2018 : The Underground Picks
They’re not staying down there anymore !
& & & & & & , le 5 mars 2019
On a sorti de la cave les projets de 2018 qui, selon nous, méritaient plus de lumière.
Après un rapide bilan dans lequel nos alligators classaient leurs coups de cœur de l’année écoulée, et comme le veut désormais la coutume dans nos marécages, l’heure est venue de s’attarder plus en détail sur quelques projets undergrounds, sous-cotés ou moins représentés dans les bilans de nos confrères. Œuvres de jeunes rookies ou de vieux bourlingueurs condamnés aux ténèbres du gouffre, voici donc les pépites que, lampe frontale bien calée sur le casque, nous avons remonté pour vous des tréfonds.
Post trap
Butch Dawson - Swamp Boy
Dans son projet Swamp Boy, Butch Dawson reprend l’appellation marécageuse pour mieux désigner le quartier et ses méandres sombres et effrayants, regorgeant de maisons vacantes tristement rendues célèbres par la série The Wire. Entre jazz laid-back, basses saturées, et autres intrus cinématiques entêtantes, le rappeur et producteur originaire de l’ouest de Baltimore délivre un projet éclectique, comme une carte de visite révélant un aperçu de la diversité de sa palette artistique. Un jeune visiblement à suivre, d’autant plus qu’il est avec d’autres compères, à l’origine de l’initiative Basement Rap Recs., inspirée par les radios du jeu vidéo Grand Theft Auto et visant à oeuvrer comme une plate-forme de découvertes d’artistes originaires de Baltimore. (Tis)
– Swamp Boy sur Soundcloud / Apple Music / Spotify
CupcakKe - Ephorize & Eden
The goal is to suck 100k dicks : c’est ce qu’indique la bio twitter de Cupcakke, et ça donne une idée plutôt juste de ce qu’on peut retrouver dans sa musique. Totalement débridée, super branchée cul, elle s’est fait connaître en 2015 avec les titres Deepthroat et Vagina. Peu d’artistes, sur le créneau du rap sexy, oseraient parler de pussy farts dans un morceau, puis évoquer la pédophilie sur un autre, avant de défendre les droits LGBT. Mais Cupcakke fait tout ça avec brio : spontanéité, musique de fête (foraine), sujets sérieux et durs, grand défouloir du cul… On ne sort pas indemne de l’écoute d’un album de Marilyn MonHoe. Son parcours est tristement éloquent : élevée par une mère seule, elle a vécu dans des foyers pour sans abri dès l’âge de 7 ans. Elle a ensuite côtoyé Chief Keef à l’école, puis découvert la poésie à l’église à 13 ans, avant de commencer à rapper peu de temps après. A 21 ans, elle a déjà sorti 2 mixtapes et 4 albums, dont 2 en 2018, Ephorize et Eden. A son image, ces 2 albums vont dans toutes les directions. Pas toujours pour le meilleur, mais si certains morceaux aux sonorités pop racoleuses laissent dubitatif, l’ensemble est dans les deux cas réussi et efficace. Et puis c’est pas tous les jours, dans la vie d’un auditeur de rap marécageux , qu’on peut se casser la nuque en chantant « Boy on boy, girl on girl, like who the fuck you like, fuck the world ». Cupcakke rappe dur, et a beaucoup de choses à dire, même si ça ne saute pas aux yeux en regardant son hilarant dernier clip Squidward Nose. Longue vie à Cupcakke et god save the Queen Elisabitch. (Tibo)
– Ephorize & Eden sur Apple Music / Spotify
Goonew - Goonrich Urkel
Visiblement Goonew vit encore chez sa mère parce qu’il n’enregistre que des chuchotements. Pas loin d’être une énième version d’Hoodrich Pablo Juan, il a malgré tout su apporter son twist au fameux flow de Hoodrich. Difficile de mettre le doigt sur ce qui rend le rap minimaliste de Goonew si efficace mais on recharge le AR 15 et on clique sur replay. (G. de la Maille)
– Goonrich Urkel sur Spotify / SoundCloud/ Apple Music
Lil House Phone - Voicemails 2
Co-host de No Jumper avant d’être rappeur, Lil House Phone a su capitaliser sur ses followers pour se lancer dans le rap. Si sa démarche aurait pu réveiller plus d’un sceptique, c’est avec son morceau Tokyo Goons qu’il a su prouver qu’il était sérieux. Avec Voicemails 2, il montre sa versatilité avec des tracks sauce soundcloud, mais aussi gangsta aux inspirations de la Bay Area. Un projet ensoleillé et plein de bonne humeur qui s’écoute facilement. (G. de la Maille)
– Voicemails 2 sur Spotify / Spotify / Apple Music
Splurge - Go !
