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Focus

Entretien avec R$kp de Neuro$kp

Du label New Rose à la Dungeon Trap

Dirt Noze, le 28 mars 2018

Entretien avec R$kp, un rescapé de l’ère post-punk. Il a été directeur de la distribution chez New Rose pendant 10 ans, a connu la chute de l’industrie du disque et produit aujourd’hui des instrumentaux qu’il qualifie lui-même de "dungeon trap".

Salut R$kp, est-ce que tu peux te présenter rapidement ? Tu viens d’où, tu fais quoi ?

Salut. En fait moi je suis R$kp (rescapé) et je fais parti de Neuro$kp, un collectif que j’ai monté avec mon fils. D’où je viens, c’est une question que je me pose souvent. C’est là où je suis né, là où j’ai grandi, là où je vis ? C’est une question centrale pour moi car j’ai souvent l’impression d’être un déraciné, j’ai tellement voyagé, et déménagé. Je suis né en Picardie en limite de Haute-Normandie (pays de Bray picard), j’ai grandi majoritairement dans l’Est de la France (Reims), avec des séjours réguliers à Lens, Bavay, dans la famille en Picardie, et je vis dans la vallée du Lot (limite Lot / Aveyron) depuis le début des années 2000.

Ce que je fais ? Aujourd’hui, je suis demandeur d’emploi, mais plus généralement je peux dire que depuis 1996 je suis dirigeant dans le milieu de la coopération.

Aujourd’hui tu produis des beats, mais tu n’es pas né de la dernière pluie et tu as un passé bien chargé. Je crois que tu as bossé plusieurs années pour le label New Rose ?

En effet ! On peut dire que je suis pas né de la dernière pluie ! Sans rentrer dans le détail je peux dire que j’ai acheté mon premier LP en 1973 (chez Bouteille à Beauvais) et c’était le Goat Head Soup des Rolling Stones, ça commence à dater un peu… Effectivement je suis rentré chez New Rose, un peu par hasard, au milieu des années 1980. Je bossais chez un grossiste en disques et je m’occupais de l’implantation des “bergeries” (espaces dédiés aux disques) dans les super et hypermarchés, c’était le tout début du CD.

Magasin New Rose

J’étais un fan du jeune catalogue New Rose. Un jour je passais dans la rue, la porte des stocks était ouverte, je suis entré par là et puis guidé par la musique à donf’, dans un bureau. J’ai dit aux deux gars qui étaient là que j’aimais le catalogue, que je bossais dans le disque, que j’aimerai bosser chez New Rose et que je voulais savoir à qui je devais m’adresser… En fait les 2 gars c’était Louis et Patrick (les deux créateurs du label) ! Patrick m’a invité à déjeuner et en sortant du restaurant il m’avait embauché à la distrib’ pour développer les ventes sur les GMS (grandes et moyennes surfaces), grossistes et les sous licences (France Loisirs, DIAL, etc.). Entre autres choses je m’occupais aussi des ouvertures de magasin (c’est comme ça que j’ai rencontré Pascal Obispo qui était vendeur à la variété française à l’ouverture de la Fnac Bastille). Quelques temps après Patrick m’a confié la Direction Commerciale de la distrib’. J’ai bossé chez New Rose jusqu’à la fin, même si les 2 dernières années ont été bizarres et confuses…

Patrick Mathé et Louis Thévenon

New Rose au tout début c’était quoi ? Comment est née cette aventure ?

En fait au tout début New Rose c’est l’association de Patrick Mathé et Louis Thévenon. Patrick, ancien de HEC, qui avait fait ses armes comme directeur des ventes chez Pathé et fondé un petit label, Flamingo, vers 1978 je crois. Louis était plus jeune. Ils ont créé le magasin rue Pierre Sarrazin à Paris et un peu plus tard le label. Le magasin à longtemps été la vitrine de tout ce qui bougeait à Londres et aux États-Unis grâce aux imports, c’est ce qui à fait la réputation de New Rose. Au tout début des années 1980, il n’y avait évidement pas d’internet, 3 chaines de télévision et les radios FM n’existaient pas encore. Si tu étais branché tu devais passer chez New Rose pour avoir accès aux fanzines, au NME (New Musical Express, hebdomadaire musical britannique) et bien sur aux disques, c’était incontournable ! La vague punk déferlait et le symbole de ce joyeux bordel c’était le morceau New Rose des Damned . D’ailleurs tous les sous labels New Rose (hormis un label mort-né de metal qui devait s’appeler “Lucifer”), étaient nommés à partir des titres de chansons des Damned : New Rose, Fan Club, Smash it Up, Lively Art.

Au tout début ils ont juste produit des disques, la première sortie c’était Paralytic Tonight, Dublin Tomorrow (New 1), un 45 tours des Saints et était distribués par Musidisc. Très vite ils ont compris qu’ils devaient maitriser leur distribution pour maîtriser leur avenir et offrir un maximum de chances à leurs sorties. Les sorties se sont enchainées avec les Dead Kennedys et un deal avec leur label Alternative Tentacles, la compilation Let Them Eat Jellybeans , le premier LSD (La Souris Déglinguée) qui était le "Rose 6" (donc la 6ème sortie du label) si mon souvenir est bon, Les Cramps, etc.

