2017 : The Underground Picks
What is living under the city is not human
& & & & , le 6 février 2018
Une sélection d’albums et d’EPs issus des sous-sols moites et poisseux de la scène underground et qui ont fait l’année 2017 sans forcément voir la lumière.
2017 a été l’année où l’esthétique underground a envahi le mainstream. De Lil Pump à XXXTentacion, en passant par la mort de Lil Peep, on ne compte plus les artistes qui ont bâti leur succès sur l’image d’un certain SoundCloud Rap. Qu’ils en viennent réellement ou qu’ils jouent avec les codes de l’underground, ils ont été nombreux cette année, skinny jeans déchirés et cheveux colorés, à caracoler aux sommets des ventes en marmonnant des histoires de suicides et de dépressions sur des beats lardés de basses saturées et d’arpèges de guitares, faisant ainsi le lien entre la trap et certains aspects de la culture rock. Une vieille obsession de la scène underground qui ne date pas d’hier et que l’ont retrouve aujourd’hui au grand jour, débattu dans les médias mainstream ou chez les youtubers en manques de « pouces ».
Si certains ont ainsi atteint la lumière, en permettant à cette culture d’être plus exposée, d’autres continuent à s’acharner sous la ligne de flottaison. Comme l’année dernière, on vous a sélectionné les projets restés dans la partie immergée de l’iceberg qui ont fait notre année.
Écoutez ci-dessous la playlist de nos Underground Picks 2017, et plongez-vous dans la liste détaillée juste après.
Goth & Emo Rap
Barren - Waste
Originaire du Massachusetts, le vocaliste Barren fait partie de cette école qui brise les frontières entre rap et rock, et qui, plutôt que d’accoler artificiellement des éléments issus des deux genres musicaux, comme on a pu le faire auparavant, les fusionne pour en faire complètement autre chose. Sur des beats qui mêlent arpèges de guitares et kits de 808, souvent concoctés par des bons gars comme Greaf, Gin$eng, ʎpoqou ou Nedarb, Barren oscille aisément entre rap, chant et hurlement. Ses chansons mêlent vague à l’âme, rancoeur et colère et il peut passer d’un registre a un autre au détour de chaque phrase. Si ses paroles ressassent les clichés emo, les émotions que l’artiste réussit à faire passer par sa voix et ses mélodies suffisent à en faire un des artistes à suivre. (Dirt Noze)
The Cigs (Nedarb Nagrom) - 080192 (EP)
The Cigs est un groupe de rock imaginaire tout droit sorti de la tête de Nedarb. Avec ses guitares acoustiques hésitantes posées sur des beats passés en sourdines et sa qualité extrêmement low-fi, le projet semble avoir été enregistré à l’arrache sur un quatre pistes cassettes Tascam à trois heures du matin dans la piaule d’un pote. Le projet est entièrement produit et rappé/chanté par Nedarb, mais son ami Yung Cortex est venu lui prêter main forte sur quelques vocaux additionnels. (Dirt Noze)
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Døves - ep2
Døves est un second couteau de la Gothboiclique qui mérite qu’on s’y attarde un peu plus. Chanteur (plus que rappeur) et producteur, il représente la frange la plus clairement cloudy et emo de l’équipe et loin d’être moins méritant que ses compagnons de route, il est surtout moins productif. Proche dans le style de Wicca Phase, sa voix, claire et relativement haut perchée, se pose pourtant à l’opposé de son collègue. Les deux compères avaient déjà œuvré ensemble sur le sobrement nommé Døves Springs Eternal pour y livrer un des plus beaux projets de la scène emo rap. En 2017, il propose ce EP très planant de 6 titres qui comprend des featurings de Wicca Phase, Horse Head et le très rare Jpdreamthug. (Dirt Noze)
Itsoktocry - Beautiful Bloodsuckerr
