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Mixes/Compilations

SwampDiggers’ Summer Camp #3

Sélection d’albums pour période estivale

La rédaction, le 5 juillet 2018

Une sélection fine de rap à écouter à très haute température.

Pour la troisième fois, nous vous proposons de (re)découvrir ces albums qui accompagnent l’équipe chaque été lorsque s’ouvre la saison de la chasse aux campeurs frivoles de bord de lac. Une sélection de projets tous frais, d’autres biens conservés, certains carrément revenus d’entre les morts, qui, nous l’espérons, vous donnera envie de distribuer les coups de machettes le visage dissimulé sous un vulgaire sac à pommes de terre.
Bonnes vacances !

Télécharger le mix

Booty Call Records & Regulate – Juicy J remixes EP (2011)

Qu’écoutent l’été ceux qui ne possèdent ni Cadillac ni océan à proximité, et encore moins de club où dépenser ces euros que de toutes façons personne n’a en poche ? Peut-être essorent-ils les semelles de leurs Timberland sur fond de boom-bap ou de trap atlantesque, comme le reste de l’année. Peut-être qu’ils abandonnent momentanément le rap au profit d’une musique plus bruyante et propice à cette vie nocturne si particulière de la province profonde. Pour ceux qui se situent à la lisière de ces deux univers, il est clair que ce Juicy J Remix EP, fruit de la rencontre entre les parisiens du crew Booty Call et du belge Dave Luxe, composera la parfaite B.O d’une virée en 205 Junior à la recherche d’un endroit où taper du pied (et du Mitsubishi à 10 balles l’unité si possible). Sucrés et guillerets comme un mélange Rachmaninoff / Monster, ces remixes ghettotech, booty bass et juke de tubes du Juteux J réunissent dans la fiesta les petits et les grands, les noirs et les blancs, les dealers et leurs clients. Une sélection qui accompagnera à coup sûr une bagarre devant la salle des fêtes du village, l’évacuation musclée d’une fête sauvage en forêt ou le pool party d’une résidence pavillonnaire d’une ville de moins de 5000 habitants.
(Jocelyn Anglemort)

 Track : Juicy J - Rubberband Business 2 Intro (Leatherface Remix


Curren$y & Harry Fraud - The Marina EP (2018)

Souvent ça part d’un message du genre ’’commencez à réfléchir à votre album pour le Summer Camp’’ dans la conversation Swampdiggers en DM. Le Summer Camp... Un album pour l’été... Jusqu’au dernier moment j’avais choisi d’écrire quelques lignes sur le premier Big Boi. Sir Lucious Left Foot : The Son of Chico Dusty avec son climax Shine Blockas. Ce magnifique sample de Harold Melvin & The Blue Notes, le refrain de Gucci... C’était parfait comme choix. Puis fin juin Curren$y débarque avec Harry Fraud... The Marina EP. La claque ! Après Cigarette Boats et The Stage EP (en trio avec Smoke DZA), voici donc le troisième épisode de projets communs entre messieurs Fraud et Andretti. Et ici on monte encore d’un cran. Les prods aériennes sont plus que bienvenues pour couper avec la sempiternelle west coast estivale. Seul défaut de ce format court, être sorti un peu trop tôt. Peut-être que l’impact aurait été plus grand en plein milieu de la saison, quand les journées sont lourdes et les nuits moites. Et où l’on tourne en voiture toutes vitres baissées. Parce-qu’on a rien à faire. Parce-qu’on arrive pas à dormir.
(Crem)

 Track : Curren$y & Harry Fraud - The Count feat. Wiz Khalifa


DJ Cream - California love (2002)