Le catalogue New Rose ne suffisait pas à faire vivre une distribution, donc, quasi simultanément, ils ont proposé aux jeunes labels qui poussaient avec la nouvelle vague, de leur confier la distribution. C’était notamment le cas de Bondage Records et donc des Béruriers Noirs, Ludwig Von 88, etc…. Quelques années plus tard les Béru quitteront Bondage, créerons leurs éditions et deviendront artistes New Rose (comme Molodoï ensuite).

Moi j’étais au collège dans la deuxième partie des années 1980, pour les ados de ma génération, il n’y avait pas encore le rap fr (ou alors c’était très balbutiant), et ce « rock alternatif », avec les Béru, Ludwig, LSD, ça a été extrêmement important pour nous…

C’était la voix de la jeunesse, une musique mais aussi une façon d’être et une autre façon d’envisager la vie et le rapport aux autres. Chaque groupe avait des sensibilités différentes mais ils étaient tous reliés par cette volonté de maîtriser leur production, c’était le début du Do It Yourself. Certain étaient plus politisés, quand d’autre étaient plus littéraires. Chez New Rose nous avons commercialisé tellement de groupes : Les Béruriers Noirs, Ludwig Von 88, La Souris Déglinguée, Oberkampf, Wunderbach, Warum Joe, Gogol 1er, Les Sheriff, OTH, Les Wampas, les Hot Pants, Les Garçons Boucher, Los Carayos (le premier groupe de Manu Chao et la 1ere version de Malavida), Les Elmer Food Beat, Les Satellites, Les Nonnes Troppo, Les VRP, les Skippies…et même Jean-Louis Costes ! je crois qu’en dehors des Négresse Vertes et de Kat Onoma tout ce qui à fait le rock français des années 1980 début 1990 est un jour passé chez New Rose.

Il n’y aurait pas un lien entre le rap fr d’aujourd’hui et le rock alternatif des années 1980, quelque-part ? On a l’impression que l’un a remplacé l’autre d’une certaine façon. Certains rappeurs français d’aujourd’hui me paraissent parfois descendre plus de Ludwig et des Bérus que de Public Enemy ou UGK…

Oui c’est clairement le cas ! En surface on pourrait faire le parallèle Alkpote / Gogol 1er par exemple mais c’est plus profond. Avec la même diversité dans les approches. Dans les années 1990 les rappeurs français étaient vraiment sur le modèle américain, les mêmes samples et le même désir de contrats en or massif, de grosse berlines et de filles…

C’est pour ça qu’au début des années 1990 nous, chez New Rose, n’intéressions pas les jeunes groupes. Notre approche artisanale ne les intéressait pas, on ne parlait pas le même langage. Aujourd’hui c’est totalement différente. Je crois qu’il y a la même volonté de maîtriser son expression et sa distribution, une vraie volonté d’indépendance, comme avec les “anciens” groupes français. Les discours et les attitudes se rattachent aussi beaucoup, et puis musicalement, on peut entendre une grosse évolution des samples, dans la mouvance underground surtout. On a souvent délaissé les sonorités soul/jazz pour des sons plus durs et plus froids issus du métal, du punk et du post punk. Enfin il y a cette profusion de projets, ce bouillonnement, qui est identique, ces prods “artisanales” facilitées aujourd’hui par le numérique, et cette même urgence. À l’époque on était capable de sortir un disque en 15 jours et souvent on l’amortissait à 700 copies, donc on hésitait pas trop et le moteur qui nous guidait c’était la passion. Patrick disait souvent qu’il était avant tout un fan et qu’il produisait les disques qu’il avait envie d’écouter et d’avoir dans sa discothèque chez lui. À la distrib’ c’était pareil on distribuait les labels et les disques qu’on voulait voir dans notre discothèque, on avait un rapport quasi viscéral avec les disques, les artistes et les labels.

Par la suite vous avez mêmes produits des albums de rap je crois…

Non New Rose label, ne produisait pas de rap. Par contre nous en avons distribué un peu. Dès le milieu des années 1980 nous avions en distrib’ le Label Music Of Life (label américain de Hip-Hop avec Asher D & Daddy Freddy), puis nous avons eu Consolidated (groupe Rap Indus Us militant pour la cause Gay, imagine le bail dans le milieu rap du début 90 !!!), MC 900 Ft Jesus With DJ Zero, autre groupe américain, les anglais de Gunshot et puis tout à la fin, mais là la distrib n’était plus vraiment New Rose (même si l’équipe était encore là) j’ai eu en distribution House Of Pain, Lifers Group, en francais le Premier Ep de Sté (Strauz), Le premier single de Ménélik, Les Fabulous Trobadors, et même si ça n’est pas tout à fait du rap Les 4 premiers Massilia Sound System.

