempiternel trio L.A/Houston/ATL, venez faire un tour du coté de Cleveland cet été. Il s’agit d’un des meilleurs albums estampillé Bone Thugs-n-Harmony, et peut-être la plus belle réussite en solo d’un des membres du groupe. Malheureusement cet élan sera gâché par une peine de douze ans de prison qui empêchera Flesh de finaliser son deuxième opus initialement intitulé Book of T.H.U.G.S..
– Track : Northcoast (feat. Layzie Bone and Tiarra Damon)
Gene The Southern Child – Southern Meridian (2014)
– Zetray / Voyou cosmique
Gene The Southern Child vient de Florence, petite ville d’à peine 40 000 habitants de l’Alabama. C’est là qu’est né le "père du blues" WC Handy, ainsi que le son des studios Muscle Shoals, un mélange de blues, de gospel et de soul aux sonorités rock et country. Southern Meridian s’inscrit dans cet héritage musical et dans la mythologie du Sud des États-Unis au sens large. Gene y conviant tour à tour les récits ultraviolents de Cormac McCarthy et les albums de ses pères Southern Bred, Slave Kamp ou Mr Bigg pour parler de la brutalité sociale, de ses humiliations et de leurs conséquences traumatiques ("Split Personality"). Comme l’indique son nom The Southern Child est un pur produit de son environnement, pratiquant un gangsta-rap vieille école, encore doté d’une conscience morale et parcouru d’images issues du réel ("Flo-Town", "Police Pulled Me Over"). La production est assurée par le trio Parallel Thought, basé dans le lointain New Jersey mais dont l’un des membres, Caness, est originaire de Muscle Shoals. Si le son sudiste est bien présent notamment dans le choix des batteries et du BPM, les productions sont indéniablement marquées par le pedigree East-Coast du trio (qui a produit notamment pour MF Doom et Tame One). Les samples issus des musiques électroniques "lourdes", du drone ou du post-rock faisant écho à l’environnement étouffant des bords du fleuve Tennessee.
– Track : Flo-Town
Hoodoo & Wede – G Side (2002)
– Tibo BRTZ
Quels sont les ingrédients d’une bonne mixtape (dans sa forme originelle, une sélection mixée) ? On pourrait donner plusieurs critères : une sélection cohérente et surprenante à la fois, des titres pointus et efficaces, des enchaînements soignés, une atmosphère particulière, une pochette mémorable, et un soupçon de mystère.
Hoodoo (R.I.P.) & Wede ont coché toutes les cases, sur G Side – Undergound Rap from South & West, mixtape tellement mystérieuse qu’elle est quasiment introuvable sur le net (uploadée ici par le frère d’Hoodoo, merci à Tis pour son profond diggin). Ce projet quasi-fantôme date de 2002, et est « l’aboutissement de 10 années de recherche » d’après son livret. La sélection d’Hoodoo & Wede est parfaite, balaie le paysage gangsta rap d’Atlanta à Long Beach, de Memphis à Oakland, avec des tracks aux références pas toujours bien notées, ce qui permet à l’auditeur de se lancer dans des recherches marécageuses passionnantes. La tape commence avec une intro percutante de Techn9ne, avant de glisser progressivement dans une ambiance laid back, puis funky, et même carrément festive, avant de repartir sur une deuxième partie lugubre à souhait, avec un astucieux mix Brotha Lynch Hung / Three 6 Mafia. La suite reste plutôt G Funk, distille quelques pépites comme le Get Off my Sack de C-Funk ou le California Streets de DJ U-Neek, avant de finir en douceur avec un délicieux Devin the Dude. Le parcours sans-faute, une véritable B.O. d’été.