Itsoktocry est aujourd’hui un des artistes les plus sous estimés de l’underground, et peut-être le plus versatile. Le court EP Beautiful Bloodsuckerr, avec son incroyable pochette dessinée, en est un très bon exemple. Le rappeur y passe de la ballade emo angoissée (Dear Marceline) au gros track neo phonk abrasif, hurlé et post-apocalyptique (I’ve Seen Satan, He Has Dreadlocks) en passant par le banger post trap électronique et sautillant. Si Itsoktocry peut sembler, au premier abord, se perdre un peu dans toutes ces références diverses, surtout au milieu de tous ces rappeurs monomaniaques, l’ensemble de son œuvre reste malgré tout très cohérente. Kamikaze Romance est également recommandable, avec l’excellent morceau Vampire Diaries. (Dirt Noze)
Lil Peep & Lil Tracy - Castles 2
Castles 2, court EP de cinq titres, est un sans-fautes. Les productions de BigHead, Charlie Shuffler et Yung Cortex savent viser juste, se faire addictives et sont un support idéal pour les voix de nos deux compères qui se complètent ici parfaitement. Ces 5 chansons resteront probablement leurs meilleurs collaborations. (Dirt Noze)
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Lil Racecar x Gravelust - Outwest EP
Après un premier EP dans le sillon de la GBC, Lil Racecar a chaussé ses bottes à éperons, bien calé son Stetson sur le front et s’est joint à Gravelust pour sortir ce court EP au parfum unique. Avec seulement trois titres nos deux cow-boys marient la musique de cette scène underground, quelque part entre rock et rap, avec la country de papy. (Dirt Noze)
Mackned - Hurt Cobain III
Si le nom de Kurt Cobain a tendance à revenir régulièrement dans la bouche des rappeurs de tous bords ces dernières années, c’est bien souvent comme une simple métaphore du suicide, plutôt que pour exprimer un intérêt réel pour sa musique, ou sa personne. Sur Hurt Cobain III, Mackned s’inspire en profondeur de la musique du chanteur suicidé, allant jusqu’à reprendre son flow. (Dirt Noze)
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Misogi - Death Metal
Sorti le 1er septembre 2017, Zain de son vrai nom, a pris tous ses auditeurs à contre-pied avec cet EP. Annoncé depuis de longs mois, tout le monde s’attendait à un album noir et violent. Pas du tout ! Death Metal a tout d’un album pop. Nous aurions dû nous en douter lorsque Misogi a partagé Paralyzed afin de nous aider à patienter. Après avoir reçu la bénédiction de Pete Wentz (leader de Fall Out Boy) suite à son remix de Sugar We’re Goin Down, Zain ne cesse de gravir les échelons qui, nous l’espérons, le mèneront vers les sommets. (KallMeTheDoctor)
Wicca Phase Springs Eternal - Stop Torturing Me
Stop Torturing Me est un EP très rock, entièrement produit par Horse Head, son compère de la GBC. Ce dernier lui a concocté des instrumentales remplies de samples de guitare qui offrent au chanteur un terrain cold wave fonctionnant bien avec sa voix grave dont le timbre rappelle Ian Curtis. (Dirt Noze)
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Yunggoth - Nightmares
Personnage controversé de la scène rap emo goth et proche de la Gothboiclique, tant artistiquement qu’humainement, son caractère volontairement détestable, et les rumeurs persistantes qui l’entourent, semblent cependant être venus à bout de ses compagnons. Seul Peep semblait pouvoir encore le supporter, le voici donc aujourd’hui seul face à l’adversité. Cela ne l’empêche pas de continuer, en 2017, avec son flow je-m’en-foutiste au marmonnement poussé à l’extrême et son sens particulier de la mélodie, à être une voix à part sur la scène underground. Après avoir lâché ses morceaux individuellement sur SoundCloud, Nightmares est son premier album. S’il est intéressant et marque un pas dans la carrière du jeune goth (qui risque de se terminer un jour ou l’autre dans un mur) ce dernier ne vaut cependant pas une bonne compilation de ses singles sortis précédemment. (Dirt Noze)
Coward. - Coward.
