Beatmakers français : histoire d'un combat sans fin

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Beatmakers français : histoire d'un combat sans fin

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L'évolution des beatmakers français
L'évolution des beatmakers français
© Radio France

Ils sont autant partie prenante que les rappeurs en terme de création musicale et sont aussi responsables qu'eux de vos morceaux préférés. Pourtant, on les met rarement en avant et pire, leur situation est souvent assez précaire. On a essayé de faire le point.

Parmi toutes les différences majeures qui existent entre la scène rap en France et celle des Etats-Unis, le statut du beatmaker n'est pas forcément celle qui saute le plus aux yeux mais elle reste une des plus importantes. Souvent considérés à tort comme la cinquième roue du carrosse, ils sont rarement mis en avant et la plupart des auditeurs ne connaissent pas leurs visages , parfois même pas leurs noms. Commençons par un petit flashback.

A l'arrivée du rap hexagonal, on est à peu près sur le même modèle que les USA, dans le sens où les premiers groupes ont presque tous leur beatmaker attitré,  responsable de la quasi intégralité des productions et souvent traité comme un membre du crew à part entière bien que plus effacé que les autres. La première évolution arrive avec la période faste du rap français , où le genre commence à rapporter de plus en plus d'argent, d'où une industrialisation de la production, toujours sur le modèle américain. Madizm , producteur pour le labelIV My People , se souvient : "le beatmaking s'est professionnalisé en France quand les disques de platine et l'argent ont commencé à affluer. A partir de là le beatmaker prenait une avance sur royalties, comme aux Etats-Unis. Par exemple la toute première musique que j'ai placée, vu qu'une maison de disques était impliquée, j'ai eu une avance de 4000 francs, donc 600E par là. C'est rien, mais c'est le tout début. Tu démarres là, tu poursuis et tu commences à prendre 2500E dès que ton beat est vendu, que le son soit sorti ou pas."

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La gratuité

Lorsque les ventes se mettent à sérieusement baisser, les beatmakers sont malheureusement régulièrement ceux qui en font le plus les frais. Dans le même temps, Internet change complètement la donne à deux niveaux.  D'abord, le téléchargement touche tout le monde, maisle web offre dans le même temps une formidable nouvelle plateforme d'exposition  pour se faire connaître. Tous les producteurs débutants diffusent des instrus sur la toile, de Myspace jusqu'à Soundcloud aujourd'hui, dans l'espoir de se faire repérer. Du coup, lorsqu'un rappeur décide de poser sur une prod, c'est presque vu comme un service rendu au beatmaker. Le producteur Frencizzle , que le grand public connaît aujourd'hui entre autres pour son travail avec Booba sur Felix Eboué , confirme : "j'ai commencé à envoyer plein de prods gratuites pour que mon nom tourne, puis ça a pris progressivement et maintenant j'arrive à me faire payer. En sachant que je file aussi des beats à des amis comme Metek , à qui je continue d'envoyer des prods gratuites d'ailleurs. J'estime avoir eu de la chance parce que chaque prod que j'ai placée m'a permis de grimper d'un niveau et de me faire connaître petit à petit."

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Si de voyage à Miami en bouche à oreille Frencizzle a eu l'opportunité de se connecter avec un poids lourd comme Booba, ce n'est pas le cas de tous etbeaucoup se contentent de travailler gratuitement dans l'espoir d'une exposition.  Une configuration qui est loin d'avoir toujours été la norme, rappelle Madizm. « C'est_les débuts de l'esclavagisme des beatmakers_  qui s'est installé dans le rap (rires). On a réduit les coûts, sauf que les Ricains avaient quand même vérifié avant ce qui restait indispensable niveau dépense pour continuer d'avoir de la musique digne de ce nom. Nous, on n'a pas fait ça, ni les maisons de disques ni les indés. C'est d'ailleurs ce qui me permet de vivre à peu près toujours de musique aujourd'hui : à chaque fois qu'un Américain prend un de mes beats, il me laisse pas repartir sans un billet.  En plus ils veulent pas que tu dises après à tout le monde que untel est une pince, bien au contraire, ils tiennent à leur réputation. C'est ce que fait en ce moment Peewee Longway et tout le monde le kiffe pour ça, il lâche un billet à chaque beat, même pour des mixtapes.  Ici, c'est exactement l'inverse. Des beatmakers bossent gratos parce qu'on leur a fait passer cette pilule « en ce moment les caisses sont vides mais vous allez gagner de l'exposition et ce sera tout bénef pour vous ». Sauf qu'après, tout le monde sait que tu bosses à l’œil, et on va systématiquement t'appeler sans vouloir te payer, ou te payer au rabais, ça te tirera vers le bas."