Il m’est souvent impossible de distinguer le label et la distrib’. Le label seul ne pouvait pas suffire. Sur certains rayons tu retirais le catalogue New Rose Distribution, le magasin était vide ! Des pans entiers de musique, des sous genres sont passés et ont été implantés en France par New Rose. Les Dead Kennedys c’était de la licence, donc c’était du New Rose Label. Mais on a distribué aussi Therapy, Sepultura, Slayer, Sodom, Disharmonic Orchestra, Anvil, Axel Rudi Pell, Obituary, King Diamond, Mercyfull Fates, Chastain, Saint Vitus, Christian Death, Front 242, Borghésia, Cassandra Complex, Trisomie 21, Young Gods, Fugazi, Dub Syndicate, Creation Rebel, tout le label Trojan… Tellement, qu’il est impossible de tous les citer.

Haha, ça ira, c’est déjà pas mal ! Du coup entre la production d’albums sur le label et la distribution en France de labels étrangers, New Rose a fait connaitre au public français un nombre incalculable de groupes et mêmes de scènes underground complètes. Il faut rappeler qu’internet n’existait pas encore pour le grand public à cette époque. Tu dis d’ailleurs que New Rose c’était véritablement la bande son des années 1980 et du début des années 1990…

Oui c’est le cas ! Avec le recul quand on regarde ces années là, les groupes qui restent, qui ont marqué ont souvent été implanté en France par New Rose, même si au début il nous a fallut abattre un gros boulot pour y arriver parfois…C’était par exemple le cas avec les Sepultura, Slayer, Sodom, DRI, etc... les premières années. C’était totalement inconnu et dans un sous-genre complètement nouveau, à part quelques mecs qui avaient entendu parler de Venom et consorts on ne peut pas dire que le marché attendait.. C’est évident en rock alternatif français, en métal, mais également sur des pans de sous genres en international. Bien sûr il n’y avait pas Internet et peu de médias, donc gros travail de terrain via les disquaires.

Tu peux nous dire comment et pourquoi l’aventure s’est terminée ?

Oui, Patrick et Louis s’éloignaient de plus en plus artistiquement parlant, et humainement aussi du coup. Louis était vraiment post-punk cold wave, il était l’âme de Lively Art (Little Nemo, And Also The Trees, etc.), Patrick lui virait de plus en plus sur le rock américain, limite country. Ils se sont séparés. Patrick a gardé le label et Louis le magasin. Peu après, les Bérus marchaient de mieux en mieux en vente malgré leur séparation, Patrick venait de découvrir Calvin Russel qui commençait à vraiment vendre, et la meilleure vente de tous les temps de New Rose, Le Disque des Séries Américaines, cartonnait fort ! La Fnac a fait une proposition à Patrick, qui a vendu la société fin 1992. À ce moment là nous avons été regroupés avec les autres filiales de la Fnac (WMD, Fnac Music Production) et nous avons emménagés rue du Cherche-Midi. Juridiquement on existait encore, perso j’ai été salarié de New Rose jusqu’en 1995, mais le tout disparait peu après le rachat de la Fnac en 1994. Mi 95 tout était plié.


 Entretien de Patrick Mathé qui revient sur l’histoire de New Rose (Gallica - BNF)

Dans les années 1990, le rap et le rock se mélangeaient assez peu, les deux genres (et leurs publics) se regardaient en chiens de faïence. Il y avait même un discours comme quoi le rap s’était construit « contre le rock » (Ce qui est à mon sens faux, car le rap s’est au début surtout construit « contre » le disco, tout comme le punk, et les deux genres étaient même assez proches au début.) C’était vrai aux États-Unis mais aussi en France, NTM disait par exemple « Tout le monde voulait tuer le rock. Le vrai combat a toujours été là, d’ailleurs ». Tu parles aussi plus haut d’une confrontation d’idéaux (pour faire vite) entre le matérialisme pragmatique affiché dans le rap et l’idéalisme (parfois un peu hypocrite) du rock. Quel est ton regard là dessus ?

Je crois qu’en dehors des discours et des postures des uns et des autres, cette “opposition” relevait le plus souvent du “marketing” que de convictions profondes. La réalité c’est que les deux ont creusé le même sillon, et qu’en fait rap ou rock sont les deux faces d’une même médaille. J’ai toujours analysé cette posture comme une volonté de “tuer le père”, un peu comme la génération de 68 qui fait “la révolution” en disant qu’ils vont changer le monde et se précipitent pour prendre la place de leur père et font… la même chose, avec un emballage un peu différent, mais la même chose. Ce sont eux qui tiennent le monde aujourd’hui, et le moins que l’on puisse dire c’est que l’esprit de la révolution est loin. Pour le rap et le rock je pense que le phénomène est identique.

