Entre 2011 et 2012, Nacho Picasso et le duo de producteurs Blue Sky Black Death décident de s’associer pour donner naissance à une formidable odyssée en 3 actes : Lord of the Fly, For The Glory et Exalted. Dans cette réinterprétation crasse et débauchée de la Grèce Antique, le rappeur de Seattle se projette en plein Mont Olympe, bien décidé à jouir de tout ce que notre Monde a à offrir : orgies, ripailles, stups et autres perversions.

Nacho façonne ici une mythologie moderne, démolissant les nobles icônes et érigeant les rebuts en héros. De leur côté, les BSBD sont alors au sommet de la vague cloud qui s’abat à ce moment sur le rap US, explorant sans cesse de nouvelles frontières sonores en fusionnant musique électronique, ambiant et inspirations sudistes pour de divines envolées.

Tels les nuages qui entourent la montagne, l’osmose est totale. Les longues nappes éthérées, la richesse des drums et des synthés permettent de briser la monotonie du flow asthénique d’un Nacho qui, cuit par les excès, n’a plus qu’à laisser glisser son sens affûté du storytelling. La grande force du rappeur réside en effet dans l’étendue de son imaginaire et sa capacité à réunir les références. Se mélangent ainsi culture nerd, déviances sexuelles et connaissances culinaires, le tout saucissonné dans un name dropping pointu.

Profondément arrogants et grossiers, les textes de Nacho sont des blagues graveleuses que les stoners se racontent entre deux lignes. Galvanisé par les psychotropes, l’univers renvoie à celui de William S. Burroughs - à qui le rappeur rend d’ailleurs hommage avec le titre Naked Lunch - soit un monde rempli de monstres pervers dégoulinants, de drogues synthétiques et d’hommes à nichons qui usent facilement de la gâchette.