Au concours débile de savoir qui a la plus grosse basse, Splurge gagne facilement. Joué sur des enceintes, son projet Go !, produit exclusivement par ses producteurs de maison Beat By Jeff et Six7, se place facilement à 7 sur l’échelle de Richter. Comme vous vous en doutez, avec sa voix grave, le rappeur ne fait pas dans la finesse, à un tel point que ses productions n’ont pas de mélodie. À écouter pour perdre ses derniers neurones. (G. de la Maille)
– Go ! sur SoundCloud / Spotify / Apple Music
Thugga Massina - Something New EP
Un homme sage a dit un jour : "A Atlanta, tu soulèves une pierre et tu vois 20 rappeurs en sortir". Cette légende est bel et bien fondée. Installé dans la capitale du sud, Thugga Massina met les moyens pour faire parler de lui. Bien qu’il ne soit pas connu du grand public, il compte trois à quatre projets sortis rien qu’en 2018. Nous avons à peine eu le temps de nous remettre de notre soirée du nouvel an qu’il sortait un nouveau projet en ce début d’année 2019. En espérant que cette année lui permette de dépasser le triste stade de simple SoundCloud rappeur. (KallMeTheDoctor)
– Something New EP sur Apple Music / SoundCloud / Spotify
Yung Gleesh - Gleesh
Après une longue absence, Yung Gleesh revient et tape fort avec son éponyme album Gleesh. Son charisme et son énergie viennent soutenir un projet aussi solide qu’inconfortable si l’on n’est pas familier avec le personnage. Une fois rentré dans son univers, Gleesh est un petit bijou qui est malheureusement passé complètement inaperçu en 2018. (G. de la Maille)
– Gleesh sur SoundCloud / Spotify / Apple Music
Yungeen Ace - Life of Betrayal
Après avoir fait ses armes au sein du Yungeen Gang (notamment via l’album Undeniable sorti en 2017), c’est en 2018 que le floridien Yungeen Ace commence à véritablement faire parler de lui. Seul survivant d’une fusillade qui emportera son frère et deux amis à Jacksonville, le rappeur sort au mois d’août sa mixtape Life of Betrayal puis l’album Life I’m living en fin d’année où il parfait son style de rap tour à tour énergique et mélodique, comme exutoire de ses sentiments et émotions au travers de morceaux de très bonne facture. Sa collaboration avec NBA YoungBoy, qu’il accompagnera en tournée et dont la proximité stylistique est indéniable, devrait également aider à attirer la lumière sur ce jeune au sourire doré, seul face à sa résilience. (Tis)
– Life of Betrayal sur Soundcloud / Apple Music / Spotify
Également :
2gramcam - Traptopia 2
Bbno$ - Bb Steps
Hoodrich Pablo Juan & Danny Wolf - Hoodwolf 2
Jabbar - Out On Bond II
Keshore - The Pretty Boy Tape
Lil Blood - Ndugu
Peewee Longway - State of the Art
Valee - Good Job You Found Me
Vince Hash - Do or Die
Yung Bans - Yung Bans Vol. 5
Neo Boom Bap
Al.Divino - Monumentality
Al.Divino s’était fait connaitre en 2017 en sortant, sur les traces de Tha God Fahim, les Dump Gawd : Divino Edition épisodes 1 et 2. Dans le sillon de Fahim, de Mach-Hommy et de la team Griselda, il s’y adonnait de sa grosse voix lourde à un boom bap sombre et regorgeant de longs samples étouffants et poisseux. Avec Monumentality, le rappeur livre très certainement son projet le plus expérimental. Un album sans compromis qui mêle, sur des instrumentales boom bap bardées d’influences free jazz, un gloubiboulga de sagesse kémétique avec une grosse dose de vantardise et de haine des bootleggers. Car comme ses comparses, Divino vend sa musique exclusivement sur Bandcamp et fuit la logique de gratuité et les services de streaming. À écouter également : Abrakadabra, Alakazam ! avec Estee Nack. (Dirty Noze)