De plus, c’est sans doute cynique, mais cette posture servait bien les intérêts des majors dans une période ou le marché commençait à plonger. En faisant croire qu’on était sur quelque chose d’entièrement nouveau, qu’on faisait table rase du passé, et qu’il fallait soutenir ce mouvement (en consommant des disques, du merchandising, des places de concerts). Le fait d’opposer les uns aux autres servait également à éviter qu’il y ait une collusion des artistes pour négocier les droits face au tassement des ventes, on dit bien “diviser pour mieux régner”… Les majors avaient raté le phénomène du rock Indé, et, au début des années 1990, elles intervenaient massivement, carnet de chèque en main, pour piller les catalogues des indépendants et remettre de l’ordre dans la boutique. La génération rap arrivait, son discours et ses préoccupations la destinait à intégrer les indés, alors pour les majors il était proscrit de la leur laisser. Ce discours (et les chèques qui l’accompagnaient) allait donc dans ce sens. Dans le fond, et avec du recul, on voit bien que les postures, les messages et même les codes parfois, sont les mêmes et qu’il est naturel que le Rap rencontre le rock. Après, la segmentation entre les pragmatiques et les idéalistes est je penses la même dans les deux camps. J’ai vu beaucoup d’indépendants idéalistes mettre de l’eau dans leur LSD, et s’accommoder de cette dualité quand le chèque d’Universal, de Sony ou de Virgin était bien épais.

Aujourd’hui certains artistes, plus que de faire un placage des deux genres comme on a pu le voir auparavant avec des groupes comme Rage Against The Machine ou des morceaux comme le Bring The Noise de Public Enemy et Anthrax, et le Walk This way de Run DMC et Aerosmith, se placent même quelque-part entre les deux genres pour créer véritablement autre chose, comme la Gothboiclique et des gens comme Death+, Ghostemane ou Barren. Ce n’est plus vraiment du rap et ce n’est pas du rock non plus. Dans le rap indépendant autour de 2000, même si c’était assez différent formellement de la scène underground actuelle, on trouvait déjà cette volonté de faire quelque chose de nouveau en mélangeant le rap et le rock, avec notamment les sorties du label Anticon. Que penses-tu de ces scènes ?

C’est à fond mon univers ! J’adore la GBC, la Team Sesh… J’aime cette alchimie, au sens premier du terme. Ils ont les codes du rap c’est incontestable, mais ils ont plus que ça, et ce qui est intéressant c’est qu’effectivement il ne se contentent pas de plaquer deux genres l’un sur l’autre, mais essaient, créent (avec plus ou moins de bonheur parfois), explorent, et tentent de renouveler perpétuellement le genre. J’y retrouve un peu l’esprit des artistes “Berlinois” du début des années 1980 (genre Christian Death, Killing Joke), des Bauhaus, mais aussi des collectifs punks comme les Londoniens de CRASS. Des créateurs qui avancent en mariant les genres, les influences et les arts (musicaux, plastiques, visuels, vestimentaires, design,…). C’est vraiment intéressant et excitant. On ne sait pas toujours à quoi s’attendre, on peut être un peu déçu parfois, la seule chose qui soit sûre c’est que chaque sortie est différente de la précédente. Quand à l’étiquette qu’on met dessus, ce n’est qu’une étiquette, avec toute la relativité qui l’accompagne. Personnellement je dirais simplement que c’est une des branches du rock qu’on voit se développer, mais que c’est du rock tout simplement. Tu vois une fois encore la filiation est évidente...

Toi, à priori, tu viens complètement du rock. À partir de quel moment tu as commencé à t’intéresser au rap ? Et quand est-ce que tu es tombé complètement dedans ?

Ah ah, en fait, comme je disais, le rap c’est du rock ! Sérieusement, oui je viens complètement du Rock, enfants j’étais “bercé” par les Rolling Stones, les Pink Floyd, Cheap Thrill de Janis Joplin que mes cousins écoutaient. Mon kick ça a été le punk. La découverte du rap c’est faite par étape, c’est plus un cheminement en fait. Au début des années 1980, avec les moyens de communications de l’époque et en province c’était pas facile. Des groupes comme The Clash par exemple nous ont fait découvrir le reggae, puis avec un album comme Sandinista une facette différente de la culture de rue. Dans les grands médias tu avais H.I.P. H.O.P. l’émission de Sydney, mais ça ne me branchait pas trop… j’étais jeune, enfermé dans les chapelles dont on parlait tout à l’heure, c’est donc par l’ouverture des groupes que je suivais de plus ou moins près que je me suis intéressé au truc. Au début le son nouveau c’était le reggae, le ska. Des groupes comme UB-40 ont commencés à faire du dub et du raggamuffin et là ce flow vocal et ces rythmes particuliers ouvraient vers une nouvelle scène. Pour moi l’intérêt réel pour le rap commence chez New Rose avec la signature du label Music of Life en distrib’ pour la France au milieu des années 1980. Il y avait les Asher D, Daddy Freddy, etc., c’était vraiment le son de la rue américaine et une claque par rapport à ce qu’on connaissait en France ! Chez Music of Life on avait des compilations Beats, Breaks & Scratches qu’on vendait comme des petits pains. Ça permettait aux DJ et aux MC de créer leur propre morceaux et c’était une vraie révolution. Ça faisait une ambiance à la 8 Miles un peu, ah ah ! L’éclosion d’une nouvelle scène était évidente. En France, Suprême NTM ça a été la claque et Public Enemy, Ice Cube, etc pour les américains.