– Track : Daz Dillinger - Baccstabbers feat. Mark Morrison & Tray Deee
I Smooth 7 – Ghetto Life (1995)
– Pseudzero / (vulgar) Records
Smooth 7 vient de Crenshaw, l’épicentre du rap à LA. Suite à un premier album sorti en 94 -qui est au passage la première sortie officielle d’Afterlife, rien que ça-, il signe sur la sous-division rap de Motown, Mad Sounds, sur lequel il doit sortir l’album qui fera parler de lui, Ghetto Life. Malheureusement, comme bcp de ses compagnons de label, l’album finit placardisé et seul les promos lui donneront une petite réputation auprès des amateurs de westcoast, soutenus par plusieurs générations de bootlegs divers et variés. C’est la fin du rêve d’une carrière dans le rap pour Smooth qui s’arrêtera à cet album avorté et un single, "Coolin In Da Ghetto". Dommage car l’album avait tout pour plaire, des invités provenant du Goodlife Café (Volume 10, Ab Rude, Ganjah K..), une voix rauque inimitable et quelques tubes, dont le mélancolique "Ghetto Life", hymne lancinant à sa ville.
– Track : Ghetto Life
King Tee – At Your Own Risk (1990)
– Yann Cherruault / iHH™ Magazine / iHH™ Records
À la fin des années 80, Capitol Records et EMI, la maison-mère, s’engouffrent dans l’ébullition hip-hop avec deux faramineuses prises de guerre : les Beastie Boys sur la côte Est qu’ils arrachent à Def Jam et King Tee sur la côte Ouest, MC dans sa plus pure expression qui venait de finir ses classes dans l’indépendance (singles pour le label-référence Techno Hop notamment) et s’était déjà imposé comme un des monuments de Compton (L.A.), aux côtés de N.W.A. ou de Compton’s Most Wanted. En fin d’été 1990, deux ans après la première déflagration Act A Fool forte de 11 tours de force dégoupillés pour la major britannique, King Tee prépare la sortie de At Your Own Risk, un second album dont le titre résume une fois encore parfaitement ce à quoi on doit s’attendre. Et nul ne sera déçu ! Mettant en avant ses influences new-yorkaises, une gageure à l’époque dans une Californie de plus en plus autocentrée, Roger McBride enflamme la fin de l’été 1990 avec le single Ruff Rhymes (Back Again) aussi rugueux qu’addictif, orchestré par le génial DJ Pooh, vieux pote de King Tee, créateur originel de son univers sonore et sommité du collectif de producteurs L.A. Posse dont le rayonnement s’étendait alors de Compton à New York (LL Cool J, The Real Roxanne, etc.). Quelques semaines plus tard sort le monumental album At Your Own Risk avec sa remarquable pochette à nouveau mise en boîte par le grand Glen E. Friedman (Run-DMC, Ice-T, Public Enemy, Freddie Foxxx, Hijack, etc.) et une seule écoute suffit à convaincre les b-boys les plus exigeants que c’est un nouveau classique hardcore californien que vient de livrer King Tee. À la production, DJ Pooh excelle dans tous les registres, parfois appuyé par King Tee, ou passant le relais à une légende comme DJ Aladdin (Low Profile) comme à la relève comme Bilal Bashir (qui pond un improbable remake house du Miss You des Rolling Stones validé par ces derniers !) du Rhyme Syndicate d’Ice-T ou encore l’immense E-Swift de Tha Alkaholiks pour une démonstration aux platines ("E Get Swift"). La dynamique du Likwit Crew, collectif mythique créé par King Tee (Tha Alkaholiks, Xzibit, Lootpack, Madlib, Defari, Dilated Peoples, etc.), vient de se mettre en marche, inexorablement. L’album se clôt sur un missile inoxydable, Played Like A Piano, avec un instru pneumatique qui invite à la performance, ce dont ne se privent pas King Tee, Breeze et Ice Cube, les deux seuls featurings de l’album. "At Your Own Risk" restera à jamais une des pièces majeures sorties en 1990, un millésime de légende.