California Love est le premier volume ensoleillé d’une série de deux compilations dédiées au son west coast réalisées par DJ Cream en 2002 et 2003. Celui qui a ravi plus d’un amateur de cassettes mixées fin des années 90 et début des années 2000, confectionne ici une sélection réussie d’une vingtaine de titres dont la majorité sont désormais passés à la postérité, certains classiques s’invitant quasi-systématiquement dans les playlists estivales. Il n’empêche : de l’introduction mixée (désormais trop souvent regrettée) aux intros/outros des morceaux (retravaillées telles des party breaks pour dynamiser les transitions), la crème de la crème du son g-funk de l’époque s’enchaîne de façon savoureuse au rythme des claps et des basses vrombissantes. De Snoop à DJ Quik, de Dr Dre à Kurupt, d’E-40 à Above The Law sans oublier l’essentiel Nate Dogg, cette compilation abandonnée au fond d’une boîte à gants et dans les tréfonds des internets est une bande-son parfaite pour les ballades sous le soleil, à redécouvrir avec ou sans Chevrolet Impala 1967.
(Tis)

 Track : Nate Dogg, Nas & JS - The Goodlife


DJ Fresh - The Tonite Show with The Jacka (2012)

The Tonite show, c’est quoi ? C’est à chaque fois le nom d’une mixtape composée des instrus planantes de DJ Fresh et des vociférations d’un rappeur invité par le DJ d’Oakland. Le casting est exhaustif et varié : Freddie Gibbs, J-Stalin, Raekwon, Keak Da Sneak, Mozzy… On ne compte plus le nombre de poids lourds qui ont leur Tonite Show. Ici je vous recommande celui de feu la putain de légende The Jacka, une cassette mélancolique parfaite pour les aoûtiens et juillettistes qui roulent la nuit. Et une des meilleures portes d’entrée dans la discographie de DJ Fresh.
(Pierre Leskurrt)

 Track : DJ Fresh & The Jacka - The Jacka Blues


Dom Kennedy - From the westside with love II (2011)

Dans la discographie de Dom Kennedy​ son album Get Home Safely et son Yellow Album (avec le tube My Type of Party) tiennent le haut du pavé, mais From the westside with love II ne se positionne pas loin derrière. Le premier opus l’avait imposé en nouvelle référence du rap indé à LA, celui-ci sera son premier album à recevoir une distribution commerciale en bonne et due forme. Sous des allures de manifeste de l’attitude west-coast, Dom Kennedy délivre un projet un peu fourre-tout mais terriblement généreux. Pas de quoi réinventer la roue chromée, mais rétrospectivement il marque un moment de transition important pour la scène californienne. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un oeil à la galerie de rappeurs et producteurs qui s’y succèdent. Des têtes aujourd’hui familières comme DJ Mustard​, Cardo ou Swiff D​. Le morceau Hoes and Rhymes regroupe symboliquement Casey Veggies ​et Schoolboy Q​, comme si la musique de Dom Kennedy était le chaînon manquant entre Odd Future​ et TDE​. Son pote Polyester the Saint​ - ils sont inséparables depuis leur collaboration sur L.A.U.S.D Presents... Curly Tops and Nautica Jackets - est évidemment de la partie, notamment à la production du groovy OPM. A cela s’ajoute des spécialistes du laidback comme Chuck Inglish​ ou BIG K.R.I.T. ​qui viennent compléter cette bande-son idéale pour rouler sur la côte à deux à l’heure. C’est ainsi qu’on imagine Dom Kennedy : fidèle en amitié et fédérateur. Il nous ouvre grand les portes de son quartier de Leimert Park​, qu’il peint en havre de paix à l’abri des tensions de LA, pour un barbecue en plein air ou une partie de baseball. Apôtre du feel good, Dom Kennedy avoue n’avoir pas vraiment d’autres centres d’intérêt que les sapes et les filles. Il s’en excuse même en ouverture de l’album sur Dom Prayer, et on lui accorderait volontiers le pardon. A-t-on vraiment envie de penser à autre chose quand vient l’été ? Pour le reste, on verra à la rentrée.
(Julien P.)