– Monumentality sur Bandcamp
JPEGMafia - Veteran
Après quelques sorties confidentielles en 2015 et 2016, JPEGMafia a braqué les projecteurs sur lui début 2018 avec la sortie de l’album Veteran. Expérimental, déstructuré, lo-fi… JPEGMafia a produit, mixé et masterisé un album innovant se démarquant des codes type-beats de la trap, omniprésents dans l’industrie musicale du rap. Certainement compliqué d’accès, parfois rebutant pour ses aspects chaotiques et braillards, JPEGMafia a néanmoins le mérite d’avoir créé sa propre esthétique lui permettant de diffuser sa hargne et ses provocations. N’épargnant personne, de Morrissey à l’alt-right américaine, JPEGMafia délivre ici un message radical et viscéral évoquant tour à tour la politique, la pop culture, la gentrification, les sujets raciaux et la violence. Les retombées positives de cet album lui permettront de collaborer avec Denzel Curry, Kenny Beats ou encore de jouer au Pitchfork Avant garde à Paris. Damn, Peggy, en espérant que 2019 nous réserve de nouvelles bonnes surprises. (Tis)
– Veteran sur Bandcamp / Apple Music / Spotify
Mach-Hommy x Tha God Fahim - Notorious Dump Legends
2017 avait été une année riche et variée pour Mach-Hommy. Avec HBO, (sorti alors chez les goons de Griselda records), le EP The Spook (entièrement produit par Knxwledge), ou encore Fête des Morts sur les beats d’Earl Sweetshirt, on découvrait son flow chanté, sa voix chaude mâtinée d’accent haïtien et ses métaphores vaudoues. 2018 aura été une année plus en demi-teinte pour Mach-Hommy mais on retient tout de même ses projets en duo avec Tha God-Fahim, Duck Czn et notamment ce Notorious Dump Legends où nos deux compères se complètent au micro sur des instrumentales aux longues boucles gorgées de soul ou de soundtracks psychédéliques. L’album est malheureusement impossible à écouter légalement sans débourser les 111,11$ sur le site de Mach-Hommy. (Dirty Noze)
– Notorious Dump Legends sur le site de Mach-Hommy / télécharger sur Mega
Également :
Ankhlejohn - Van Ghost
Benny - Tana Talk 3
Bodega Bamz - Papi
Conway - Everybody is F.O.O.D. 1 & 2
Conway & Imported Goodz - Untitled Drums EP
Hermit and the Recluse - Orpheus Vs. The Sirens
Knowledge the Pirate - Flintlock
Mike - Black Soap
Milo & Elucid - Nostrum Grocers
Nostrum Grocers, Milo & Elucid - Nostrum Grocers
Roc Marciano - RR2 : The Bitter Dose / Behold a Dark Horse
V Don - The Bone Collector
Phonk & Post Devil Shyt
Bones - TheManInTheRadiator
TheManInTheRadiator présente tout au long de ses 28 titres la quintessence des différentes facettes de Bones. Les influences y sont multiples (metal, cold wave, classique etc.) et, véritable tour de force, elles forment un tout homogène et équilibré. Les textes restent dans les thèmes chers à Bones : la peur, la mort, la difficulté de vivre, la relation aux autres, etc. Ils sont solides et inquiétants. Bones démontre tout au long de ces morceaux son exceptionnelle souplesse vocale, passant du rap au chant (tantôt rageur et tantôt très pop), au murmure (à la limite de l’incantation parfois), passant des graves aux aigus avec une facilité et une maîtrise déconcertante. Les effets sont limités et utilisés à bon escient, toujours pour servir le propos et pas comme artifice. Cet album est une vraie réussite et devrait devenir une référence du genre. Pour aller plus loins, on vous invite à relire notre portrait de Bones. (R$kp)
– TheManInTheRadiator sur Soundcloud / Apple Music / Spotify
DMT Demons - DMT Demons Greatest Trips