J’avais un peu de mal avec la scène française, je trouvais les prods peu inventives et les discours victimaires à longueur de couplet m’emmerdaient un peu ! J’attendais un cri, une révolte, mais à part NTM c’était pas brillant. J’ai bien sur écouté Assassin, Ministère Amer, Ideal J, mais l’esprit ne collait pas forcément à mes attentes. Nos labels étrangers on commencé à faire des sorties également, Gunshot, MC 900 Ft Jesus With DJ Zero, Consolidated… Je suis resté au contact, et j’appréciais déjà les démarches “crossover” de groupes comme Consolidated. L’album de référence pour moi ça a été House of Pain (Fine Malt Lyrics) (de House of pain) ! J’ai tout de suite adoré leur second degré (put on your shit kickers and kick some shit) ! Je l’ai tellement écouté que ma fille ainée se faisait remarquer à l’école maternelle en chantant “Boom Schlack Lack Boom” (ce qui ne plaisait pas à sa maitresse, ah ah !). Cet album est un bijou et des morceaux comme “Black Jesus” d’Everlast par exemple étaient très en avance.

En France je ne suivais que de très loin, c’est venu beaucoup plus tard et une fois encore par le rock ! Avec la participation de Casey (et B James dans une moindre mesure) à Zone Libre pendant la détention de Cantat. J’avais enfin trouvé ce que j’attendais depuis des années. Pas deux genres plaqués l’un sur l’autre mais une vraie alchimie entre du rock "noisy" à la base et du rap. Les Mains noires, Purger ma peine, putain les claques ! Ça fonctionne de ouf ! Là j’ai accroché vraiment et j’ai commencé à digger… Ça coïncide un peu avec mes débuts à la prod, j’ai d’ailleurs souvent essayé à cette époque de marier du rap avec du metal mais c’était pas très probant. Pour finir, je ne peux pas dire que je sois entièrement tombé dedans. Avec le temps j’ai écouté de plus en plus de rap, mais même si c’est ce que j’écoute majoritairement aujourd’hui, je continue à écouter du metal, du hardcore, de l’indé, de l’indus, et même des groupes de folk nordique comme Wardruna (que j’écoutais avant le succès de la série sur Canal + et pour qui on peut faire 1400 km pour les voir en concert), j’aime cette diversité parce que c’est elle qui fait le rock, et le rock c’est ma culture.

Tu te compares souvent au personnage Vernon Subutex, du roman de Virginie Despentes. Tu es sensiblement de la même génération et, comme lui, tu as connu de près la chute de l’industrie du disque…

Oui c’est hallucinant. J’ai été frappé par la similitude lors de la lecture des romans. Après je n’ai pas vécu la même descente. New Rose pour moi c’était plus qu’un taf, c’était un état d’esprit, un engagement quasi politique voir dogmatique ! Après New Rose je n’ai pas souhaité “vendre mon âme” aux majors ou rejoindre des concurrents (qui de toute façon étaient voués à disparaitre), j’ai réorienté ma carrière et j’ai dirigé, jusqu’a 2016, des entreprises dans la coopération. C’était pour moi une façon de continuer à essayer de changer le monde en abordant le problème du salariat et du commerce d’une façon différente. En fait, souvent les gens me prenait pour un fromage blanc (j’étais ordinaire, j’avais pas de look, etc…) mais je suis resté fidèle à mes engagements jusqu’à aujourd’hui… C’est donc sur cette image de rescapé que je me retrouve dans ce héros, dans ces références, et surtout dans cette quête de l’onde d’Alex Bleach. Ça m’a interloqué quand je l’ai lu, parce-que c’est vraiment ce que je cherche quand je produit du son.

Et puis du fait de mon manque d’emploi aujourd’hui je suis dans une situation fragile et je pourrai tomber dans l’indigence et me retrouver sans toit si toute fois je ne retrouve pas de travail avant la fin de l’année. En ça aussi je pourrai lui ressembler. Quand à la chute de l’industrie du disque, elle était prévisible (j’en avait parlé dans une interview à Show Magazine dès 1992), tout le monde s’est bouché les yeux et à continuer à foncer droit sur le mur ! Et encore, en 1992 Internet n’était pas disponible pour le grand public, mais les changements des modes de consommations étaient eux bien marqués. C’était le plein essor des jeux vidéos et les mômes, qui étaient nos principaux clients, en achetaient de plus en plus. Les jeunes avaient 200 francs d’argent de poche par mois. Avant ils achetaient 1 disque par mois et là, sur cette période, ils se mettaient à acheter un jeu à 140 francs. Il leur restait 60 francs et un CD coutait 129 francs prix public, l’impasse était devant nos yeux et bien avant Internet. Mais personne ne voulait regarder la réalité en face, les marges étaient pharaoniques et tout le monde pensait que le marketing allait tirer le métier de l’ornière ! le disque c’est avant tout des relations de passionnés, c’est ça le fond du métier, et c’est ça qu’il fallait cultiver.

Durant la période New Rose tu faisais déjà de la musique ?