 Track : Dom Kennedy - OPM


Hollertronix – Never scared (2003)

Philadelphie, début des années 2000. Low Budget et Diplodocus ont la bonne idée d’unir leurs forces derrière les platines, les soirées Hollertronix prennent vie et le nord de la ville s’y déhanche jusqu’à l’aube. Galettes soigneusement sélectionnées, le set des 2 compères mélange sans complexe des styles musicaux que tout semble pourtant opposer. Le public adhère à cette rafraîchissante audace et des mash-up du duo se retrouvent rapidement sur une poignée de blogspots et autres forums de l’époque. Le label Money Studies finit le travail en répandant les fruits de leur collaboration à travers une série de vinyles et donc ce fameux cd mixé : Hollertronix… Never Scared. Quinze ans plus tard, Never scared se montre encore efficace à rompre la lenteur d’une de ces journées d’été passée à lézarder. Le mix est découpé en 11 pistes mais tout s’enchaîne pour former un ensemble aussi explosif qu’une bouteille un peu trop secouée. Three 6 Mafia, Eurythmics, Ludacris, New Order, Bone Crusher (forcément)… sans surprise le mélange est total et ses effets restent implacables.
(rimrimrim)

 Track : Hollertronix - Fall Back


Juice WRLD - Goodbye & Good Riddance (2018)

Il y a des étés où tout baigne sous le soleil et d’autres où votre copine vous dit "je pense que ce serait mieux qu’on se sépare pour les grandes vacances". Pas sûr que vous soyez encore au lycée pour entendre ce genre de phrase mais Juice WRLD, lui, à l’âge pour ces bêtises. Pourtant, entre les skits où sa meuf veut le récupérer ou s’en fout de lui, on retrouve une réelle qualité dans sa musique. Reconnu pour son infectieuse track Lucid Dreams réalisée par Nick Mira, le producteur qui a confectionné la grande majorité de ses sons, Juice WRLD se place sur un spectrum compris entre Lil Uzi Vert, Post Malone et Future, tout en conservant son identité emo. Sa force réside alors dans son grain de voix particulier et sa capacité à créer des mélodies et des refrains entraînants qui pullulent le projet. Signé chez Interscope pour 3 millions, Juice WRLD est une étoile montante qui promet déjà de nouveaux projets plus rappés pour contraster les ambiances spatiales et l’omniprésence du chant sur Goodbye & Good Riddance. Et si vous n’avez pas de peine de cœur cet été, vous pourrez toujours vous concentrer sur Long Gone, produit par le Roi Soleil en personne : Cardo.
(George de la Maille)

 Track : Juice WRLD - Lucid dreams


Juvenile - 400 Degreez (1998)

Véritable ride à bord d’une Ferrari en feu dans les rues délabrées des Magnolia Projects (New Orleans), ce disque – qui fêtera en novembre ses 20 ans – est un classique estampillé Cash Money Records et certifié quatre fois latine, amorçant la mainmise du label sur la région au détriment de No Limit Records, débutant alors sa perte de vitesse.
Sur des beats synthétiques et énergiques, entièrement produits par Mannie Fresh et influencés par la bounce music et le folklore néo-orléanais, Juvenile représente son ghetto et nous en conte ses histoires – version guérilla – remplis à la fois de violence et de moments de détente, à la fois de pauvreté et de vie de luxe, de liasses de billets, de bling-bling, de grosses voitures, et de sexe. Et si vous pensiez Juvenile mauvais, ne vous y fiez pas : c’est que jusque dans son style atypique il bénéficie du label AOC NOLA, qui froissa un bon nombre d’auditeurs (coucou les puristes new-yorkais) pas assez connaisseurs de la région et de sa musique. L’argot local y est omniprésent, l’accent est à couper au couteau, Juve et sa bande (notamment les 3 autres membres des Hot Boys : Lil Wayne, BG. et Turk) mangent ou rajoutent des syllabes, les flows sont traînants (contrastant avec les hi-hats galopants), comme écrasés par la chaleur néo-orléanaise, parfois mi-chantonnés (sans doute une influence des folklores locaux), parfois off-beats. Morceaux mythiques illustrant ce style et fiers étendards de NOLA : Ha et son clip tout aussi célèbre, véritable portrait documentaire de la vie à Magnolia et de sa population, mais aussi le bouillant Back That Azz Up, hymne au twerk bien avant que le phénomène franchisse les frontières de la Louisiane et du dud des États-Unis.
(Gho$tFrieza)