Tout cela vient égalementd'une dévalorisation de la valeur d'une instru.  Tout ce qui est rare est cher, donc à l'inverse, quand on mise bien plus sur la quantité comme actuellement, les prix sont en chute libre. « On faisait pas des beats au kilo , se rappelle Madizm. Donc quand on était particulièrement contents d'une instru, qui en plus plaisait à un rappeur par-dessus le marché, il fallait que le beat ait de la valeur. Il fallait distinguer un morceau d'album d'un single, un single d'un morceau de mixtape, etc. Un beatmaker te dira toujours qu'il a un morceau fétiche. Cette valeur on la trouvait en vendant nos beats. »  Du coup, actuellement, même un beatmaker reconnu mettre un certain temps à vivre de sa musique pleinement.  A l'image de Frencizzle, qui travaille toujours à côté. « La France c'est pas les US, je me dis que tant que j'ai pas eu LE gros hit, ça vaut pas le coup de tout lâcher. Les deals d'édition qu'on a pu me proposer pour l'instant, c'est claqué : 20 000 pour 2 ans, ça fait un smic mensuel, autant aller travailler... ET puis un indé complètement bidon, même s'il me propose 2000, 3000 pour un beat, je dirai non. Un bon, je sais qu'il n'a pas trop d'argent, donc je vais demander peut-être minimum 350. Un son comme Felix Eboué , c'était un son hors-album avec juste une promo internet, donc c'était 1500.  Pour les sons qui sortent en major, tu as des contrats de réalisations artistiques qui sont plus avantageux. »  En revanche, la reconnaissance artistique qu'apporte une collaboration avec une tête d'affiche peut avoir d'autres avantages, reconnaît-il : « ça m'a permis de gonfler les prix et ça te donne une liberté que tu n'as pas avant. Booba, pour la France, c'est considéré comme le top du top, donc maintenant je me permets beaucoup plus de choses. Côté US, vu que Chief Keef a invité Gucci Mane  sur Jet Li, je peux dire que Gucci a posé sur un de mes sons,  et ça pour les beatmakers c'est peut-être encore plus fort que Booba, parce que Gucci est considéré comme le mètre-étalon de la trap. Tous les rappeurs avec qui je bosse, je veux leur placer des prods différentes, et maintenant que j'ai ça dans mon CV, je suis pris au sérieux et je peux le faire. »

Entre discrétion et manque de considération

On le disait plus haut, il n'y a objectivement pas de beatmakers star en France , en tout cas rien de comparable avec ceux que l'on trouve au pays de l'Oncle Sam. Que ce soit au niveau de la perception du public ou même de l'industrie elle-même, on a l'impression que la profession souffre du syndrome du bassiste :  essentiel au fonctionnement du groupe mais jamais mis en avant, puisque toujours éclipsé par les envolées du chanteur/batteur/guitariste etc.

« En France les beatmakers « stars » existent, mais tu les vois pas , estime Madizm. Ils sont en studio, ils font la pluie et le beau temps, ils font des connexions entre les gens mais ils n'arriveront pas à se starifier ici. Y'a des compils de beatmakers, mais ça fait 0 vente. Notre perception du star-system et du showbiz est différente. Si t'en fais partie, t'es forcément un vendu. Donc c'est pas un Graal. On en revient toujours à la place du mec au studio : c'est le gars que le rappeur appelle pour lui « dépanner » une instru. Traité comme le sous-fifre de service alors que la vérité, c'est qu'il sauve la vie du rappeur.  Sans le bon beat tu fais rien. Quand les singles voire les albums foirent, c'est pas à cause des lyrics, sinon plein d'autres trucs ne vendraient pas : c'est parce que les beats sont pourris. Faut appeler des mecs qualifiés et les rétribuer comme tels. Sinon tu vas dans le mur.  »

La preuve, à chaque fois qu'un beatmaker commence à se mettre en avant, il est presque forcé d'ajouter une corde à son arc comme pour se rendre légitime aux yeux de tous, alors que son travail en studio devrait amplement suffire :les producteurs qui s'essaient eux-même au rap ou qui cumulent avec une fonction de DJ peuvent par exemple accéder plus facilement à une notoriété grand public ou simplement faire connaître son visage : « Je fais des sets de DJ, ça me permet d'avoir un contact direct avec le public et de rencontrer les gens »,  précise Frencizzle. Cette vision réduite du beatmaking peut s'expliquer simplement par un manque de culture : la France n'est pas historiquement portée sur le rap, même aux yeux d'un auditeur moyen, le boulot du beatmaker reste assez obscur, on imagine la plupart du temps un type qui pianote sur une machine et pas grand-chose de plus. Une situation assez injuste selon Madizm. « Le beatmaker fait 50% de ce que t'écoutes. Et même plus avec le rap d'aujourd'hui, parce que c'est tellement pauvre en lyrics/flow que si t'as pas un beat de malade, le morceau n'existe pas,  que ce soit trap ou cloud rap. C'est le beat qui fait le morceau, pas les mecs. Eux ils s'amusent en studio avec l'autotune, ils gueulent comme des morts et c'est tout. Le beatmaker fait beaucoup pour la qualité du morceau final d'un morceau de rap français. D'ailleurs faut être honnête, à l'inverse, à une époque, le beatmaker pouvait rendre des morceaux inécoutables en France  (rires). »