– Track : Played Like A Piano (feat. Ice Cube + Breeze)
Lee Bannon – Pattern of Excel (2015)
- Lasse Russe / Illustrateur
C’est un album d’ambient grosso modo, hors sujet complet mais comme il est produit par un ex-producteur de rap, j’ai le feu vert de Dirt Noze. Tout est possible, pensez-y les collègues l’été prochain quand vous aurez envie de parler d’un album de country au lieu de 2 Live Crew. Lee Bannon a fait des beats pour des gens liés à Pro Era et au Raider Klan. Il est parti jusqu’ici dans pas mal de directions différentes, du boom bap vers le cloud rap, la drum’n’bass (je sais ça vous fait flipper jusqu’ici, mais ça va être pire en l’écoutant) ... et des choses plus expérimentales comme cet album, sûrement son meilleur. À part "Inflatable" qui est un peu pénible, il forme un tout cohérent, sombre et hypnotique, avec de très belles textures, des ruptures, des rebonds. Comme c’est dépourvu de paroles et en grande partie de percussions, je vous propose de le lancer en faisant une activité calme comme la cuisine ou coudre un pullover. Si vous aimez Aphex Twin, The Haxan Cloak, The Books et consorts ça vous plaira probablement, sinon écoutez "Cold corner 2" de Lloyd Banks, c’est pas vraiment pour l’été non plus mais y’a beaucoup plus de basses.
– Track : Artificial Stasis
Lil B – Black Ken (2017)
– Manu Makak / Black Mirror / IHH Magazine
Lil B est génial, et il le sait. Mais s’attaquer à son œuvre gargantuesque peut vite décourager, le caméléon halluciné ayant la fâcheuse habitude de lâcher des tapes à peine mixées et interminables. Alors ce Black Ken à l’incroyable pochette, sorti au cœur de l’été 2017, s’impose à la fois comme un classique instantané et la meilleure porte d’entrée dans son monde malade et jouissif. C’est comme si Lil B avait voulu y condenser toutes ses innombrables personnalités et l’histoire musicale de sa région, cette Bay Area ultra-productive mais tristement – pour nous – autarcique. Il y a tout dans ces 1h40 intégralement produites par le based god : le gangsta rap synthétique des années 80, l’hystérique Hyphy locale, le cloud rap qu’il a en partie inventé, de la mob music, de la dance... Un parcours épuisant, mais comme une nuit orgiaque au cours de laquelle on aurait gambergé, racketté un grossiste, dansé comme un damné, baisé sous prods, tabassé des inconnus, souri béatement au soleil levant.
– Track : Da Backstreetz
Mad CJ Mac – True Game (1995)
– Jee Van Cleef
Si pour la majorité de mes compatriotes l’été commence le 21 juin, pour ma part il n’en est rien. L’été démarre officiellement le jour où il fait suffisamment soleil pour rouler toutes vitres baissées en jouant à un niveau sonore proche du trouble à l’ordre public ce morceau parfait qu’est Come and Take a Ride. Durant ces quatre minutes suspendues dans le temps, les platanes deviennent des palmiers, la Peugeot se prend pour une Impala ’64, et la grisaille quotidienne prend soudain des airs de vidéo clip improvisé. Si le duo magique n’avait usiné que ce cultissime fait de gloire, leur place au firmament serait d’ores et déjà incontestable, mais ils poussèrent l’outrecuidance jusqu’à accoucher d’un album tenant fièrement la comparaison face à ce single culte. Abritant onze ogives entrecoupées par quelques interludes de circonstance, ce True Game n’a absolument pas pris une ride depuis les 25 ans qui nous séparent de sa sortie. Du lancinant Let My Ni**as out The Pen qui ouvre l’album sur une note bluesy, en passant par l’incroyable hymne à la paranoïa qu’est Trust no et ses sirènes anxiogènes, jusqu’au morceau de clôture I Can’t Stand a Rat mariné dans le G-Funk le plus pur, aucune faute de goût à déplorer. Le seul regret potentiel serait de n’avoir jamais eu droit à une suite de la part du duo, mais après mûre réflexion, pourquoi vouloir remonter sur le ring quand on a déjà atteint la perfection ?