D.M.T. est l’acronyme de « diméthyltryptamine », un psychotrope très puissant censé permettre des voyages astraux dans le subconscient. C’est à l’origine une molécule naturelle que certaines tribus d’Amérique centrale et du sud utilisaient comme outil spirituel. Aujourd’hui nos démons de la diméthyltryptamine forgent une phonk très sombre et fétichiste qui se réapproprient les sonorités du Memphis des années 1990 en y ajoutant une forte dose de psychédélisme pour un voyage sans retour dans les entrailles de la terre. C’est finalement au sein de l’équipe de SIC Records (dont on a fait une longue présentation ici) que nos archéologues en sonorités déglinguées ont posé leurs pelles. (Dirty Noze)
– DMT Demons Greatest Trips sur Bandcamp
GRXGVR - 020
Discret mais bien présent aux côtés du phénomène Yung Lean lors de ses débuts, Simon Wistrand ne s’est pas pressé pour sortir son album attendu depuis quelques années. Certains titres datent même d’il y a plusieurs années ! Notre patience fut tout de même récompensée puisque son album est au niveau attendu. Nous y retrouvons diverses ambiances et, en bonus, un switch beat en featuring avec Sybyr (anciennement avec Syringe), aussi triste et magique que la mort de Gérard Majax qui viendra apaiser nos cœurs de pseudo-cyber-gangsters. (KallMeTheDoctor)
– 020 sur Apple Music / SoundCloud / Spotify
Xavier Wulf - East Memphis Maniac
On ne présente plus Xavier Wulf, figure légendaire du Raider Klan. En juillet 2018 il sortait East Memphis Maniac. Accompagné de son vieux complice Chris Travis, il nous livrait un projet relativement court (10 titres) d’une efficacité remarquable. Tous les titres sont dans la pure tradition de Memphis, diablement bien produits, avec des références clairement passéistes mais toujours dans une optique moderne. Un rap en japonais (Riding Shotgun in Japan) apporte sa dose de voyage et le projet assez resserré a une très belle unité. Il n’y a pas un morceau plus faible que les autres et le tout s’écoute comme une K7 de l’époque, du premier au dernier titre, sans arrêt. Outre Chris Travis donc, on y croise aussi Bankroll Rico, Idontknowjeffrey, MadeinTYO, Kohh, Skepta, Eddy Baker et Bones. (R$kp)
– East Memphis Maniac sur Soundcloud / Apple Music / Spotify
Yung Hear$e - II I VIII
Originaire du Nouveau Mexique (Albuquerque), le bedroom rapper se fait connaitre sous le nom de Yung Hear$e depuis 2015 et produit ses sons sous le pseudo de Goht. Vu son agilité à passer de l’anglais à l’espagnol dans les morceaux, on peut lui deviner des origines hispaniques. Il collabore régulièrement avec Oseyerus, entre trap et devil shyt, avec des références à l’univers de Zelda au sein du label Funeral Home Familia. Pas de grande surprise mais une parfaite maîtrise du genre et des codes. Les prods mortuaires sont glaciales, les basses pilonnent sans jamais "baver", le glas sonne à la volée, l’harmonium n’est jamais très loin et nous emmène dans ses envolées. Les voix sont techniques, rigoureusement bien calées, sans artifices, et les lyrics sont en accord avec le thème. En bref, Yung Hear$e est un jeune artiste qui, et c’est un tour de force dans cette offre surabondante, se distingue nettement de la concurrence et arrive à se créer une identité, un son immédiatement reconnaissable. Un rookie à suivre. (R$kp)
– II I VIII sur Bandcamp / Soundcloud
Également :
$uicideboy$ - I Want to Die in New Orleans
Bill $aber - I’m Not Here For Long
City Morgue - Hell Or High Water
Denzel Curry - TA1300
Elliozie & Getter - Loose Cannon
JGrxxn - Ridin Hooptie/Steama Bubble CHEVY Thang (Blue & Red)
Lord Lu C N - The U Album
Re77 - Ra8n
SpaceGhostPurrp - Blackland Radio Vol.3 : M.I.A.M.I.