Avant New Rose, j’ai passé des disques dans une discothèque “Punk Rock” Le Tigre les mercredi et samedi après midi, et j’ai surtout participé à Radio Manivelle (radio pirate) en 1979 puis à l’explosion de la radio libre dès 1981 avec plusieurs émissions : Les Gogols Délinquants au Chemin Vert, Urbi et Orbi à la MJC le Phare, Adrenaline puis Zyklon B à radio Clairmaret, le tout à Reims. Mais non, je ne savais jouer d’aucun instrument et je n’aurais pas osé. Pour moi les artistes étaient des demi-dieux ! Par contre j’ai gardé de la radio la technique des boucles qu’on faisait pour monter les jingles (à l’époque le couper/coller c’était du physique, ah ah ! On coupait des morceaux de bande magnétique qu’on collait ensemble sur un banc de montage pour refaire un morceau, à la main avec des ciseaux et de la colle… Ah ah, le dinosaure !).

Haha ! Le numérique à changé beaucoup de choses en effet. Et du coup, à quel moment tu es passé à la production ?

J’ai commencé à produire il y a 15 ans, avec l’avènement de la MAO. Pendant environ 3 ans je n’ai produit que pour moi. Et pour le malheur de ma famille que j’ai assommée ! je pouvais rester sur un morceau 3 ou 4 semaines. Le processus était long, je me cherchais, je cherchais mon son et le matériel était un tout petit moins performant qu’aujourd’hui. En parallèle je m’étais mis à l’apprentissage du clavier et de la guitare, mais je reste un piètre musicien… Ensuite j’ai commencé à mieux maîtriser Acid pro, les versions évoluaient et offraient de plus en plus de possibilités et j’ai commencé à mettre ma musique en ligne sur MySpace, sous plusieurs identifiants en fonction des types de prods. Sur mon identifiant principal j’avais un peu plus de 1000 abonnés qui me suivaient et réagissaient régulièrement.

J’ai fait 2 prods pour des documentaires diffusés sur France TV (un 8 minutes diffusé dans Envoyé Spécial et un 20 minutes sur le braconnage des éléphants d’Afrique diffusé en 2ème partie de soirée sur France 2 puis rediffusé en journée sur France 5). J’ai participé à un projet de polar interactif aussi, mais le résultat n’était pas très satisfaisant du fait du manque de technologie à dispo. Et puis je n’ai plus produit grand chose, MySpace s’endormait, j’ai continué à faire quelques morceaux, mais que je ne mettais même plus en ligne. Je les gravais sur CD et les distribuais autour de moi. C’est mon fils qui m’a persuadé de remettre ça l’année passée. Il voulait qu’on fasse un truc juste entre nous et comme on est fou de zic tous les 2, qu’on écoute du rap tous les deux, ça s’est imposé et on a créé Neuro$kp. Mais bon comme mon fils est encore jeune et amoureux, c’est plus souvent moi qui produit (R$kp) et poste mes prods.

Les beats que tu produis aujourd’hui mêlent des rythmiques inspirées de la trap avec des ambiances sombres qui viennent du post punk ou de l’ambiant (tendance cold wave). On pourrait dire que tu te places dans la lignée de la team SESH. Tu parles même de Dungeon Trap.

Carrément ! Dans les sons d’aujourd’hui j’aime beaucoup la GBC, Yung Hear$e, mais surtout je me sens très proche de la Team Sesh. J’adore cet équilibre qu’ils ont su trouver entre les genres et cette diversité, cette ouverture d’esprit. Ils sont ce que je voudrais être (rires). J’ai toujours eu un goût très prononcé pour les trucs Dark. En fait j’était plus Batcave, ColdWave, que punk. J’aime les trucs noirs et torturés. Chez New Rose j’étais plutôt dans la mouvance Front 242, Skinnny Puppy, les sons froids, métalliques, extrêmes, les musiques électroniques (la techno de l’époque) ou des trucs barrés indus genre Throbbing Gristle, Foetus, Test Dept, Cabaret Voltaire, Eraserhead, des prods genre les Disques du Soleil et de l’Acier ou des trucs de musique contemporaine genre Wim Mertens. Mais j’ai toujours eu besoin à côté de trucs qui défoncent, du hard core basique à la Poison Idea ou du trash à la Slayer, Sepultura. j’ai compris avec le temps que la force n’est pas forcément dans le rythme et les cris, que l’intensité compte au moins autant. Si tu écoutes le Turned On de Henri Rollins (je suis resté fan depuis Black Flag) tu verras que les passages lents et quasi murmurés sont beaucoup plus forts et poignants, que les passages rapides et “hurlés”, du fait de la tension et de la puissance retenue qui s’en dégage. C’est ce mélange, cette intention, cette intensité que j’essaie de mettre dans mes prods.

Quelles sont les producteurs qui t’ont le plus influencé dans ton travail ?