– Track : Come and Take a Ride
Mr. Pookie – Tha Rippla : Chopped and Screwed (2000)
– Dirt Noze
Quand le soleil est trop lourd, tellement qu’il brûle l’asphalt et que les couches de bitume se ramollissent sous le passage des pneumatique surgonflés, quand même à l’ombre tu suffoques et que la seule activité qui paraisse envisageable semble être une vie au ralentie en faisant l’économie du moindre effort, la musique idéale pourrait bien être une version ralentie et hachée des productions décharnées de Kevin A. À la toute fin des années 1990, le producteur maison du label de Dallas, Iconic Recordings, semble porter la torpeur du sud dans son ADN. Avec ses charlestons sautillants, hésitants entre le grésillement des criquets et les crissements du serpents à sonnette, ses basses lourdes et ensommeillées et ses notes de synthétiseur rachitiques, sa musique au funk très minimaliste avait déjà, en 1998, accompagné l’unique album de K-Roc, Tha Rockla. L’année suivante, c’est pour son compère Mr. Pookie que le producteur s’attèle a ciseler un album. Tha Rippla, qui réunira tous les membres gravitants autour du label (K-Roc, Remontis et surtout Mr. Lucci alors âgé de 15 an) rencontrera un gros un succès local. « Feel tha calmness of tha breeze as Mr. Pookie walks through tha hood », c’est avec cette phrase que Mr. Pookie entame la chanson qui donnera son nom à l’album comme une ultime tentative de rafraichir son auditoire. Un an plus tard une version chopped and screw officielle voie le jour pour en remettre encore une couche.
– Track : Crook For Life (Chopped and Screwed)
N.E.R.D. – Fly Or Die (2004)
– Zuukou Mayzie
L’album qui m’a le plus marqué. Pour moi, il représente vraiment la transition entre le rock et le rap. Je me suis buté à cet album quand j’habitais à Dakar, où j’ai vécu pendant trois ans. C’est lui qui m’a mis dans le délire rap / rock raffiné. Avant ça j’étais plutôt sous Blink 182, et j’ai vite dévié avec Fly or Die, la transition était parfaite. Le mélange des genres était réussi, avec les prods électriques signées The Neptunes, le duo de Chad et Pharrell qui a aussi produit pour Justin Timberlake, Britney Spears, Robin Thicke... C’était mon album incontournable, je pouvais l’écouter trente fois par semaine facile. Mon son préféré ? Je vais en choisir deux : Breakout et Backseat Love. Je me butais à ces deux sons. J’ai commencé à acheter du Billionaire Boys Club et du ICECREAM. Je pense que cet album a influencé ma musique actuelle, ce que j’ai appelé la “Wok Music” : tu viens et tu manges ce que tu veux. Il m’a aussi influencé dans le fait de ne pas vouloir être coincé dans une case, mais de tester, d’essayer plein de choses… Comme Maïté dans la cuisine. Donc Fly or Die, c’est vraiment l’album que j’ai le plus saigné, dont je parlerai à mes enfants. D’ailleurs big up au Loup Rouge, les connaisseurs sauront de quoi je parle.
– Track : Breakout
PNL – Deux Frères (2019)
– Nicolas Pellion / Pure Baking Soda / Fusils A Pompe
Les albums de PNL sont la bande son de tous mes étés depuis cinq ans. Tous les ans, alors que je crois les connaître par cœur, que je pense que tout a déjà été dit à leur sujet, une nouvelle strate de leur œuvre se révèle. Jusqu’à très récemment, je comprenais leur référence à Ryo Hazuki simplement comme celles à Vegeta ou Simba, comme une métaphore de leur désir de venger leur père. Puis est venu le confinement et j’en ai profité pour refaire les Shenmue. Les jeux relancés sans avoir à l’esprit leur dernier album, j’ai pourtant pensé à eux à chaque coin de rue. En tournant en rond dans Yokozuka, en fantasmant Hong-Kong pour finalement ressentir immédiatement la nostalgie de mon chez moi de pixels une fois rejoint l’ailleurs de mes rêves. Puis dans le visage et l’attitude stoïque de Ryo, pourtant censé être traversé par des émotions extrêmes, je n’arrêtais pas de voir les frères Andrieu. Parfois le ton mélancolique de la B.O. peut évoquer directement leur musique, mais le plus marquant est justement partout ailleurs… dans l’impression qu’ils ont tellement joué et absorbé Shenmue que tout ce qu’il y a de plus indicible dans son atmosphère se retrouve dans leurs disques. Une fois la trilogie terminée, je me suis mis à lire de vieux articles sur le jeu et suis tombé sur celui-ci, datant de 2010 : « Souvenir de la fadeur ». … avec la sensation étrange que dix ans plus tard, il reste peut-être le meilleur portrait jamais fait d’Ademo.