Emo & Goth Rap
Lil Peep x Death+ - Garden (Remastered)
Au tout début d’année 2018, Death+ a ressorti, avec un nouveau master, cet excellent EP en duo avec Lil Peep. Sorti originellement en 2015 alors que Death+ s’appelait encore Atoms, il s’agit d’une des premieres oeuvres des deux artistes et on y découvre un Lil Peep qui semble ne pas avoir encore trouvé ses marques et tente des sonorités plus sombres et gothiques que les échappés pop punk qui le rendront célèbre. (Dirty Noze)
– Garden sur Bandcamp / Soundcloud
Slug Christ - Judas’ Betrayal and the Three Day Burial of a Salted Slug
Slug Christ est certainement aujourd’hui un des artistes les plus originaux de la scène rap underground. Le rappeur, membre de l’écurie Awful Records, a livré en 2018 un album plus apaisé que les précédents et qui porte même parfois une certaine forme de rédemption. La quasi totalité des productions sont ici l’œuvre de Slug Christ et on y retrouve son sens très personnel de la mélodie, toute en dissonances intoxiquées et grinçantes. Mais ce qui pouvait passer pour de l’approximation à l’époque de The Crucifixion est aujourd’hui mieux digéré et Slug continue de creuser imperturbablement son sillon, en dehors de toutes les tendances. (Dirty Noze)
– Judas’ Betrayal sur Soundcloud / Apple Music / Spotify
Sybyr - Deal With It
Chase McArthur aime les jeux de piste. Dans la peau de son double Sybyr, il explore le plus tortueux des labyrinthes, la psyché humaine. Au risque de s’y perdre, comme au mois de juin 2017, lorsqu’un épisode de délire hallucinatoire l’aurait contraint à être interné de force, sans nouvelles de ses proches. Le déroulement des faits reste flou. Peut-être a-t-il tout imaginé depuis sa chambre où il se tenait reclus comme un hikikomori. Peu importe. Le doute, la confusion du virtuel et de la réalité, sont au cœur de sa musique, dans laquelle on se plonge comme on se brancherait à la matrice décrite dans les romans de William Gibson. Car Sybyr est avant tout un architecte rusé. La façon dont ce rejeton de Lil B et SpaceGhostPurrp construit son œuvre en dehors des sentiers battus force le respect. Après être revenu au monde en 2018, avec un nouveau nom de scène, et divers projets inégaux, Sybyr a conclu l’année avec Deal With It, sans doute son album le plus accessible. Une porte d’entrée idéale vers une œuvre en forme de puzzle cérébral, dont les pièces manquantes sont les plus significatives. (JUP)
– Deal With It sur Bandcamp / Apple Music / Spotify
Wicca Phase Springs Eternal x Clams Casino & Fish Narc - Spider Web EP
Spider Web célèbre l’alliance entre Wicca Phase Springs Eternal, son compère de la Gothboiclique le guitariste et producteur Fish Narc et Clams Casino, un des pères au tout début des années 2010 de ce que l’on appellera la scène cloud rap, et qui participera grandement à un certain décloisonnement sonore du rap dans cette période. Wicca Phase (comme Nedarb et d’autres membres de la GBC), n’a jamais caché son admiration pour Clams Casino, et l’importance qu’il a eu dans ses décisions de carrière. Ainsi tout au long des 5 titres du EP les samples décalés et dissonants de Casino viennent se frotter aux guitares de Narc pour perturber les instrumentales comme un virus et offrir un support idéal à la voix lourde et vaporeuse de Wicca. (Dirty Noze)
– Spider Web EP sur Bandcamp / Apple Music / Spotify
Également :
6obby - Clarity
AJ Suede - Gotham Fortress
Death+ - Wilderness
Flowars - Fauna
Itsoktocry - Pastelgore
Lil Peep - Come Over When You’re Sober, Pt. 2
Mackned - God Mom EP
Rare Akuma - Akuma Season !
Instrumentals & Beatmakers
ICYTWAT & LORD FUBU - FUBU VS. TWAT
Au royaume des producteurs, il y a les grands physiciens et les petits alchimistes. Les premiers profitent tant qu’elles durent de formules imparables pour envoûter les foules. Les seconds mènent dans d’obscurs laboratoires des expérimentations au résultat incertain. Chaque nouvelle sortie d’Icytwat ou de Lord Fubu ressemble à une invitation dans un de ces repaires ésotériques. On y découvre des murs couverts d’équations indéchiffrables, et des armoires remplies de fioles étiquetées « 808_kick_nr. 205 », « bird_sounds » ou « final_fantasy_sample ». L’année dernière, les deux producteurs affiliés à l’ASAP Mob ont croisé leurs grimoires sur l’EP commun Fubu vs. Twat. Un titre menteur puisque, loin de se repousser, l’association de leurs mixtures fait des merveilles. De quoi vous mettre les méninges en ébullition. Chaque titre est un nouveau monde à arpenter, un écosystème en équilibre nourri à l’ambient music de Hiroshi Yoshimura, aux B.O. de Nobuo Uematsu et aux Instrumentals de Clams Casino. Impossible de savoir si la conclusion de leurs recherches sera fructueuse, mais le breuvage se suffit déjà à lui-même. Une vraie potion de santé. (JUP)