Coward., duo composé d’Adam Mcilwee (Wicca Phase Springs Eternal) et Jon Simmons (ex-chanteur du groupe Balance and Composure), a sorti son premier album éponyme. Une association aussi réussie que surprenante, notamment grâce aux productions légères de Nedarb, The Virus and Antidote. Mais également grâce à l’utilisation l’auto-tune rappelant par moments Kanye West sur 808s & Heartbreak. L’exode des rockeurs vers le hip-hop est bel et bien en marche sans que les puristes ne puissent avoir leur mot à dire. (KallMeTheDoctor)
Également :
– Chxpo - Emo Savage
– XXXTentacion - 17
– Smug Mang - She’s Gone…
– Yunggoth - U Lied To Me
– Lil Tracy - Tracy’s Manga
– Horse Head - This Mess Is My Mess
Phonk & Neo Devil Shyt
$uicideboy$ - Kill Yourself Sagas XI - XV
2017 a été une petite année pour les $uicideboy$. Après le très sombre DirtierNastier$uicide avec Germ, les deux cousins ont seulement sorti 2 mixtapes chacune divisée en 5 EP sortis simultanément. S’il est toujours difficile de faire un choix dans leur production, la première série qui va de l’épisode XI à XV est malgré tout au dessus. (Dirt Noze)
– Écouter et lire notre résume de l’année 2017 des $uicideboy$
AJ Suede - Gotham Fortress
Après le court, mais dense, SupaSuede EP en collaboration avec Supa Sortahuman (certainement un des piliers de l’underground les plus sous-estimés mais c’est une autre histoire), AJ Suede, le rappeur forestier de Pennsylvanie, nous a donné à nouveau à entendre sa voix au timbre si particulier. Pour écrire et enregistrer cet album il a d’ailleurs migré à Seattle, la ville du producteur/rappeur Wolftone, et, chose notable de nos jours, toutes les collaborations ont été enregistrées dans la même pièce, la « Fortress » de Wolftone. On remarque également la présence de Spaceghostpurrp, l’éternel revenant, à la production sur Baked Out, et on attend avec impatience la sortie prévue en février de la suite du très bon Systeme of a Frown, EP entièrement produit par Nedarb. (Dirt Noze)
Germ – Bad Shit (Bootleg)
Grossièrement, Germ peut être présenté comme un Danny Brown de 20 ans défoncé à l’eau écarlate et à Lord Infamous, et revenu d’entre les morts pour dépoussiérer l’horrorcore en 2017. Si à l’instar des jeunes rappeurs « goth » qui ont éclos récemment, il joue davantage avec les mots plutôt qu’avec leur sens (« I’m off the dope smoke / Feel like Han Solo / Big body Benz / Riding solo/ hoes in my dojo »), Germ fait preuve d’une maîtrise technique largement au-dessus de la moyenne. Cette facilité au micro apporte énormément car là où ses comparses du G*59 semblent parfois surjouer, il ressort de son flow braillard et nasillard une authentique envie d’en découdre. Certes, les morceaux ne sont pas totalement aboutis – tous les titres s’achèvent sur un simple fade out – mais le potentiel semble immense. Avec sa musique écrite dans le fond du tour bus et prête à faire exploser les boomers et les tympans en ouverture de $uicideboy$, le rappeur Californien nous plonge en pleine attaque de zombies dans un centre-commercial. Frais comme le cadavre de Romero tout juste sorti de terre. (Jocelyn Anglemort)
Nine Callisto (9C) - Underworld
Avec Underworld, le tout jeune rappeur du Colorado a décidé de tout casser dans un déferlement de violence ultra jouissive. Il y développe à la perfection son concept d’anime rap, soit une trap où tous les potards sont poussés au maximum, jusqu’à la caricature, mais sans oublier une technique irréprochable au mic. Underworld c’est de l’outrance, de la violence cathartique et de l’ego surdimensionné jusqu’à l’absurde et très certainement son projet le plus abouti jusqu’ici. Gageons qu’on entendra parler de lui en 2018. (Dirt Noze)
– On en parlait ici
TrippJones x Nedarb - Soul Collector (EP)