– Track : Shenmue
Poppa LQ – Your Entertainment, My Reality (1995)
– Golgo
1990, l’album Native Of A Native Son d’un certain rappeur de South Central L.A, surnommé Laquan, sort chez les disquaires, totalement inaperçu. Et ce n’est pas pour rien : des productions calqués sur les confrères new-yorkais, aux textes revendicateurs nous sentons bien que A Tribe Called Quest et Brand Nubian sont passés par là... 5 ans plus tard Laquan n’est plus. C’est Poppa LQ qui pointe le bout de son nez et le canon de son flingue. Il signe chez le premier label de gangsta rap du sud : Rap-A-Lot, du célébre J.Prince (qui a toujours eu un faible pour le rap de la Côte Ouest). Et sort son second album Your Entertainment, My Reality, message assez fort envoyé aux rappeurs et aux auditeurs. On y retrouve un casting de producteurs de qualité supérieure, qui arrivent à notre grand enthousiasme à marier les sonorités texanes et californiennes de l’époque. N.O Joe : grand artisan sonore de l’écurie R-A-L, DJ Battlecat : producteur légendaire de South Central, AMG : rappeur et producteur proche de DJ Quik, et un certain Tony Dennis. Niveau textes ça ne varie pas trop durant l’heure d’écoute ; ça parle d’armes à feu, ventes de drogue et autres petits larcins, des règles pour survivre dans la rue, d’ambitions pharaoniques dans l’illicite (comme dans l’unique clip extrait de l’album Why Hate Me), de femmes faciles et plantureuses etc. Mais on sent que l’album est scindé en deux. Nous passons de productions ensoleillées qui peuvent nous faire tenir des trajets en Impala 64 de Crenshaw à Houston, avec des sons comme South Central Soldier ou Neighborhoodsta Funk. Puis après l’interlude Fa Sho Do Lo, le soleil se couche petit à petit pour laisser place à une nuit dangereuse en période caniculaire... Où les armes sont de sortis et les cagoules sont prêtes à être enfilées, comme dans Killa 4 My Hood, Unsatisfied ou encore Who Can I Trust en featuring avec AMG et CJ Mac (que l’on retrouve une seconde fois dans ce projet sur Die Like A Gee... avec Menace Clan, eux aussi signés chez Rap-A-Lot Records tout en étant originaire des rues de Los Angeles). Cette album est en tout cas recommandé fortement pour les longues rides estivales, comme 99% des sorties venant du label du vrai maire de Houston.