 Track : Juvenile - Ha


K-Roc - Tha Rockla (1998)

Tha Rockla, diamant fin parfaitement ciselé pour affronter la torpeur caniculaire, est certainement un des secrets les mieux gardés du vieux sud. K-Roc, originaire de Dallas et membre de l’écurie Iconic Recordings, pose son flow flegmatique sur des productions lourdes et minimales qui transpirent le bitume et l’immobilisme. Avec des basses très grasses qui semblent supporter le poids du monde, des charlestons aiguisés sautillant sur des synthétiseurs rachitiques et des refrains chantés à la frontière de la justesse, les productions signées Kevin A, comme pour toutes les sorties du label, sont la bande son idéale pour aller trainer toute l’après-midi, en claquettes, à l’ombre du growcery store. En dehors de ce premier et unique album, K-Roc ne laissera malheureusement que peu de traces dans l’histoire de la musique. Premier pas du label, on retrouvera dans les sorties suivantes cette touche toute en lourdeur du producteur, comme dans l’excellent Tha Rippla, l’album de Mr. Pookie sorti l’année suivante et que l’on vous recommande d’écouter à la suite.
(Dirty Noze)

 Track : K Roc - Unfuckwitable feat. Mr. Pookie


Key Nyata – The Shadowed Diamond (2013)

Key Nyata n’a que 18 ans lorsqu’il sort son premier projet studio en prolongement de nombreuses mixtapes artisanales très remarquées. Malgré une poignée de titres lo-fi, The Shadowed Diamond se démarque des sorties estampillées Raider Klan en s’éloignant du son et de l’esthétique propres au gang. La production, assurée par Nyata et P Smoov, est ici plus profonde qu’à l’accoutumée et s’efforce de regarder en direction de la nouvelle vague plutôt que dans le rétroviseur. Avec son space-Cadillac psych-phonk rap chargé en nappes de synthés, en effets vocaux et en cœurs féminins, le rappeur s’aventure vers des atmosphères plus variées, sombres et sensuelles. Point culminant de ce rite mystique : 6 minutes d’outro mouvantes sur fond de piano et sous puissante influence de psychotropes. Des expérimentations qui rappellent le travail de Clams Casino ou de Blue Sky Black Death dont on retrouve un collaborateur de longue date, Nacho Picasso, en featuring, ainsi qu’un jeune espoir de LA : Vince Staples. Si SpaceGhostPurpp aime rapporter ses coïts fougueux encerclé de strip-teaseuses, Key Nyata, lui, à l’image de son homonyme dans les romans de Donald Goines, préfère les longues étreintes à l’arrière de bagnoles éclatantes, surtout lorsqu’il invite la chanteuse Phlo Finister à le retrouver sur la banquette pour un Phonk in the Backseat.
(Jocelyn Anglemort)

 Track : Key Nyata - Phonk In The Backseat feat. Phlo Finister


Lil 1/2 Dead - The Dead Has Arisen (1994)