Portée par une sinistre pochette, cette collaboration entre le rappeur new-yorkais Trippjones et le producteur désormais incontournable de l’underground Nedarb Nagrom, avec ses ambiances nocturnes et organiques, est une franche réussite. Sur les instrumentales lourdes et sombres que lui a confectionné Nedarb, Tripp ajuste son flow. D’ordinaire plutôt dans l’urgence, il calme ici le jeu et joue sur un aspect plus mélodique. Également à écouter : The Saviors Revenge EP, bricolé en collaboration avec l’excellent Blvc Svnd à la production, pour un résultat beaucoup plus sec, électronique et parfois à la limite de l’expérimental. (Dirt Noze)
Également :
– Bones - Disgrace, Failure, NoRedeemingQualities, Unrendered
– Chetta - Polluted Paradise 3, Change 2 Come
– Devilish Trio - Volume Two
– Doomshop Records - Doomshop Records Vol.2
– Ghostemane - Daemon III EP
– Iceberg Black - Tombstones 3
– JGrxxn - Steama God
– Nine Callisto - Underworld
– Shakewell - Key Stone Prince
Post Trap Underground
Azizi Gibson - Memoirs Of The Reaper
Malheureusement inconnu au bataillon pour beaucoup, Azizi Gibson (dont on parlait ici) a donné un coup de pied dans la fourmilière du rap en sortant ce projet. Memoirs Of The Reaper n’est ni trop long ni trop court, très finement produit, et sans réel défaut. Un parfait substitut à la trap mollassonne qui a pris en otages les plate-formes musicales ces derniers temps et monopolisé la parole. C’est presque incompréhensible qu’il n’ait pas davantage fait parlé de lui. Mais nous sommes là pour ça. (KallMeTheDoctor)
Bass Santana - Cruising World
De la famille Santana, Bass aurait hérité du côté psychédélique de Carlos, de la passion pour les histoires déviantes de Fredo, et de l’aspect tout-terrain du 4×4 de Suzuki. Loin d’être un simple « Ronny J Type Beat » et même s’il est parfois associé à cette nouvelle scène aux basses saturées (Lil Pump, XXXTentacion, smokepurpp), il se rapproche davantage de Ski Mask The Slump God en apportant de l’importance au flow plutôt qu’à la simple efficacité des ad libs et des punchlines répétées ad nauseam. Avec son style varié, quelque part entre le volet crooner d’un Z-Ro ou d’Azizi Gibson, et le flow incisif de Maxo Kream lorsqu’il décide d’accélérer la cadence, le jeune rappeur / producteur semble promis à un bel avenir. (Jocelyn Anglemort)
– Pour les curieux, l’ami Ndsilva420 a compilé des morceaux du zigue ici : Bass Santana – Cruising World
Blvc Svnd - Blvc’s World
Blvc Svnd est très certainement une des personnalités les plus sous-estimée de la scène underground. Si depuis quelques temps ses talents de producteurs sont de plus en plus courtisés par les rappeurs les plus clairvoyants de la nouvelle génération, ses essais en tant que vocaliste ne sont pas à laisser sur le côté. Avec ses flows qui partent dans tous les sens sur des instrumentales très électro qui peuvent prendre leur inspiration dans l’IDM ou la drum & bass. Peut-être sont-ils trop avant-gardistes pour recevoir les lauriers qu’il mériterait, on espère tout de même entendre de plus en plus parler de lui en 2018. (Dirt Noze)
Dretti Franks - Infernus classic
Avec cet album sorti fin d’année 2017 , l’hyper-productif Dretti Franks abandonne quelque peu l’esthétique goth/phonk que l’on a pu retrouver dans certains de ses précédents projets pour se concentrer sur une ambiance West Coast savamment digérée. Il compose ainsi une bande-son qui, entre un album de George Clinton et une cassette de DJ Screw se retrouve parfaite pour arpenter la chaude asphalte du sud-ouest des Etats-Unis. (Tis)
FXXXXY - Flawed up shawty
Originaire de Dallas, FXXXXY a poursuivi en 2017 son chemin avec le maxi Flawed up shawty. Le rappeur/producteur signe ici un ensemble de titres réussis, entre instrumentales à l’esthétique trap travaillées et un flow suave frisant l’insolence. Les quelques airs fredonnés par cette voix mélodieuse risqueraient bien de trotter dans votre tête encore en 2018. (Tis)
Fluent - Fluent
Fluent porte bien son nom. En effet, la voix de la jeune rappeuse/chanteuse de Baltimore, agile et fluide comme une anguille, joue et se faufile avec aisance entre les triolets de charleys de ses instrumentales, entre rap et RnB. Avec le producteur Sanchez, qui lui fait office de directeur artistique, ils forment un duo qui sonne encore comme un secret bien gardé mais que l’on risque très certainement de voir de plus en plus en 2018. Le EP Fallin’ sorti en fin d’année vaut également le détour. (Dirt Noze)