– Track : Why Hate Me
Princess Nokia – Everything Is Beautiful (2020)
– Camélia / adidaswitch
Cette année, la princesse est revenue plus affirmée que jamais avec son double album Everything Sucks / Everything Is Beautiful, qui sont comme les deux faces d’une même pièce. Ce double album agit comme un miroir sur l’année que nous passons : "everything sucks". Mais avec Everything is Beautiful, la princesse met l’accent sur ce qu’il peut y avoir de beau. Versatile, elle démontre une fois de plus la largeur de son registre et de ses influences. L’album démarre avec un morceau chaleureux, aux influences funk et soul, qui rappelle les étés des années 70. Au fur et a mesure que l’album évolue, on sent une affirmation stylistique, toujours dans un esprit estival et vintage. Princess Nokia nous amène doucement vers des ambiances plus personnelles, plus douces. Conclusion vient clore l’album avec une réflexion sur son art, sa musique et l’artiste qu’elle est. Elle y met en avant son désir d’expérimentation, de faire sa propre musique, même si elle ne pouvait pas en vivre par le passé. Parmi ses influences nerdy, on peut citer Steven Universe, dont les vibes douces et cloudy viennent s’incorporer à son œuvre. Princess Nokia est bien une nerd et c’est en ça que son art est aussi varié. Cet album est parfait pour positiver et chiller, passer un bon moment avec soi-même à ne rien faire de particulier.
– Track : The Conclusion
Rappin’ 4-Tay – Don’t Fight the Feelin’ (1994)
- Sylvain Bertot / Fake for Real
Qui dit été, dit soleil. Qui dit soleil, dit Californie, même si c’est pour celle du Nord, à San Francisco, dans le quartier de Fillmore, que nous partons. Anthony Forté, alias Rappin’ 4-Tay, était là-bas depuis le début. Dès 1988, alors qu’il sortait du lycée, on l’entendait sur Don’t Fight the Feelin’, un morceau de la grande figure de la Bay Area, Too $hort. Ce titre, il le reprendra pour nommer son deuxième album, quand au cours de la décennie suivante, après avoir résolu ses quelques soucis avec la justice, il se lancera sérieusement dans sa carrière. Pour ceux qui savent, cet opus est un vrai classique du rap West Coast, et Playaz Club, un tube souple et suave qui exposait la face festive du rappeur (il en avait une autre, plus rude, et non dépourvue d’une certaine épaisseur sociale) et qui samplait merveilleusement la délicieuse guitare introductive du Private Number de Judy Clay et William Bell, en était le single phare.
– Track : Player’s Club
Smacc Turner - Project Housing Mayonaise Sandwiches 2019
– Irandal LaFlare
Parmi ces villes du Midwest où la musique de la Bay résonne, Kansas City est sûrement la scène où la relation avec la Californie du Nord est la plus intime, presque familiale, et surtout profondément marquée par la disparation de Mac Dre en 2004. Douze ans plus tard, un laconique "I’m runnin’ KC" lâché par Joe Blow rappelle à tout le monde que les relations familiales peuvent aussi voler en éclat. Smacc Turner, accompagné d’autres artistes du Missouri, ne pouvaient laisser l’affront impuni et répliquent dans un morceau qui alterne entre des piques contre Blow et un hommage aux légendes des deux scènes. Enregistré dans les mois qui entourent ce beef, Project Housing and Mayonnaise Sandwiches fait figure d’album de la réconciliation comme en témoigne la présence de Joe Blow au casting. Rempli de samples de R’n’B, de voix féminines pitchées et de tous les thèmes chers aux artistes qui ont foulé les rues d’Oakland, de Vallejo ou encore Pittsburg, ce disque symbolise parfaitement l’influence de la Bay Area dans le Midwest. Au final, écouter ce disque, c’est un peu comme aller passer quelques jours chez des cousins qu’on a pas vus depuis longtemps, avec qui on peut se disputer mais avec qui on finit toujours par se rabibocher. Et quelle meilleure saison que l’été pour prendre la route et aller rentrer visite à la famille ?