Sorti en 1994, le 1er album de Lil 1/2 Dead incarne à la perfection Long Beach et son g-funk, starifiés par Warren G quelques mois plus tôt avec l’incontournable Regulate. Entre weed anthem et story telling, ce n’est pas par l’originalité de ses textes que The Dead Has Arisen tire son épingle du jeu, mais plutôt grâce à l’atmosphère smooth et relax qui imprègne le projet. Avec un flow nonchalant et sautillant, des samples grillés de Roy Ayers ou des Ohio Players, on trouve dans cet album l’essentiel des ingrédients du g-funk méga chill, qui se propulsera en tête des charts pendant quelques années, notamment grâce aux célèbres cousins de Lil ½ Dead, Nate Dogg, Daz et Snoop. L’ensemble est très homogène, parfois redondant (le sample de Funky Worms est utilisé sur 2 pistes, alors que l’album n’en compte que 14), mais on est loin de bouder notre plaisir tant cette vibe californienne est maîtrisée et efficace : n’ayons pas peur des mots, The Dead Has Arisen est à classer dans le top ten des meilleurs albums de g-funk. Lil ½ Dead a été un des pionniers du style laid back, mais sera rapidement oublié, après un pourtant très bon 2ème album, Still On A Mission, sorti 2 ans plus tard. Un 3ème projet, Dead Serious, verra le jour en 2012, mais sera plus anecdotique. C’est dans l’affaire du meurtre de 2Pac que le grand public réentendra parler de Half Dead : ce dernier reprochait à la star de lui avoir volé le texte de Brenda’s Got A Baby, ce qui lui a valu d’être suspecté de complicité dans la fusillade de Las Vegas…
(Tibo BRTZ)

 Track : Lil 1/2 Dead - Had to Be a Hustler


Nacho Piccasso – Lord Of The Fly (2012)

Entre 2011 et 2012, Nacho Picasso et le duo de producteurs Blue Sky Black Death décident de s’associer pour donner naissance à une formidable odyssée en 3 actes : Lord of the Fly, For The Glory et Exalted. Dans cette réinterprétation crasse et débauchée de la Grèce Antique, le rappeur de Seattle se projette en plein Mont Olympe, bien décidé à jouir de tout ce que notre Monde a à offrir : orgies, ripailles, stups et autres perversions. Nacho façonne ici une mythologie moderne, démolissant les nobles icônes et érigeant les rebuts en héros. De leur côté, les BSBD sont alors au sommet de la vague cloud qui s’abat à ce moment sur le rap US, explorant sans cesse de nouvelles frontières sonores en fusionnant musique électronique, ambiant et inspirations sudistes pour de divines envolées. Tels les nuages qui entourent le sommet de la montagne, l’osmose est totale. Les longues nappes éthérées, les beats lents et suaves – indéniable influence de DJ Screw – et la richesse des drums et des synthés permettent de briser la monotonie du flow asthénique d’un Nacho qui, cuit par les excès, n’a plus qu’à laisser glisser son sens affuté du storytelling. La grande force du rappeur réside en effet dans l’étendue de son imaginaire et sa capacité à réunir les références : se mélangent ainsi culture nerd, déviances sexuelles, connaissances culinaires et name dropping pointu. Profondément grossiers, arrogants et misogynes, les textes de Nacho sont de perpétuelles blagues graveleuses que les stoners se racontent entre deux lignes. Galvanisé par les psychotropes, l’univers rappelle celui de William S. Burroughs - à qui Nacho rend d’ailleurs hommage avec le titre Naked Lunch - rempli de monstres pervers dégoulinants, de drogues synthétiques et d’hommes à nichons et à la gâchette facile.
(Jocelyn Anglemort)

 Track : Blue Sky Black Death & Nacho Picasso - Staring at the Sun


Sabotage - Rap É Compromisso ! (2002)