Jay Fizzle – The Color Purple
Si Young Dolph est sans conteste l’homme de 2017 – à la fois pour la qualité de ses albums et pour sa capacité à encaisser les balles avec sa peau en kevlar - son jeune poulain de l’équipe Paper Route s’est lui aussi distingué et laisse entrevoir de très bonnes choses pour l’avenir. Tout d’abord grâce à Life Of A Lul Gangsta sorti en février et voyou à souhait avec ses featurings de Dolph, Peewee Longway, ses productions de Cassius Jay et DJ Squeeky, et porté par un single meurtrier, Granny Praying. Des chansons qui donnent envie d’inviter des gens chez soi juste pour avoir le plaisir de les foutre dehors. Niveau flow, son style est très proche de celui de Dolph, efficace, bourré d’ad-libs conquérants, mais parfois monotone à la longue. Heureusement, Fizzle commence doucement à tuer le père (pas littéralement, hein) sur son second projet de l’année, The Color Purple, où le rappeur tente quelques expérimentations « country rap tune » hyper bien senties et démontre une variété très appréciée, à l’image de ce Granny, touchant et parfaitement dans l’air du temps. (Jocelyn Anglemort)
KirbLaGoop - Goop
Actif depuis 2011, notamment sous l’alias de DJ Kirby, KirbLaGoop n’est pas un nouveau venu sur la scène underground, il a sorti quatre projets en 2017, tous aussi curieux les uns que les autres. Il n’y a pas grand chose que le rappeur floridien à la voix nasillarde atypique aime plus que de se plonger dans des instrumentales bizarroïdes et pleines de sub-basses afin d’y lâcher ses flows bondissants, dignes de personnages de dessins animés et bourrés d’ad libs ridicules, ou géniaux, selon le point de vu. Un peu comme si Daffy Duck et Bugs Bunny s’enfilaient des bouteilles de sirop au goulot avant de prendre le micro pour organiser des grosses fêtes à l’arrière du pick-up. Écouter aussi Trapped In Da 100. (Dirt Noze)
Lil Pony - Ponyboi Tha Mixtape
Comme souvent avec les jeunes pousses de ce SoundCloud rap, on ne sait pas trop qui est Lil Pony ni d’où il vient, mais son premier EP Ponyboi, avec son humour absurde et écervelé qui mêle petits poney, arcs en ciel et clichés machistes, nous fourni une post trap absurde, émotionnelle, mélodieuse et entêtante qui promet pour la suite. On retrouve à la production de ce petit EP bourré de promesses des pointures de l’underground comme Blvc Svnd ou Misogi. (Dirt Noze)
Lil Wop - Wopavelli 3
Né un 10/17, Lil Wop est une chauve-souris possédée par l’esprit du Gucci Mane pré-prison. Après une première mixtape en 2016, il a sorti pas moins de 5 projets en 2017. Avec une discographie presque irréprochable, ce vampire qui arrache les carotides des SoundCloud rappers pour épancher sa soif de codéine, a terminé 2017 en apothéose avec Wopavelli 3. La majorité des productions, comme sur Wopavelli 2, sont assurées par Digital Nas mais Kenny Beats et ChaseTheMoney viennent également ajouter leur lot de beats dissonants. Les basses y sonnent comme des gongs et les mélodies sont tout droit sorties d’un film d’horreur où même le chien se fait étrangler. De la gorge de Lil Wop, comme poncée au papier de verre, s’échappent des plaintes gutturales liées à son manque de drogue ou à son besoin de violence. Un chant satanique qui donne aussi bien envie de danser avec les démons que de bouffer le visage de son voisin. (George de la Maille)
The Outfit, TX - Fuel city
"All that Dallas is missing is a label and some real money". Si la scène de Dallas a été très longtemps ignorée, elle a a priori trouvé ses agitateurs en les personnes de Dorian, Jayhawke & Mel aka The Outfit, TX. Le trio démontre une nouvelle fois avec brio avec l’album Fuel City qu’un autre son texan existe, comme une nouvelle vague sonore souhaitant s’affranchir des préjugés et des clichés sudistes. Un groupe méritant d’être suivi, d’autant plus que celui-ci commence à profiter de leur succès naissant pour attirer enfin les projecteurs sur cette scène de Dallas, visiblement fourmillante de nouveaux talents qui n’attendent qu’à exploser. (Tis)