J’admire Steve Albini, Brian Eno, Tony Visconti (je reste un grand fan de Bowie), Adrian Sherwood, Mad Professor, des gens dont on reconnaît immédiatement le son. Dans le game j’aime beaucoup les prod de La GothBoiClique, Yung Hear$e qui fait des samples très très propres, et on en a parlé plus haut la Team Sesh (Cat Soup, Drew The Architect, Drip 133, etc.). J’aime aussi Nedarb, BSBD, Ultra 88, American Haunting, etc. En français, tout le monde le sais j’aime beaucoup la démarche de LK et Moïse (même s’ils ne sont pas entièrement producteurs). En prod j’aime La Prune, Dela de Butter Bullet, O’trak et dans un genre plus “classique” les prods du collectif Anfalsh (du fait de Casey dont je suis fan).

Ta musique se passe très bien de vocaux. Est-ce que cette dimension purement "instrumental" est importante pour toi ?

J’ai été habitué depuis le départ à produire de l’instru, donc je construit mes morceaux pour ça. Je pense qu’on ne les conçoit pas du tout pareil que des type beats. Je n’ai personne pour poser, je ne sais pas chanter et je n’aime pas ma voix, donc j’essaie de raconter mon histoire uniquement avec des sons, des mélodies. En fait c’est la seule voie que je connaisse. Pourtant mon rêve reste d’avoir quelqu’un qui vienne poser ses textes sur mes prods, de façon a en augmenter l’impact. J’ai peur de ne pas toujours savoir exprimer mes sentiments uniquement par la musique et je crois que des mots pourraient venir renforcer le message… Mais je ne suis pas certain. Quand j’ai composé Near Death Expérience il était évident pour moi que c’était un morceau purement instrumental et qui le resterait. Pourtant il y a quelque temps j’ai écouté Danser dans le Noir de Lala Ace et je me suis dit que sa voix, son flow colleraient à merveille sur ce titre, ça s’est imposé à moi comme ça. Je lui ai écrit pour lui proposer mais elle ne m’a pas répondu. D’une façon générale je ne suis pas très doué pour exprimer mes sentiments avec la voix, avec des mots, donc oui cette dimension est importante voir essentielle pour moi.

Tu as déjà collaboré avec des rappeurs ? Est-ce que c’est différent de faire des beats pour qu’un vocaliste se pose dessus ?

Pour la Toussaint j’ai fait un morceau qui s’appelle Funeral Party. Je l’ai mis en ligne en mettant en commentaires que je regrettait de n’avoir personne pour poser dessus. Dans la foulée l’Epicerie Gang (La Prune) m’ont proposé de me poser un texte dessus. Je n’avais jamais fait ça et je dois dire qu’ils ont été d’une grande patience avec moi. J’aime ce qu’ils ont posé dessus. Ils m’ont gentiment plié le truc vite fait. Je le réécoute régulièrement et je me disais que ça mériterait d’être mieux produit (ça manque un peu de “puissance”, à, l’occasion il est pas impossible que j’y remette les mains). Sinon j’ai un morceau en cours avec LK de l’Hotel Moscou, mais qui n’est pas encore sorti. J’en ai 2 versions et je ne sais pas encore ce que LK fera avec. Là ça a été différent. Un de mes titres a plu à Laurent qui m’a demandé si je pouvais le retravailler pour qu’il puisse poser dessus. J’en ai donc refait une version avec une structure plus classique couplet / refrain. Moïse The Dude pense aussi utiliser des prods à moi pour le Moise The Dude vol 3, mais c’est plus lointain. Il m’a réservé 4 morceaux et essaie de gratter des textes pour poser dessus, mais il est en plein dans la sortie de son EP (Keudar) pour le 23 mars, le tournage de clip, donc on verra. Je suis en contact également avec Bobby (dont j’aime beaucoup le AA4) Il essaie de gratter lui aussi sur un EP, mais rien n’est fait pour le moment.

Donc en fait pour le moment je ne peux pas dire que ce soit différent, puisque ce sont des gens qui se collent sur mes prods, ce serait sans doute différent si je les avais faites dès le départ avec l’objectif qu’ils posent dessus. Le résultat de Funeral Party avec La Prune ou du morceau de LK (qui devrait s’appeler Vertigineux) me plaisent. C’est rigolo parce que c’est leur interprétation du sens de le musique et du coup ça change le sens du morceau pour moi. C’est moi et ça n’est plus moi… Mais le résultat me plait ! J’ai parfois du mal à croire que c’est un de mes morceaux et je me sens réellement honoré que des mecs prennent un peu de temps pour poser sur mes modestes prods. Ça me touche vraiment.

Est-ce que tu as des projets à venir dont tu peux nous parler ?

Je travaillais depuis plusieurs semaines sur 2 projets, mais aucun ne me satisfaisait. Je n’étais pas content du rendu, je trouvais qu’il manquait quelque chose. Du coup je les ai mis de côté. Et puis l’autre jour je marchais sur le causse et en redescendant vers “le bout du monde” (c’est le vrai nom du lieu dit !) à travers les bois j’ai quelques phrases qui me sont venues, des boucles que je pouvais entendre et depuis je bosse à fond sur un nouveau projet qui s’appellera Obituary. J’aimerai clipper un titre aussi, mais je n’ai pas trop de matos pour. Mais je me débrouillerai. J’aimerai faire d’autres collab’, peut-être avec d’autres univers… Par exemple j’aime beaucoup la voix et la façon de chanter de Marco le chanteur de Treponem Pal, qui est lui même sensible au rap, qui a côtoyé Ice Cube. J’aimerai qu’il pose un texte sur une de mes prods, pour un rendu un peu à la King Yosef, tu vois ? J’aimerais faire une (ou des) collab’ aux États-Unis, avec la Team Sesh par exemple (ah ah, je rêve).