Pour autant,la situation française semble surtout être une déformation de ce que l'on trouve en Amérique dans la mesure où le rappeur a toujours été au centre. Frencizzle est assez mesuré sur la question. « Je le vis plutôt bien, je me montre pas trop. Avant, il fallait regarder le livret pour savoir qui avait fait quoi. Aujourd'hui, c'est l'ère digitale, donc ça fonctionne avec les beat-tags, ''prod : untel'', etc. Je pense que le statut tend à évoluer aussi avec ça. En vrai, en tant que beatmaker, on cherche la reconnaissance du public ou du milieu ? On n'est pas sur scène, on fait la prod, et après c'est le rappeur qui défend son morceau. Le but c'est pas d'aller sur un plateau télé avec le rappeur.  »

« On est un peu des nerds, on reste au studio, on se prend la tête... Sinon on serait rappeurs, sur le devant de la scène, c'est vrai » , reconnaît Madizm.

L'évolution des moyens

Comme chacun sait,la façon de produire des instrus a totalement changé :  entre les années 80-90 et les méthodes pratiquées de nos jours, il y a un gouffre. Retour vers le futur :_« J'ai démarré en 97, explique Madizm, on avait déjà eu 10 ans de rap américain pour comprendre ce qu'il fallait comme matos pour faire du son décent. Ça m'a pris du temps pour réunir l'argent, puis j'ai eu une SP1200, etc.__C'était assez galère, il fallait trouver le matériel à l'étranger la plupart du temps,_ y'avait pas de magasin spécialisé, les platines et les tables de mixage c'était la croix et la bannière, pareil pour les vinyles mais j'ai pas à me plaindre, j'ai démarré avec des rolls royce là où d'autres avaient débuté avec des 2CV. »

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Côté Frencizzle, on a droit à un exemple parfait de la nouvelle école de beatmaking, entre système D et rapidité.« J'ai commencé sur PC, logiciel cracké, tout ça. Puis PC portable pour que ce soit plus pratique, avec clavier usb, AKAI MPD quelque chose... ça ressemble à une mini MPC avec des touches de piano. J'ai jamais bossé sur une machine à l'ancienne.  »

Beaucoup de nostalgiques regrettent l'ancienne époque, l'associant systématiquement à une baisse de qualité. Pour autant, il faut vivre avec son temps et d'aucuns, comme Madizm, reconnaissentles avantages innombrables de la modernisation des machines: « J'ai fait un deuil de l'époque des vinyles, je suis content, c'est beaucoup plus pratique. C'est mieux pour le dos... Mais c'est moins bien pour les oreilles. C'est pas parce que Google existe que les gens sont plus cultivés. Pareil, c'est pas parce que c'est plus accessible que la musique est meilleure. En fait, ça change juste la quantité, donc il faut faire un gros travail pour défricher et trouver les perles. Le problème c'est les gens qui sont dedans sans être des passionnés,  qui font ça pour dépanner leur pote rappeur au départ. C'est vrai que la technologie facilite l'éclosion des talents. Mais c'est vrai aussi qu'un vrai passionné qui serait privé d'électricité, arrivera toujours à se démerder pour faire de la musique. Parce que c'est sa vie."

Question de génération, Frencizzle est beaucoup plus nuancé quant à l'influence des nouvelles technologies. « Certes, le son est différent, du digital à l'analogique, c'est pas du tout la même qualité. Mais ça ouvre d'autres horizons. Tous les logiciels, VST, les possibilités, font que le rap peut partir dans tous les sens. Avant, les types de sons étaient identifiables, très cloisonnés et fermés. Aujourd'hui, tu fais tout. Je pense qu'on a perdu en qualité ce qu'on a gagné en créativité. Avant le matos était super cher, aujourd'hui tu as ton logiciel cracké, c'est simple, tu t'en tires pour maximum 200-300 balles, et avec un bon mix à l'arrivée tu as un bon morceau. »

Condamné à copier les USA ?

