Dj Fresh / RoBlo / Young L
BayWatch Vol.2
& , le 6 mars 2021
Second volume de notre petite série de mixes consacrés aux producteurs de la baie de San Francisco.
Dj Fresh
• Ville : Baltimore / Oakland / Los Angeles
Compère privilégié : J Stalin
Réglé comme le Beaujolais nouveau, le patron du label Livewire Records revient chaque année avec son projet millésimé - et ce depuis le milieu des années 2010 tout de même ! - et chacun d’entre eux y va de ses petites prods de Dj Fresh. Considérant le boug comme un peu trop monolithique au micro, nous retiendrons surtout de leur fructueux partenariat un petit classique The Real World : West Oakland (2006) et la mise en réseau avec le roaster Livewire (Shady Nate, Jay Jonah, Philthy Rich, Stevie Joe, Lil Blood).
Mention spéciale : Shady Nate
Livewire Records, justement. Le membre fondateur du label aux côtés de J Stalin propose un rap plus versatile et décontracté, idéal pour glisser sur les samples Funk / Soul / R’n’B chinés par Dj Fresh chez The S.O.S. Band, Michael Cooper ou Stephanie Mills. Conseil amical, ne passez pas à côté de Based On A True Story (2007 / 100% produit par Dj Fresh) et de son The Tonite Show avec Jay Jonah (2008).
Identité musicale
De toutes les tailles, de toutes les couleurs et de toutes les époques... les synthés, pardi ! C’est porté par son imposante collection que le World Freshest nous offre une travail d’une qualité constante depuis bientôt 15 années. Et en empilant les beats funks et rétros - souvent riches en samples - et les bons rappeurs, sa série des Tonight Show fait indiscutablement office de wall of fame du rap de la Bay. De quoi séduire bien au delà des frontières californiennes, comme en témoignent les collaborations avec Raekwon, Freddie Gibbs ou encore Trae tha Truth.
RoBlo
• Ville : Pittsburg (CA)
Compère privilégié : The Jacka
Celui qui a enregistré les premiers couplets de Fed-X ou Rydah J Klyde est surtout indissociable du Mob Figaz le plus emblématique : The Jacka. "Never Blink", "They Don’t Know", "Hey Girl", "2 Dungeons Deep", "Greatest Alive"... on ne compte plus les morceaux intemporels nés de leur fructueuse collaboration. Pour la culture, comme disent les jeunes.
Mention spéciale : Husalah
Certains partent précipitamment et entrent dans la légende pendant que d’autres restent pour perpétuer l’héritage, mais aussi pour écrire l’avenir. Plus brute, plus excentrique, plus incisif que son regretté compère du Mob Figaz, Husalah mérite lui aussi son chapitre dans le grand livre du rap de la Bay. Dope, Guns, and Religion, Huslin Since Da 80’s... peu de projets en solo, que du très bon. Bien que traditionnel au niveau des prodos (Young L, The Mekanix, Roblo), son magnifique dernier exercice, H (2018) prouve qu’en infusant les tendances du moment (Auto-Tune en tête de liste), les artistes de la Bay demeurent parmi les plus créatifs et réels offerts par le grand monde du rap.
Identité musicale
Quels secrets se cachent derrière les sonorité emo thug si singulières à la musique des membres du Mob Figaz ? Des patterns de drums lumineux en provenance des caraïbes couplés à des sections de cordes plus déchirantes, certes, mais surtout un méticuleux travail de sampling. Puisés chez des artistes Rnb / Soul (Billy Ocean, Chaka Khan) ou Pop (Nancy Sinatra, Joni Mitchell), ceux ci sont ensuite hi-pitched par Roblo et insufflent ainsi la puissance émotionnelle nécessaire pour accompagner les contes tragico-ensoléillés du gang. Une indéniable source d’inspiration pour la relève (citons par exemple CheezeOnDaSlap et JuneOnnaBeat).
Young L
• Ville : Berkeley
Compère privilégié : The Pack
La deuxième partie des années 2000 marque l’avènement de la blog era, cette lointaine époques où les modes se lançaient sur Myspace et où le rap - celui du Dirty South ou d’artistes fluos tels que The Cool Kids ou Kid Cudi - pénétrait les clubs électro en séduisant le public Ed Banger-friendly. La tendance était alors aux mélanges (indigestes ?) d’influences, aux mash-up farfelus, aux basses XXL et à là déconnade. J’en veux pour preuve le Dirty South Dance d’A-Trak qui constitue par son sens du grand écart une solide synthèse de cette époque. Avec leur style vestimentaire moitié thug moitié nerd, leur humour loufoque et leur musique à la fois puissante et catchy, les membres de The Pack cochaient toutes les cases pour faire partie des égéries de ce public fraichement converti au rap.
Mention spéciale : Lui-même
En solo, Young L dévoile une face beaucoup plus premier degré et sombre de son univers : expérimentations glitch, sonorités 8-Bit menaçantes, autotune d’outre-tombe... le panel est large pour cet enfant d’Internet qui n’hésite pas à jeter un regard appuyé en direction de l’Europe via des références post-dubstep, synth-pop voir trance.
Identité musicale
En injectant des éléments chinés aussi bien du côté de la Miami Bass, de la Dance Pop ou du Freestyle, Young L dynamite la recette Hyphy – réponse de la Bay à la Snap music d’Atlanta – et pousse toujours plus loin la saturation des basses. Egalement capable de flipper sans gênes du Bob Marley, Rockwell, The Cars ou Scorpion, son travail pour The Pack augure très tôt des appétences pour la pop culture de l’ovni Lil B, blog era héros par excellence, une fesse sur le génie et l’autre sur le mauvais goût.