Au Brésil, alors que les favelas bigarrées de Rio donnaient naissance au sulfureux funk carioca, le rap nacional était régurgité par l’enfer bétonné de São Paulo. Ses premières engeances se nommaient RZO​ et Racionais MC’s​, des types aux mines patibulaires obsédés par le ton glaçant de Mobb Deep ​et le discours radical de Public Enemy​. Mauro Mateus dos Santos, dit Sabotage​, tient une place à part dans cette histoire du rap brésilien. Il le doit un peu à son physique cartoonesque aux faux airs de ODB​ et de Coolio.​ Et beaucoup à l’émotion provoquée par sa mort brutale, un matin de janvier 2003, sous les balles d’un trafiquant avec lequel il entretenait une vieille querelle. Il l’a surtout conquise grâce à l’unique album qu’il eu le temps d’enregistrer entre 1998 et 2000, intitulé Rap é Compromisso ! Ce titre qui fait office de leitmotiv dans tout l’album, qu’on traduirait par "le rap est un engagement" voir "un serment", révèle la dimension salvatrice du hip-hop aux yeux de cet enfant de la favela do Canão, îlot de misère au cœur du luxueux quartier paulista de Brooklin. Car si le sambista aime chanter les aventures du malandro, le petit délinquant qui se tire toujours d’affaire grâce à son bagou, Sabotage lui en était l’incarnation. Il savait mieux que quiconque ce que signifie jouer sa vie avec ses mots. Pourtant, là où ses pairs de Facção Central​ ou des Racionais​ se faisaient les chantres d’un rap vindicatif, sa musique paraît presque légère. Le disque puise ses sonorités du côté du g-funk​ incontournable à l’époque, mais aussi de la música popular brasileira​, la variété brésilienne. Les thèmes abordés sont durs, mais pris entre les violences policières et la faim qui le tiraille, Sabotage ose malgré tout peindre un peu de bonheur. Rap É Compromisso ! est surtout une déclaration d’amour à sa Zona Sul, où il traîne ses savates de favela en favela, décrivant le quotidien de ceux dont d’autres diraient qu’ils ne sont rien, les modestes, les humbles, dont il fait les héros de son récit.
(Julien P.)

 Track : Sabotage - Na zona sul


Tyler, The Creator – Goblin (2011)

Goblin, c’est une photo que je ressors chaque été depuis 7 ans désormais. L’image de l’âme glauque d’un gamin un peu perdu, immortalisée sur l’un de ces appareils jetables qu’il affectionnait en ce temps. Une photo que j’ai moi même immortalisée, tant elle incarne mon été 2011, tant elle me fascine. Une photo musicale, dépeignant les traits d’un jeune californien dépressif et génial aux pensées bizarroïdes. Des traits caractéristiques qui apparaissent sur le négatif de cette même photo, aux couleurs et aux tons radicalement opposées : Nostalgia, Ultra de son pote Frank Ocean, l’autre obsession de mon été 2011. Ce qui m’amène à me demander, au vu de leur évolution, si la renommée internationale, ca ne serait pas ça finalement, un odd future ?
(Napoléon LaFossette)

 Track : Tyler, The Creator - Sandwitches feat. Hodgy Beats


Young Dolph – Highclass streetmusic episode 2 : hustlers paradise (2011)

Vous prenez une pochette bien dégueulasse, vous la mélangez avec une pluie de hits, vous rajoutez quelques featurings pas piqués des gaufres et vous obtenez la parfaite musique de rue pour faire alors danser tous les campings de Memphis. Une bombe de 18 morceaux parfois mixés avec les pieds, un Bigga Rankin insupportable qui beugle comme jamais, le jeune dauphin qui s’en fout : ce disque va propulser sa notoriété hors de la scène de Memphis et il le sait. Don Trip, Juicy J, 2Chainz viennent lui prêter main forte pendant que Drumma Boy pèse l’équivalent d’une tonne 5 sur Bounce, un titre à passer tout l’été à l’heure des Ricard-Suze en faisant tourner les merguez.
(_W__)

 Track : Young Dolph - Bounce feat. Drumma Boy


Yung Bans – Yung Bans vol.5 (2018)

Yung Bans vient récemment de sortir le cinquième opus de sa série d’EP sobrement appelée Yung Bans. Même si ce volume 5 compile des morceaux qui sont pour la plupart déjà disponibles, c’est sans doute le plus abouti des projets du jeune Bans. La cover en hommage à David Bowie prouve d’ailleurs que les ambitions sont à la hausse. Des mélodies douces, des synthés ensoleillés, une voix marmonnante et des refrains qui restent toujours en tête : c’est la recette que le jeune d’Atlanta a utilisé pour faire décoller sa carrière, et ça fonctionne à merveille. Écoutez la magnifique Stuntin’ Like My Daddy en voiture, et Ridin’ une fois les pieds sur le sable fin...
(Mugen)