– Track : No Pretend
Southcide 13 – Du Berceau à La Tombe (2008)
– B2
Le deuxième album de Southcide 13 est un sommet du son West français sans être un disque cliché. OG Kim et BG Lolo ne sont pas dans une démarche de wannabe Californiens et ne courent pas après un lifestyle. Les flows, les instrus, la technique, sont ouest-americains mais les problématiques et le discours sont français. Excellentes de bout en bout, les prods d’Aelpeacha constituent le parfait tapis pour que le SC13 écrive une histoire des rues parisiennes, sur fond de guerre des bandes. Chasseurs est l’incroyable narration de la guerre sans merci livrées aux skinheads d’extrême droite. Rien n’est exotique ni reluisant, mais c’est une réalité. Drames et violence sont au cœur d’un album qui offre cependant quelques aérations, que ce soit par des formulations au détour d’un couplet, des refrains ou un titre entier comme La fessée déculottée. Cette bonne quinzaine de titres constitue un des meilleurs albums des années 2000 dont la direction artistique est aussi brillante que l’authenticité criante. Nul besoin d’attendre l’été pour le sortir mais indéniablement, Du Berceau à la tombe constitue la bande son idéale d’une après-midi à la cool auprès d’un lac à boire du rhum en lacérant des nazis avec des copines et à faire tourner des porcs sur la broche jusqu’à pas d’heure.
– Track : Chasseurs
TT The Artist – Art Royalty (2015)
– Anaïs Lawson / Jeune à Jamais
Imma Shake, Pum Pum, Giddy Up... Sur l’album Art Royalty de TT The Artist, les titres des morceaux sont prêts à en découdre avec les dancefloors estivaux. C’est rare que je fasse un DJ set sans que le flow tranchant de cette rappeuse floridienne viennent balancer un Thug It Out : ce morceau sur la 3ème piste c’est comme une drogue, TT qui t’invite à la baston sur une prod évolutive agrémentée de bruits de guns, c’est totalement mon délire. Pour moi cet album sorti en 2015 produit par Mighty Mark est indémodable, tout en étant un condensé de bangers. Un projet explosif qu’elle a réalisé avec 5 beatmakers différents comme Blaqstarr ou le français Big Dope P. Ça parle principalement de sexe tout en mélangeant hip-hop, Baltimore club, dance voir EDM. Ce projet me rappelle une belle période où j’ai pu écouter des artistes féminines qui n’entraient pas dans les codes que je connaissais (RnB, Pop), des nanas comme Maluca, Rye Rye, Santigold, uniiqu3… Fun Fact : JLo et Iggy Azalea ont samplé son morceau Dat a Freak produit par Diplo pour leur tube de l’été Big Booty.
– Track : Thug It Out
Various artists – The Mekanix Presents 4rAx as Hook Mitchell (2018)
– Jocelyn Anglemort
Lorsque chaque été les producteurs Tweed The Great et 4 Rax décident de réunir leurs amis dans une chouette baraque de bord de mer, ce n’est pas pour empiler la chialence et les digressions « 1ère Littéraire » tel notre bon vieux Guillaume Canet et ses petits mouchoirs. Ici, quand il s’agit de rendre un hommage appuyé à ceux qui n’ont pas pu venir (souvent coincés entre 4 murs, parfois entre 4 planches), on entre dans le booth du Hennessy plein la vessie, avec la ferme intention de cracher sa vérité le torse fièrement bombé. Et que dire du casting ? Pour se succéder au micro dans les différents projets du duo (Donuts, Under The Hood, Restoration), nous retrouvons tout simplement ce qu’il se fait de mieux au niveau de la Bay : de Shady Nate à Mozzy, de Lil Blood à Keak Da Sneak, de Husallah à D-Lo, de C-Bo à The Jacka… la liste est longue ! Niveau sonorités, la recette du duo suit la trace hyphy initiée par les acolytes des pionniers E-40 et Mac Dre – Mike Mosley ou Studio Ton par exemple – soit une combinaison de basses surpuissantes et de foutus synthés au milieu desquelles fourmillent une multitude d’effets et de samples (We Put You In The Game et Can You Handle Yo Drug devraient raviver de bons souvenirs chez certains). Ambiance drive-by par nuit brulante. Notons enfin que, comme son nom l’indique, la particularité de ce projet se trouve dans les apparitions de 4 Rax au micro (dont certaines proviennent d’albums d’autres rappeurs), laissant momentanément ses machines pour enchainer les refrains chantés, mélangeant allégrement autotune et voix éraillée au profit d’un rendu assez unique. Largement de quoi vous rester en tête jusqu’à l’automne.