Yung Bans - Yung Bans Vol.3
Si on peut qualifier le rap de Young Scooter de minimaliste, celui de Yung Bans est impressionniste. A 19 ans, ce dernier qui pourrait être son fils, tant par son physique que sa musique, appose ses flows telles de petites touches de couleurs abstraites sur des instrumentales à mi-chemin entre cloud et trap. Comme Young Scooter, le message est caché derrière des paroles à l’allure simple, mais la toile est toujours pleine de sens. Alors que l’attention des auditeurs de rap est de plus en plus courte, Yung Bans a choisi de ne sortir que des EP. Après deux volumes en 2017 et un autre en ce début d’année, il devrait sortir le quatrième volume très prochainement. (George de la Maille)
Également :
– Chxpo - Gucci Gang
– Kent Loon - Stay Low
– GwapMizzle - Immortal Gwap
– Ski Mask the Slump God - You Will Regret
– Smokepurpp - Deadstar
– Chief Keef - Dedication
– Adamn Killa - I Am Adamn
Beats & Instrumentals :
DJ Smokey - Positive Squad The Soundtrack Vol. 1
S’il continue à produire pour ses potes rappeurs du Positive Squad, c’est encore une fois sur ses nombreux projets solo que Dj Smokey a tout défoncé cette année. Une fois débarrassé des contraintes des morceaux rap habituels, DJ Smokey étale sa maitrise lo-fi dans des tracks fleuves non linéaires et de plus en plus expérimentales (certaines pistes atteignent les 30 minutes !) pour une sorte de “prog rap” totalement jubilatoire. Si la rythmique basse/drums très memphissienne varie peu, il construit autour des mélodies en perpétuelles évolutions grâce à des samples des 4 coins du Monde allant des OST de giallos italiens aux musiques traditionnelles orientales et asiatiques, en passant par le disco et la funk. Chaque projet devient un long trip d’acid façon Syd Barrett, un opéra rap DIY et overdubbé où il n’est pas rare de voir surgir Gucci Mane, les membres de la Three Six Mafia, Swishahouse ou Screwed Up Click. Cette maîtrise de l’assemblage numérique lui permet de raconter des comptes fantaisistes et surréalistes où des aliens descendent sur Terre pour fumer de la beuh en doudounes North Face. Il prouve plus que jamais qu’il est, aux côté du vétéran Lil Ugly Mane, le daron de tous les producteurs SoundCloud regroupés sous de fumeuses appellations « vapor – wave – phonk – trill ». Protect Dj Smokey at all costs ! (Jocelyn Anglemort)
– On en parlait ici
Soudiere - Afterlife EP
Jamais très loin de DJ Smokey, Soudiere nous concocte depuis sa forteresse noire, un hip-hop instrumental d’inspiration memphisienne de haute volée. Le producteur mélange dans ses chaudrons les structures rythmiques des grandes heures de la capitale du Tennessee, avec une pincée de psychédélisme à la DJ Screw et des samples tous plus improbables les uns que les autres, pour donner un grand opéra funk d’ambience, macabre et hypnotique, à diffuser sans pause dans tous les salons feutrés du purgatoire. 2017 a été un très grand cru pour Soudiere, et 2018 s’annonce très chaud également. À suivre. (Dirt Noze)
SuicideYear & OutThePound - Brothers
Après nous avoir teasés pendant près de deux ans, SuicideYear (James) et son ami OutThePound ont libéré leur EP commun tant attendu, Brothers. Malgré la courte durée de celui-ci (23 minutes), l’attente en a valu la peine. Le titre Lust prouve que l’EDM et les rythmiques hip-hop ne sont pas immiscibles l’un dans l’autre. Nous espérons voir nos deux Louisianais collaborer plus souvent. (KallMeTheDoctor)
Également :
– Cat Soup - Aerum
– Clams Casino - Instrumentals 4
– DJ Young Vamp - Night Off Trill Vol.1
– Drew the Architect & Cat Soup - Relict
– Knxwledge - HEX.10_8, WT.PRT.11_
– La Crise - When I Was Older
– Lofty305 - Kali
– Loud Lord - Pull Up EP
– NXXXXXS - Remember last summer
Cover design : Dirty Noze