– FUBU VS. TWAT sur Bandcamp / Apple Music / Spotify
Palence - Singles (de Lamella à Diode)
Dans la lignée du très bon Torpor sorti à la toute fin 2017, Palence a lâché toute l’année des singles à pochettes incendiées. Anciennement connu sous le nom de HVRXLD (à écouter dans les compilations Frozen Feelings), ce londonien proche de la Team Sesh (même s’il n’a finalement jamais collaboré avec eux) bricole, sur les traces de Drip-133 des instrumentales où l’ambiant se croise avec les rythmiques trap et où les influences cloud rap se marient avec des guitares héritées de Robert Smith. On note également la sortie en décembre d’Echo Epoch où il reprend la guitare pour un court album (8 titres) au parfum nostalgique et aux consonances plus franchement rock, que l’on verrait bien joué live sur la scène du Bang Bang Bar de Twin Peaks. (Dirty Noze)
– Les singles de Palence sur Bandcamp
Shlohmo - For Tha Summer (Vol. XXVIII)
L’été dernier Shlohmo est revenu avec une nouvelle mixtape de remixes dont il a le secret. Il retourne donc ici 8 titres très connus de l’histoire plus ou moins récente du rap, de Future à Big L en passant par Lil Wayne et Kevin Gates, et en change complètement l’esprit en y remplaçant les beats. À siroter dans un hamac en attendant la sortie de son prochain album prévu pour mars 2019 et qui promet d’être bien plus sombre. Le producteur membre phare du collectif Wedidit et architecte sonore de l’album Mourn de Corbin n’en est pas à son premier fait d’arme en matière de remixes, on en parlait d’ailleurs ici-même en 2017. (Dirty Noze)
– Télécharger la mixtape tracks séparées / le mix sur Soundcloud / Le mix clippé sur Youtube
Également :
Camoflauge Monk - Madguru
Knxledge - 2PK.4TRK.B.SIDE
Roland Jones - Street Compilation
Route 696 - Spiritual G-Funk Singles
Soudiere - Fear No Evil
New RnB
Ryan Hemsworth - Elsewhere
Entre ses singles, ses collaborations avec Joji et Trippie Redd et son album attendu depuis quatre ans, l’année 2018 fut chargée pour Ryan Hemsworth. Membre du label Wedidit créé par Shlohmo, Ryan et sa dream team ont, malgré leur immense talent, décidé de se focaliser sur des artistes en retrait tels que Adamn Killa et Shady Blaze pour se frayer un chemin vers le sommet et cela commence à payer. Ce nouvel album en est la preuve. Parmi toutes les possibilités que lui offre sa polyvalence, Ryan a opté pour un projet typé RnB assez différent de la soupe parfois insipide que Chris Brown & Co nous servent. Bien que le Canada ne soit pas connu pour les sports nautiques, Hemsworth surfe sur cette vague de RnB 2.0 qui cherche à retrouver sa légitimité perdue depuis plus de dix ans. (KallMeTheDoctor)
– Elsewhere sur Apple Music / SoundCloud / Spotify
Tink - Pain & Pleasure
Déjà présentée dans notre top 2018, Tink tente de se faire une place en alliant rap et chant sur des instrumentales à mi-chemin entre hip-hop et RnB. Ses textes portant sur ses relations amoureuses peuvent ne pas plaire à tous, toutefois cette chanteuse urbaine mérite notre attention pour l’ensemble de son oeuvre. Elle aussi travaille d’arrache-pied pour détrôner la trap vieillissante et prévisible qui tient en otage nos radios et plate-formes de streaming depuis trop longtemps. (KallMeTheDoctor)
– Pain & Pleasure sur Apple Music / Spotify
Nick Nikon - 19
Découvert par hasard en écoutant Eric Dingus, Nick Nikon a attiré mon attention. Porté disparu pendant quelque temps, il est sorti du sol en 2018 pour nous délivrer un EP bien fini et agréable. Eric a eu le nez creux sur ce coup. Comme les artistes précédemment cités, il fait partie de cette meute de chanteurs et compositeurs partis le couteau entre les dents pour faire du RnB le genre par défaut, et porter le coup de grâce à la musique-piège déjà blessée. (KallMeTheDoctor)
– 19 sur Apple Music / Spotify
Également :
Hamzaa - First Sign Of Me
Lucky Daye - I
The Trp - Soak
Cover design : Dirty Noze