 Track : Yung Bans - Ridin’ feat. Landon Cube & YBN Nahmir


Z-Ro – Meth (2011)

Les titres des albums tirés de la "Drug Série" de Z-Ro ont surement été choisis de manière totalement arbitraire et si ce n’avait pas été Meth ce projet se serait sûrement appelé "Weed" ou "Syrup". En effet cet album contient surement parmi les titres les plus laidbacks et les plus radio-diffusables de l’artiste, avec notamment Never Had Love, incroyable chanson d’amour sur fond de blues sudiste ou encore H Town Kinda Day, vraie ode à la culture texane et à tout ce que peut représenter Z-Ro dans le folklore de sa région. Pour l’accompagner sur ce projet Z-Ro à fait appel aux all stars du Sud, Bun B, Yo Gotti, Slim Thug, Willy D ou encore Dallas Blocker. Entre mélancolie assumée, hymne à la fête et histoires de rue, cet album sera parfait pour toutes vos rides d’été. Un barbecue et un subwoofer sont fortement conseillé pour profiter pleinement des refrains de Z-Ro.
(Oscar Courvoisier)

 Track : Z-Ro - Never had love


Zaytoven - Trap Holizay (2018)

Bien que ce soit officiellement le premier album de Zaytoven, toute personne de bonne composition connait la place qu’il occupe depuis plus d’une dizaine d’années. C’est grâce à son dur labeur et à son sens du relationnel que Zaytoven réunit sur Trap Holizay pas moins de 20 artistes pour contribuer à son vitrail musical. Des associations qui permettent de cocasses collaborations comme What You Think avec OJ Da Juiceman, Ty Dolla $ign et Jeremih ou encore Black Privilege qui associe Plies, Treyz Song et Trouble. Si cet empilement de noms pourrait effrayer, il en ressort pourtant 12 morceaux tous très bien usinés qui reprennent le panel de sonorités du producteur d’Atlanta. Mention spéciale au morceau Go Get The Money qui rassemble 4 patrons de labels différents et à Wake & Cook Up qui aura réussi à rendre Quavo intéressant à nouveau. Ecoutez les notes de l’orgue, cet été sera trap, cet été sera Trap Holizay.
(George de la Maille)

 Track : Zaytoven - Strong feat. Lil Uzi Vert


Liste des pistes :

  1. Intro
  2. Z-Ro - Never had love (prod. Beanz & Kornbread)
  3. Sabotage - Na zona sul
  4. Curren$y & Harry Fraud - The count feat. Wiz Khalifa (prod. Harry Fraud)
  5. Key Nyata - Phonk in the backseat feat. Phlo Finister (prod. Key Nyata)
  6. Juice WRLD - Lucid dreams (prod. Nick Mira)
  7. The Jacka - The Jacka blues (prod. DJ Fresh)
  8. Lil 1/2 Dead - Had to be a hustler (prod. Courtney Branch, Deyon Davis & Tracy Kendrick)
  9. Juvenile - HA (prod. Mannie Fresh)
  10. Dom Kennedy - OPM (prod. Drewbyrd & Polyester)
  11. Nate Dogg, Nas & JS - The goodlife (prod. Allstar)
  12. Juicy J - Rubberband business 2 intro (Leatherface remix)
  13. Nacho Picasso - Staring at the sun (prod. Blue Sky Black Death)
  14. Zaytoven - Strong feat. Lil Uzi Vert (prod. Zaytoven)
  15. Tyler, The Creator - Sandwitches feat. Hodgy Beats (prod. Tyler, The Creator)
  16. Young Dolph - Bounce feat. Drumma Boy (prod. Drumma Boy)
  17. Hollertronix - Fall back
  18. Yung Bans - Ridin feat. Landon Cube & YBN Nahmir (prod. Billy Cigarette & Y2K)
  19. K-Roc - Unfuckwitable feat. Mr. Pookie (prod. Kevin A)

Mix : Tis
Pochette : J. Anglemort & Dirty Noze


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