La critique qui revient le plus souvent concernant le beatmaking en France, c'est le côté copié-collé de ce qui se fait outre-Atlantique :  auditeurs, rappeurs et beatmakers eux-même se plaignent souvent d'un certain manque de créativité. Complexe d'infériorité face au grand frère américain ? Manque d'identité ? A moins que cela réponde simplement à une demande du public, de l'industrie ou des artistes eux-mêmes ? Difficile de dire à qui revient la faute. Enfin, sauf pour Madizm. « Ça c'est la faute du beatmaker. T'es tiraillé entre la volonté de te faire plaisir et celle de faire plaisir aux autres. C'est comme la différence entre baiser et se masturber. Tout va dépendre du niveau de branlette. Des gens veulent absolument sonner comme leurs idoles, d'autres veulent s'en éloigner et sonner original, et t'es confronté à un choix cornélien : le rappeur veut un type de morceau, et tu t'y plies. Souvent on fait de la musique pour les rappeurs avant de faire de la musique pour le public.  Au lieu de produire, on se met à reproduire. Il y a finalement peu de producteurs en France actuellement, mais beaucoup de reproducteurs. Ça vient aussi de la configuration : à une époque on pouvait presque « forcer » le rappeur à poser sur certaines prods.  Quand j'étais à IV My People, vu que j'étais le beatmaker attitré, je pouvais me faire plaisir, placer telle boucle que je trouvais ouf sur un son de Salif ou Zoxea. Aujourd'hui c'est dématérialisé au point où des gens qui ont fait des disques d'or ensemble se sont jamais vus en studio.  On croise juste les doigts pour un passage radio et un joli relevé SACEM. On a 2 cibles : le rappeur et le directeur artistique , ou le directeur de programmation radio. On est dans un système Bob l'éponge, que ce soit les rappeurs ou les beatmakers : ils voient un truc qui marche aux US, et veulent faire exactement la même chose. Ça écoute Metro Boomin et ça reprend les mêmes drums, mêmes arpèges, etc. Même si ça leur correspond pas, et pas que dans la musique d'ailleurs, ils veulent reproduire tous les codes, baiser des putes à gros cul alors qu'ils ont des micro-pénis, etc. Nous à l'époque on n'était pas spécialement moins plagieurs mais on ne pouvait pas copier comme ça. Parce qu'on ne savait pas encore exactement comment tel ou tel beat était construit. Peut-être que si on avait pu, on n'aurait été encore pire que la génération actuelle (rires). »

Ne noircissons pas le tableau, le mimétisme est sans doute un réflexe dans un premier temps, sachant l'avance qu'auront toujours d'autres producteurs sur ceux qui débutent. « On est tous influencés par un autre beatmaker. C'est à nous de faire la part des choses.» Raconte Frencizzle « Si tu bosses que pour un artiste trap, c'est sûr que tu vas être bridé. Mais si tu bosses avec un artiste plus complet, il n'aura pas de limite et tu tenteras beaucoup plus de choses. C'est à nous de proposer autre chose aux rappeurs.  Sinon ça devient mauvais. » Même son de cloche chez Madizm. « Bien sûr, le manque de culture amène un manque de curiosité. C'est aussi pour ça que ça fait 2 ans qu'on a la même caisse claire dans tous les projets en France, et tout le monde s'en fout. Si tu l'expliques aux auditeurs, ils vont pas calculer. Mais c'est comme si un rappeur faisait tout le temps la même rime, morceau après morceau. »

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Et maintenant ?

Malgré toutes les difficultés évoquées,la France a toujours des talents connus et reconnus en terme de production.  Toute nostalgie mise à part, le rap se porte plutôt bien, et, même s'il faut parfois chercher longtemps,on trouve toujours une certaine diversité . Pour Frencizzle, la clé reste le soin apporté à la production :« il faut investir quand même un minimum. Tu peux pas arriver avec tes drums basiques et faire un truc lourd. Enfin, si tu as du talent, tu peux, mais ça ne sonnera pas aussi bien que ça devrait. »

Quant à Madizm, il prend son mal en patience et reste à l'écoute.« Y'a des meilleures époques que d'autres, tous les musiciens l'ont toujours dit. Quand j'ai débarqué, j'ai bien vu que les années 70 c'était incroyable, vu tous les samples qu'on en tirait. Bon ben là, on est en 2016, je pense qu'on vivait une meilleure époque du rap il y a juste 10 ans. Je suis quand même toujours confiant, on reste un pays avec des gens qui produisent de la musique décente.  Il faut les chercher mais ils existent. » Happy End.

Bonus :

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Photo : L. Shaefer / Getty Images