Et pour aller plus loin, une sélection toute personnelle de nombreux morceaux produits par le duo est disponible sous ce lien.
– Track : Vellione feat. 4rAx - Hennessey Don’t Help
Wiz Khalifa – Kush& Orange Juice (2011)
– Oscar Courvoiser
Et si l’été n’était pas une saison mais un état d’esprit ? Comment penser que ce projet ensoleillé à été écrit par un natif de Pittsburgh ? ville ou la température ne dépasse pas 10 degrés pendant plus de 6 mois de l’année. Kush & Orange Juice nous raconte cette amourette d’été clichée et idyllique, elle est ici non pas amoureuse mais artistique, c’est la rencontre entre Wiz Khalifa et Cardo. De cette rencontre vont naître deux des meilleurs morceaux de la discographie du rappeur : Mezmorized et In Tha Cut. Evidemment Cardo n’est pas seul sur ce projet, la direction artistique globale amène à cette mixtape une ambiance laidback et groovy qui rappelleront aux plus âgés d’entre vous le flegme légendaire d’un Devin The Dude. Cette mixtape c’est aussi le reflet d’une époque, celle de DatPiff, des heures passées à télécharger au hasard des terra-octets de mp3 en espérant tomber sur la perle rare, celle qui vous fera ressentir la bonne émotion au bon moment. Ce projet est aujourd’hui pour beaucoup d’entre nous un véritable spacecake de Proust, reflet d’une époque ou le digging n’était pas le fruit d’un algorythme mais d’un véritable effort de passionné.
– Track : Wiz Khalifa - The Kid Franckie
Liste des pistes :
- Pandemic summer is right around the corner (intro)
- DJ Quik & Problem - Chachi’s ride feat. Brittany Barber & Bryan J (prod. by DJ Quick & Problem)
- KEY ! - Boys don’t cry feat. Bobby Raps (prod. Al B Smoov)
- Vellione - Hennessey don’t help feat. 4rAx (prod. The Mekanix)
- Poppa LQ - Why hate me (prod. Joseph Johnson)
- King Tee - Played like a piano feat. Breeze & Ice Cube (prod. DJ Pooh)
- Mad CJ Mac - Come and take a ride feat. Poppa LQ & SexC (prod. MAD)
- Southcide 13 - Chasseurs (prod. Aelpéacha)
- Daz Dillinger - Baccstabbers feat. Mark Morrison & Tray Deee (prod. Daz Dillinger)
- Lil B - Da backstreetz (prod. Lil B)
- Rappin’ 4-Tay - Playaz club (prod. Cyrus Estaban*, Franky J)
- ALLBLACK & Kenny Beats - Weigh ins feat. Rob Vicious (prod. Kenny Beats)
- Wiz Khalifa - The Kid Frankie (prod. Big Jerm)
- N*E*R*D - Breakout (prod. The Neptunes)
- Blu & Oh No - Liquor store feat. Cashus King & Donel Smokes (prod. Oh No)
- Mr. Pookie - Crook for life (chopped & screwed) (prod. Kevin A)
- Lee Bannon - Artificial stasis (prod. Lee Bannon)
- PNL - Shenmue (prod. Nk.F & Joa)
- Smacc Turner - No pretend
- TT The Artist - Thug it out (prod. Mighty Mark)
- Cee-Lo - Closet freak (prod. T. Callaway)
- Flesh-N-Bone - Northcoast (prod. Damon Elliott)
- Balzacc30 & RougeHotel - Prisonnier de mon état (prod. RougeHotel)
- Gene The Southern Child - Flo-Town (prod. Parallel Thought)
- Crime Mob - Knuck if you buck feat. Lil Scrappy (prod. Lil Jay)
- I Smooth 7 - Ghetto life (prod. Fat Jack)
- Princess Nokia - The conclusion (prod. Tony Seltzer)
Mix : Tis
Cover art : Dirt Noze