Est-ce qu’il y a quelque chose qui te tient à cœur et que tu souhaiterais approfondir à l’avenir ?

J’aimerai développer une Team Frenchie, un peu dans l’esprit de la Team Sesh, monter une espèce de nouveau label. C’est vraiment le projet qui me motive pour l’avenir même si je ne sais pas si ce sera réalisable, mais ça me tient à coeur. Mon souci c’est l’isolement, je suis loin de tout et je ne connais pus grand monde.

Quel est est ton regard sur la scène musicale, aujourd’hui ? Le mainstream, l’underground, et toute ces scènes qui tentent de rapprocher et fusionner le rap et le rock ?

Le mainstream je ne m’en occupe pas vraiment, ça ne m’intéresse pas trop. Je crois que je resterai Underground jusqu’à ma mort (ah ah, et surtout après !). Il y a énormément de productions, de sorties, c’est difficile de suivre. La vie des projets est de plus en plus courte, les morceaux aussi d’ailleurs ! Des morceaux de 1mn 20 on avait pas vu ça depuis Hardcore Holocaust (ah ah) ! Je trouve qu’il y a beaucoup de déchets, beaucoup de facilités et souvent peu de recherches. Ça a souvent un goût de musique en boîte. Mais c’était déjà le cas avec la scène OÏ, la Techno, etc… sauf qu’aujourd’hui avec Internet et la mondialisation on a une vue panoramique instantanée et du coup ça parait accentué. Les scènes qui rapprochent et fusionnent le rap et le rock, oui c’est principalement ce qui m’intéresse aujourd’hui. Moi je viens du rock et du coup j’y retrouve tout ce que j’aime. Et puis le rap underground c’est du rock (dans l’esprit au moins) donc le mariage est naturel.

Quelles sont les petites scènes d’aujourd’hui que tu suis plus particulièrement ?

Pas de scène à proprement parler. Je suis plus sensible à la démarche d’artistes qu’a une scène d’une façon globale et indéterminée. On peut quand même dire que je suis attentifs aux sorties Emo Rap, Indie / Alternatif Rap, à la scène Trap (même si ça commence à être un peu galvaudé), et des scènes un peu crossover (mais complètement dans mes racines) comme la scène Punk Rap (Ho99o9) ou Indus Rap (King Yosef, Sidcar The Skeleton) et @Oxylo (sur Twitter) a fini par éveiller mon intérêt donc j’essaie de suivre un peu la scène Drill anglaise et ses rapeurs masqués. Sinon j’écoute toujours de l’indus (au sens indus des 80’s), du Dungeon et du Metal (surtout du folk black metal).

Sinon je suis Swampdiggers sur les réseaux, ça me permet de me tenir informé des sorties et des projets sur la musique marécageuse et de lire de bons article de fond régulièrement (avec du son souvent !)

Haha ! Merci. On peut peut-être signaler vite fait ici que tu es un peu lié à Swampdiggers, notamment sur la veille et les news que le site poste sur Twitter. Sinon, quels sont tes poids lourds sûrs du moments ?

Oui j’écoute pour me tenir informé, et des fois avec plaisir, mais j’ai cette espèce de déformation depuis toujours, cette passion, cette quasi fièvre de chercheur d’or, de trouver la pépite de demain.

Du coup si tu devais faire un petit top 10 des sorties de ces 12 derniers mois (à la louche) tu citerais quoi ?

En frenchie, récemment j’ai aimé :
1) le Xanadu de LK (un album magnifique écrit comme un roman)
2) Eau de vie de La Prune, un projet pharaonique, une véritable performance
3) Le Air Mès et Hermax de Butter Bullets
4) Le Corto Maltese de Moïse The Dude (un véritable tube qui mériterait une reissue)
5) AA4 de Bobby
6) Le Sublime Abomination de O’trak et Chris Storm
7) Toute sortie est définitive de Associal Club
8) le 20/20 de Triplego
9) En Ford Mustang ou la morsure du Papillon de Barabara (un disque au relents de Kerouac ou Steinbeck)
10) La seringue est ready de La Prière du Poulet (un superbe clip et une chanson très “tubesque”)

Et en International :
1) Unrendered de Bones
2) America’s Most Haunted de American Hauting
3) Comme Over When You’re Sober de Lil Peep
4) Lapidary de Drew The Architect
5) United State of Horror de Ho99o9
6) Breaking Bones de Sidcar The Skeleton
7)l Les 5 derniers volumes des Killyouself de $uicideboy$ même si assez innégal
8) Keys de BDSD & Nacho Picasso
9) Wardon de Nine Callisto
10) Requiem II de Yung Hear$e.

Merci R$kp, et bonne continuation dans tes projets.


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